Le rebond du trading dope les profits des banques

Comme Goldman Sachs et JP Morgan, Deutsche Bank et Barclays ont publié des résultats trimestriels meilleurs que prévu grâce au trading, en particulier sur le marché obligataire. Effet Brexit et impact de la politique accommodante de la BCE qui devraient se voir dans les résultats des banques françaises dans les jours qui viennent.
Delphine Cuny
Le boom des activités de marchés obligataires et monétaires a profité à quasiment toutes les grandes banques, américaines et européennes.

Même la Deutsche Bank a surpris agréablement les marchés. Presque toutes les banques ayant publié leurs résultats du troisième trimestre ces jours derniers ont fait mieux que prévu, et généralement pour la même raison : des activités de courtage en pleine forme, revigorées par le rebond des marchés obligataires, dans le contexte du Brexit et de la politique monétaire accommodante de la BCE, qui incite les entreprises à se refinancer à taux zéro ou presque. C'était le cas des banques américaines qui ont ouvert le bal il y a quinze jours, on le voit ces jours-ci en Europe : verdict à partir de ce vendredi pour les banques françaises (BNP Paribas, puis Société Générale jeudi prochain, groupe Crédit Agricole la semaine suivante).

Goldman Sachs, par exemple, a enregistré un bond de 58% de son bénéfice net, à 2,1 milliards de dollars : ses revenus tirés du trading d'obligations, de matières premières et de changes ont flambé de 34% à 1,96 milliard de dollars, générant la plus forte contribution au produit net bancaire. Bank of America a renoué avec la hausse des profits après deux trimestres de recul (+ 6,6% à 4,45 milliards de dollars) : ses activités de trading obligataire ont augmenté de 32%, grâce à la volatilité liée au vote britannique sur la sortie de l'UE et aux anticipations d'évolution des politiques monétaires.

Chute des revenus du trading actions

Chez JP Morgan Chase, la première banque américaine par les actifs, le bénéfice avant impôts a augmenté de 32,8%, à 8,9 milliards de dollars, grâce aux revenus tirés des activités de taux fixe, qui se sont envolés de 47,8% à 4,33 milliards. Idem chez Morgan Stanley, dont les activités de courtage ont progressé de 29% à 2,6 milliard, en particulier celles du trading d'obligations, de taux et matières premières qui ont triplé ! Citigroup a enregistré une baisse de 7,8% de son bénéfice net à 3,8 milliards de dollars, plombé par la chute des revenus issus du courtage d'actions (-23%), mais le trading de taux et de devises a rebondi de 30%.

 Défiant les prévisions pessimistes, Deutsche Bank a dégagé un résultat dans le vert, notamment grâce à une solide performance de ses activités de marchés, en hausse de 10%, tirées par les taux et l'obligataire. L'espagnole BBVA a aussi cité la hausse des revenus du trading dans l'amélioration de ses résultats. Outre-Manche, la Barclays a enregistré une hausse de 20% de son bénéfice avant impôts (hors exceptionnels) publié ce jeudi, grâce au dynamisme de ces activités de banque d'investissement, en hausse de 40%. La banque britannique peut se féliciter de ne pas avoir renoncé à cette activité, à la différence de ses concurrentes, qu'elle réalise pour l'essentiel aux Etats-Unis, où elle a bénéficié de la remontée du dollar face à la livre depuis le référendum du 23 juin sur le Brexit.

Impact des taux d'intérêt ultra-bas dans la banque de détail

Recentrée sur la banque de détail et les prêts aux entreprises, Lloyds Banking Group a déçu les investisseurs jeudi avec un résultat courant avant impôts stable et une marge nette d'intérêts en baisse, reflétant le contexte de taux ultra-bas en Europe. Plus exposée au marché intérieur, la banque dont l'Etat britannique détient 10% du capital, subit aussi les craintes des conséquences du Brexit, qui ne sont pas confirmées pour l'instant.

Qu'en sera-t-il des banques françaises ? Ce sera sans doute le cas de BNP Paribas et Société Générale, mais c'est cette dernière qui devrait le plus bénéficier de ce rebond généralisé des activités de trading sur les marchés obligataires et monétaires, relèvent les analystes de RBC Capital Markets. Dans la banque de détail, c'est aussi la Société Générale, banque française cotée la plus exposée au pic de renégociations des crédits immobiliers observé en août (près de la moitié des nouveaux prêts à l'habitat selon la banque de France), qui devrait se traduire par une nette hausse des commissions et autres indemnités de remboursements anticipés, selon RBC Capital. Les taux ultra-bas ce sont des gains à court terme qui se traduiront cependant par des manques à gagner dans la marge d'intérêt à long terme. Les investisseurs attendent donc des nouvelles sur les progrès des programmes d'économies initiées par ces banques dans ce contexte très fluctuant.

Delphine Cuny

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 4
à écrit le 29/10/2016 à 17:05
Signaler
Trading gagnant sur le marché obligataire ; par conséquent, ce n'est pas encore demain la veille que la FED remontera ses taux, contrairement à ce que pouvait laisser penser les (prudentes) déclarations de Janet Jellen. Le bain de sang, pour tout ce ...

à écrit le 28/10/2016 à 14:44
Signaler
Deutch bank a de bons résultats....pouvez-vous nous rappeler son endettement ?

à écrit le 28/10/2016 à 9:27
Signaler
La BCE et par extension l'UE n'étant là uniquement que pour ça, enrichir les plus riches.

à écrit le 27/10/2016 à 18:22
Signaler
Stop ou encore comme disait Plastic Bertrand les peuples n'ont pas comprit......

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.