La rentabilité des banques d'investissement sous pression, s'inquiète Moody's

L'agence de notation a dégradé la note des grandes banques d'investissement mondiales dans leur ensemble, dont les revenus et les marges vont souffrir du ralentissement de la croissance et des taux bas. Plusieurs banques européennes ont déjà annoncé d'importantes suppressions d'emplois dans ce contexte plus adverse.
Delphine Cuny
Le poids des activités de marché dans les revenus des plus grandes banque d'investissement mondiales : en orange BNP Paribas à 11%, en bleu-vert Société Générale à 20%.
Le poids des activités de marché dans les revenus des plus grandes banque d'investissement mondiales : en orange BNP Paribas à 11%, en bleu-vert Société Générale à 20%. (Crédits : Moody's)

Les nuages s'amoncellent dans le ciel des grandes banques. L'agence de notation Moody's a décidé de dégrader la note de l'ensemble des banques d'investissement mondiales (de positive à stable), ce mardi 27 août, face à une conjoncture mondiale qui s'annonce plus compliquée, sur fond d'escalade des tensions commerciales et de baisse des taux.

« La rentabilité des banques d'investissement mondiales devrait subir une pression accrue au cours des 12 à 18 prochains mois, avec un ralentissement de la croissance économique mondiale entraînant une baisse des niveaux d'activité des clients, des taux d'intérêt plus bas (ou négatifs) et un aplatissement ou une inversion de la courbe de taux ajoutant à la pression sur les revenus », explique l'agence dans une note d'une vingtaine de pages.

Les banques concernées sont les grands noms de Wall Street, Goldman Sachs, Morgan Stanley, JP Morgan, Bank of America et Citigroup, mais aussi les françaises BNP Paribas et Société Générale, les britanniques HSBC et Barclays, l'allemande Deutsche Bank, les suisses UBS et Credit Suisse, la japonaise Normura  et la canadienne RBC. L'agence souligne le poids des activités de marchés chez certains de ces acteurs : 81% des revenus chez Goldman Sachs, 51% chez Normura, contre 20% chez Soc Gen et 11% chez BNP Paribas.

Près de 30.000 suppressions d'emploi depuis janvier

Plusieurs grandes banques ont annoncé des réorganisations et suppressions de postes ces derniers mois, anticipant des changements structurels : les revenus des activités de marché sont en effet en baisse continue depuis 2009.

Lire aussi : La fin de l'âge d'or des activités de marchés a sonné

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Moody's BFI revenus marché

[Revenus combinés des activités de marché de capitaux depuis 2009 en milliards de dollars. Crédit : Moody's]

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Deutsche Bank a annoncé 18.000 suppressions d'emplois, notamment dans cette activité, Soc Gen 1.600, Barclays 3.000, HSBC 4.000, tandis que BNP voudrait supprimer environ 500 postes dans sa filiale de conservation de titres BP2S d'ici à 2021, selon le Monde. En tout, ce sont près de 30.000 suppressions d'emplois qui ont été annoncées dans la banque d'investissement depuis janvier selon un décompte du Financial Times.

Les réductions de coût engagées par les banques européennes vont aider, seulement si ces dernières parviennent à limiter l'impact sur les revenus selon Moody's. Car sans croissance, difficile de récolter les fruits des économies de coûts opérationnels. Pour les banques américaines, l'effet dopant des mesures fiscales et des taux d'intérêt plus élevés va prendre fin.

« La perspective stable [de la note] reflète notre anticipation que la rentabilité des banques d'investissement mondiales pourrait avoir atteint un sommet pour ce cycle économique » développe Ana Arsov, directrice chez Moody's, dans l'étude. « Des vents contraires plus forts sur les revenus rendront les gains de rentabilité plus difficiles à atteindre, malgré l'attention accrue portée sur la transformation du business et les investissements technologiques pour gagner en efficacité. »

Moody's encourage cependant les grandes banques à investir massivement dans le numérique pour « lutter contre la disruption des nouveaux entrants digitaux dans les différentes lignes de métier », en particulier dans la gestion de trésorerie et les paiements, les plus menacées selon l'agence.

La note est stable et non pas négative, car « les bilans solides et les profils de risque plus prudents [des grandes banques d'investissement] les protègent contre des risques potentiels », tandis que la politique monétaire accommodante favorisera leurs conditions financières.

Delphine Cuny

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Commentaires 6
à écrit le 28/08/2019 à 20:31
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Avec les taux négatifs, tant que les bourses seront soutenues par les Banques Centrale, grâce à l'émission de fausse monnaie, ces banques d'investissements feront miroir aux alouiettes. Et si elles veulent subsister, à un crack boursier fort probable...

à écrit le 28/08/2019 à 10:40
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IL faudrait surtout que les banques centrales ne fassent plus de politique mais leur boulot !!!!!! les taux négatif n'ont aucun sens comme la planche à billets. NOUS en somme à un blocage de l'economie la finance en est arrivée à acheter de l'or .I...

le 28/08/2019 à 18:45
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Exact, et je rajoute qu'il est facile de voir que les banques européennes sont devenues des nains si on compare avec les américaines, qu'une banque qui ne fait pas assez de profit est un risque, et qu'il est désastreux de voir que l'on songe à nommer...

à écrit le 27/08/2019 à 21:13
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L'investissement dans le virtuel, vous appelez de cela être sous pression? On va leur allumer un cierge, je ne vois pas d'autre issus!

à écrit le 27/08/2019 à 17:56
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Une raison suffisante de désolidariser les Banques d'investissement et les Banques de détail.

à écrit le 27/08/2019 à 17:16
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le Wall Street Journal écrivait effectivement le 16 juillet dernier que c'est la banque de détail/le crédit aux ménages qui a tiré les résultats des banques américaines. le Financial Times montrait le 06 août que le taux moyen de crédit à la consom...

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