La Banque d'Angleterre à la recherche du gouverneur idéal

À la veille du Brexit, le gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mark Carney, déjà prolongé, doit quitter ses fonctions début 2020. Il a promis une transition ordonnée. Plusieurs prétendants seraient dans la course.
L'actuel patron de l'autorité des marchés britannique, la Financial Conduct Authority (FCA), Andrew Bailey, ex-gouverneur adjoint de la Bank of England, est perçu comme le favori pour remplacer Mark Carney.
L'actuel patron de l'autorité des marchés britannique, la Financial Conduct Authority (FCA), Andrew Bailey, ex-gouverneur adjoint de la Bank of England, est perçu comme le favori pour remplacer Mark Carney. (Crédits : Reuters)

Mark Carney, l'actuel gouverneur de la Banque d'Angleterre, doit laisser sa place début 2020, après plus de six ans à la tête de l'institution et quelques mois après la date prévue du Brexit. Mardi, lors d'une audition parlementaire, M. Carney a promis "une transition ordonnée", écartant les inquiétudes relatives au calendrier de la nomination de son successeur par le gouvernement, en plein processus du Brexit.

Tour d'horizon des favoris qui émergent de la course pour ce poste parmi les plus stratégiques du Royaume-Uni.

Andrew Bailey, en tête de la course

Andrew Bailey, ex-gouverneur adjoint de la BoE et actuel patron de la Financial Conduct Authority, l'autorité des marchés britanniques, part avec une petite longueur d'avance dans les spéculations grâce à son expérience au sein de la banque et en raison de son poste actuel, l'un des plus stratégiques dans la finance britannique.

"Si j'étais joueur, je mettrais mon argent sur Andrew Bailey", a commenté auprès de l'AFP Howard Archer, économiste chez EY Item Club.

Les hommes du sérail

Autres candidats sur la ligne de départ: le gouverneur adjoint chargé de la politique monétaire, Ben Broadbent, et celui en charge de la stabilité financière, Jon Cunliffe.

Du fait de "sa fonction au sein de la BoE", M. Broadbent possède un "avantage dans la gestion des attentes du marché", a souligné auprès de l'AFP Thu Lan Nguyen, analyste pour Commerzbank.

Ben Broadbent avait néanmoins marqué les esprits en mai 2018 en qualifiant l'économie britannique de "ménopausée", avant de s'excuser face au tollé.

Quant à Jon Cunliffe, avec ses 66 ans, il est le doyen des favoris, les autres candidats ayant entre 54 et 60 ans.

"Il manque d'expérience dans la direction d'une grande organisation", tempère Ricardo Evangelista, analyste chez ActivTrades.

Leur fonction au sein de la banque centrale britannique, un avantage certain, peut aussi jouer contre eux car "le gouvernement pourrait considérer que choisir quelqu'un d'extérieur à l'actuel Comité de politique monétaire tournerait la page de l'ère Carney", peu apprécié des pro-Brexit du gouvernement, a souligné M. Archer.

Deux femmes bien placées

Alors que l'institution est régulièrement critiquée pour son manque de diversité  - une réputation qui ne s'est pas arrangée après les propos de M. Broadbent - il y a "un désir" que la Banque d'Angleterre ait plus de femmes à des postes importants, a jugé M. Archer, d'autant que celui de gouverneur a toujours été occupé par un homme.

Deux femmes en particulier semblent se détacher: Minouche Shafik et Shriti Vadera.

Née en Egypte, la première est directrice de la prestigieuse London School of Economics depuis 2017. Entre 2014 et 2017, cette économiste fut l'adjointe de M. Carney, après avoir travaillé à la Banque mondiale, où elle a été la plus jeune vice-présidente de l'institution, puis au Fonds monétaire international.

Malgré ce parcours remarquable, il n'est pas évident que Mme Shafik dispose des "compétences de communication requises", a jugé Ricardo Evangelista, pour qui le poste de gouverneur est de plus en plus exposé politiquement.

"Le prochain gouverneur de la BoE sera idéalement quelqu'un qui peut fixer les paramètres de la politique monétaire mais aussi un expert en communication qui crée du consensus, comme dans le cas de Christine Lagarde à la Banque centrale européenne", explique-t-il.

Shriti Vadera pourrait correspondre selon lui à ce profil.

Née en Ouganda, elle est depuis 2015 présidente de la banque Santander UK, après un passage au gouvernement entre 2007 et 2009, où elle a notamment été secrétaire d'État aux Petites entreprises et à la Compétitivité sous le gouvernement travailliste de Gordon Brown.

Les outsiders pro-brexit

Le nom d'Helena Morrissey circule dans la presse britannique depuis quelques semaines et les spéculations se sont renforcées lorsqu'elle a annoncé, début octobre, son départ du gérant d'actifs Legal & General. Cette mère de neuf enfants très pro-Brexit a également fondé le "30% Club" qui milite pour une meilleure représentation des femmes dans les conseils d'administration.

Gerard Lyons, pro-Brexit et ancien conseiller économique de Boris Johnson lorsque ce dernier était maire de Londres, a également été cité mais "son manque d'expérience dans la direction d'institution financière" est un handicap a souligné le Financial Times.

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