Le partage de la valeur, symbole d'une entreprise responsable

Soucieux des questions de pouvoir d'achat, le gouvernement veut que les profits des entreprises soient mieux répartis. Plusieurs étapes pour y parvenir : un Accord National Interprofessionnel (ANI) signé en février 2023, une prochaine loi, ensuite, visant à faciliter l'intéressement, la participation et les primes au sein des petites entreprises, puis une large adoption de ces dispositifs... Lors de la conférence « RSE, ESG : l'entreprise responsable à l'heure des comptes », le 9 mai, Thibault Lanxade, PDG de Groupe Luminess et auteur d'un livre en faveur du dividende salarié, et Diane Milleron-Deperrois, DG d'Axa Santé et Collectives, ont analysé pour La Tribune la portée de ces textes.
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#Partageonsleconomie - Organiser un nouveau partage de la valeur dans l'entreprise

Augmenter les salaires face à l'envolée des prix afin de préserver le pouvoir d'achat reste évidemment la priorité des salariés et des syndicats. Mais il est un symbole dont le gouvernement ne veut pas se priver : celui du partage de la valeur créée au sein des entreprises. Elle doit être mieux répartie entre direction, actionnaires et salariés. Pour ce faire, le gouvernement avait envoyé une lettre de cadrage aux partenaires sociaux, dont les négociations ont abouti à la signature (sauf de la part de la CGT) d'un Accord National Interprofessionnel, en février dernier. Cet ANI prévoit ainsi des discussions paritaires dans les organisations sur ce sujet. Mais si, comme l'a promis la Première ministre, Élisabeth Borne, le projet de loi sur le plein emploi, dont le gouvernement a présenté les grandes lignes à la veille du 1er mai, inclura bien les termes de l'ANI sur le partage de la valeur, encore faut-il, pour que son impact soit réel, qu'il entre dans les moeurs... Or quelques écueils subsistent, selon Thibault Lanxade, PDG de Groupe Luminess et auteur d'un livre sur le dividende salarié, et Diane Milleron-Deperrois, DG d'Axa Santé et Collectives, invités par La Tribune à s'exprimer sur ce sujet dans le cadre de la conférence « RSE, ESG : l'entreprise responsable à l'heure des comptes », le 9 mai dernier.

Résultats exceptionnels

D'abord, ces deux experts estiment qu'il faut, au-delà d'une pédagogie nécessaire à mettre en œuvre auprès des salariés, peu familiers, pour certains, de ces mécanismes et des rouages de l'économie en général, sans doute clarifier certains points... Ainsi, si l'ANI précise bien les mesures à adopter pour encourager les dispositifs de partage de la valeur dans les entreprises, quelle que soit leur taille (mécanisme de partage de la valeur obligatoire pour les entreprises de 11 à 50 salariés dès le 1er janvier 2025, par exemple, si elles réalisent un bénéfice d'au moins 1% de leur chiffre d'affaires trois années de suite), il évoque également les résultats exceptionnels. Toute entreprise de plus de 50 salariés devrait négocier un accord stipulant que chaque année où elle constatera un résultat exceptionnel, elle devra distribuer automatiquement un supplément de participation ou d'intéressement ou engager des discussions sur le versement d'un dispositif de partage de la valeur additionnel. Mais « la notion de résultat exceptionnel serait définie par l'employeur, remarque Thibault Lanxade. De quoi donner lieu à bien des interprétations... De même, qui définit ce que doit être le montant versé en conséquence aux salariés ? », s'interroge-t-il. Bref, même si l'idée est de respecter l'esprit de l'ANI en matière d'éthique et de responsabilité des entreprises, il se méfie de la mauvaise foi ou du versement d'un montant tout à fait symbolique aux salariés.

Par ailleurs, l'ambition, en ces temps de défis climatique et social, est aussi de flécher les montants versés aux salariés sous différentes formes vers l'économie verte ou d'autres champs couverts par la responsabilité sociale et environnementale, comme le grand âge et la dépendance, par exemple. Mais là encore, la pédagogie s'impose pour les détenteurs d'épargne. En outre, certains mécanismes, dont le déblocage de l'épargne constituée, devraient davantage prendre en compte les bas salaires, via un système de modulation en fonction du revenu et d'une nécessité telle que celle de remplacer un véhicule, par exemple, pour un salarié au Smic ou proche du salaire minimum. Pour l'heure, en tout cas, « les possibilités actuelles de déblocage ne sont guère utilisées, signe d'un manque de connaissance de la part des salariés », remarque Diane Milleron-Deperrois. Elle invite donc les employeurs à faire le nécessaire. D'autant qu'ils y gagneraient dans un autre domaine : les ressources humaines. « La dynamique collective et la marque employeur exprimée par le partage de la valeur n'est pas l'apanage des seuls grands groupes, et ces avantages permettent à toutes les organisations de se différencier », conclut-elle.

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