Le patron de Credit Suisse fera partie de la direction d'UBS

Le patron de Credit Suisse, Ulrich Körner, va rejoindre le comité de direction d'UBS, a annoncé la première banque helvétique ce mardi 9 mai. Pour rappel, UBS a accepté de racheter sa rivale le 19 mars dernier, pour 3 milliards de francs, sous la pression des autorités suisses et moyennant de solides garanties de la Confédération. La clôture légale de la fusion entre les deux géants bancaires devrait désormais être imminente.
UBS s'attend désormais à ce que « la clôture légale » de la fusion intervienne « dans les prochaines semaines », indique-t-elle dans le communiqué publié ce mardi.
UBS s'attend désormais à ce que « la clôture légale » de la fusion intervienne « dans les prochaines semaines », indique-t-elle dans le communiqué publié ce mardi. (Crédits : DENIS BALIBOUSE)

[Article publié le mardi 09 mai 2023 à 08h27 et mis à jour à 12h54] Les contours du géant bancaire né de la fusion entre UBS et Credit Suisse se dessinent. Après le rachat de sa rivale officialisée le 19 mars dernier, UBS dévoile enfin ses équipes. Le patron de Credit Suisse, Ulrich Körner, va rejoindre le comité de direction d'UBS, a ainsi annoncé la première banque helvétique dans un communiqué, publié ce mardi 9 mai.

Après avoir grimpé dans les premiers échanges, l'action UBS cédait 0,31% à 17,42 francs suisses à 10h33 GMT, pesant sur le SMI, l'indice de référence de la Bourse suisse, en baisse de 0,81%.

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Son intégration doit intervenir à la clôture de la transaction. « Avec sa connaissance des deux organisations, il aura la responsabilité d'assurer la continuité des opérations et l'attention aux clients tout en soutenant le processus d'intégration », souligne UBS dans le communiqué.

Âgé de 60 ans, Ulrich Körner a fait une grande partie de sa carrière chez UBS, avant de rejoindre Credit Suisse l'an passé pour tenter de la redresser. Docteur en économie, ce ressortissant germano-suisse a ainsi travaillé chez Credit Suisse de 1998 à 2009, avant de rejoindre UBS. Il y a notamment dirigé les activités de gestion d'actifs et était déjà membre de la direction. Connu pour son expertise dans les restructurations, il était ensuite reparti chez Credit Suisse en 2021, d'abord pour redresser les activités de gestion d'actifs, secouées par la faillite de la société financière britannique Greensill, avant de se voir confier la direction de l'ensemble du groupe en 2022.

Les difficultés de Credit Suisse ont commencé dans le sillage de la faillite de la banque américaine SVB. Elles sont ensuite allées crescendo jusqu'à ce que le ministère des Finances, la banque centrale et l'autorité de surveillance des marchés négocient avec UBS, sa grande concurrente, pour organiser son rachat. Le 19 mars, celle-ci a accepté de la reprendre pour 3 milliards de francs, moyennant de solides garanties de la Confédération. La BNS et la Confédération ont mis 109 milliards de francs de garanties à la disposition des deux banques. S'y ajoute un volant de liquidités de 100 milliards de francs que la BNS peut mettre à disposition. Sans ce sauvetage, Credit Suisse se serait vraisemblablement trouvé en cessation de paiement le 20 ou le 21 mars, a expliqué récemment le président de la Confédération, Alain Berset.

La fusion d'UBS et Credit Suisse, un chantier titanesque

UBS s'attend désormais à ce que « la clôture légale » de la fusion intervienne « dans les prochaines semaines », indique-t-elle dans le communiqué publié ce mardi. Elle précise que les deux banques vont continuer à fonctionner indépendamment dans un premier temps, le rapprochement se faisant au fur et à mesure.

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Les activités des deux banques vont être regroupées en cinq divisions, réparties entre quatre zones géographiques, auxquelles s'ajouteront l'entité Credit Suisse AG, l'entité légale qui regroupe les activités de Credit Suisse, afin que les deux banques puissent dans un premier temps continuer à fonctionner séparément.

UBS va placer des cadres issus de ses rangs aux postes clés. Iqbal Khan, qui a lui aussi fait une partie de sa carrière chez Credit Suisse, va rester à la tête de la gestion internationale de fortune. Robert Karofsky, qui dirige la banque d'affaires d'UBS, va conserver son poste tout comme Sabine Keller-Busse qui dirige les activités suisses d'UBS.

UBS annonce par ailleurs le départ de sa directrice financière, Sarah Youngwood. Elle quittera son poste au moment de la fusion et sera remplacée par Todd Tuckner, l'actuel responsable de la gestion des performances et risques pour la gestion internationale de fortune. Cadre chez UBS depuis 2004, il prendra ses fonctions à la direction financière à la clôture de l'opération mais rejoint d'ores et déjà le comité de direction « avec effet immédiat », précise le communiqué. Michelle Bereaux, en poste depuis 23 ans chez UBS, se voit quant à elle confier le poste de responsable de l'intégration.

Cette nouvelle équipe de direction est « sans grande surprise », a réagi Andreas Venditti, analyste chez Vontobel, dans un commentaire de marché. Elle « reflète clairement le fait qu'UBS reprend Credit Suisse », ajoute-t-il, notant qu'il n'y aura pas d'anciens dirigeants de Credit Suisse « à part Ulrich Körner dans le nouveau comité de direction ».

Le chantier de la fusion promet d'être titanesque, de l'aveu même d'UBS. « Nous sommes conscients de la grande complexité qu'implique l'intégration et la restructuration de Credit Suisse », avait reconnu la première banque helvétique, le 25 avril dernier. La banque espérait alors toutefois boucler l'acquisition de sa rivale « le plus probablement » au deuxième trimestre de cette année, réaffirmant que le mariage forcé « est une opportunité unique de créer de la valeur ».

Résultats décevants

Fin avril, UBS affichait des résultats trimestriels quelque peu décevants : au premier trimestre 2023, le numéro un de la banque en Suisse a engrangé un bénéfice net de 1 milliard de dollars, bien en deçà des attentes autour de 1,7 milliard de dollars. Son résultat net a été amputé par des provisions pour litiges - augmentées de 665 millions de dollars - pour régler un vieux contentieux lié à la crise des subprimes aux Etats-Unis.

 « Au premier trimestre, nous avons maintenu une dynamique positive dans l'ensemble de l'entreprise et attiré 28 milliards de dollars de nouveaux fonds nets au sein de la division de gestion de fortune mondiale, dont 7 milliards de dollars sur les dix derniers jours de mars, après l'annonce de notre acquisition de Credit Suisse », avait nuancé UBS dans son communiqué.

Les résultats trimestriels de Credit Suisse, publiés en avril eux aussi, ont, d'ailleurs, montré l'urgence et la difficulté de la tâche qui attend UBS. Les retraits de capitaux au premier trimestre se sont chiffrés à 61,2 milliards de francs suisses, s'ajoutant aux 110,5 milliards déjà extraits au quatrième trimestre.

Une nouvelle vague de retraits chez Credit Suisse ?

Le président de la banque privée suisse Julius Baer n'exclut pas une seconde vague de retraits de capitaux chez Credit Suisse de la part cette fois de gros clients détenant des placements à long terme, a-t-il prévu lundi 8 mai, dans un entretien avec le site financier Finews.

Credit Suisse a déjà essuyé d'importants retraits de fonds dans le mouvement de panique qui s'était emparé des marchés financiers mi-mars, à la suite de la faillite de la banque américaine SVB. Mais ces retraits concernaient surtout la partie la plus « mobile » de l'argent qui peut être transférée ailleurs « en quelques secondes », souligne le Suisse Romeo Lacher.

« Les comptes de dépôts ont été la principale source de sorties durant les récentes semaines », note le président de Julius Baer, une des plus grosses banques de gestion de fortune en Suisse. « Aujourd'hui les clients ne s'attroupent plus devant une agence », explique-t-il, l'argent étant désormais « souvent retiré en ligne en pressant une touche ».

La part la plus importante de l'activité se fait toutefois au travers « de portefeuilles de titres et de prêts », plus long à déplacer et « la question maintenant est de savoir si cette part du lion va aussi commencer à bouger », s'interroge-t-il. Mais « l'embarquement complet de clients très fortunés vers un nouvel emplacement peut prendre des mois », avertit Romeo Lacher, qui a lui-même fait une grande partie de sa carrière chez Credit Suisse.

Président de Julius Baer depuis 2019, il a travaillé chez Credit Suisse de 1990 à 2017. Il y a notamment occupé le poste de directeur opérationnel de la gestion internationale de fortune.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 09/05/2023 à 18:28
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Les petits actionnaires épargnants et contribuables locaux apprécieront ce cynisme … faut foute le feu à la banque .. et virer mette en prison son staff de dirigeants ah oui on est en Suisse pays de l’ auto-contrôle social hehe ..

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