Malgré les taux, le Crédit Agricole résiste, grâce aux activités de marché

Au cours d'un troisième trimestre marqué par des éléments exceptionnels, l'entité cotée Crédit Agricole SA a renforcé sa solvabilité et bénéficié du contexte post-Brexit. Le réseau LCL continue de souffrir des taux bas.
Delphine Cuny
Crédit Agricole S.A. a renforcé sa solvabilité : son ratio de fonds propres Common Equity Tier 1 s'est amélioré à 12%, à comparer aux 7,25% exigés par la Banque centrale européenne au 1er janvier 2017.

Comme de nombreuses grandes banques ayant publié leurs résultats ces dernières semaines, le Crédit Agricole a profité d'un regain d'activité sur les marchés cet été après le vote sur le Brexit. Mais si la banque verte a réalisé un troisième trimestre exceptionnel, ce n'est pas tant pour la performance que pour les éléments non récurrents : le Crédit Agricole a simplifié son organisation capitalistique, les caisses régionales rachetant la participation de 25% détenue par l'entité cotée CASA (Crédit Agricole S.A.). Une opération baptisée Eurêka à 18 milliards d'euros qui s'est traduite par un profit de 1,25 milliard d'euros pour la filiale cotée. Autre élément exceptionnel : une opération de restructuration de passif pour alléger le coût de refinancement de ses crédits (liability management) du LCL, à l'impact négatif de 187 millions d'euros sur le résultat avant impôts.

Philippe Brassac, le directeur général de Crédit Agricole S.A. a expliqué, lors d'une conférence téléphonique :

"Nous avons utilisé la plus-value issue de la vente des titres Visa Europe et réinvesti dans LCL. Nous avons remboursé des swaps de couverture de taux qui étaient chers."

Effet post-Brexit favorable sur les marchés

Si l'on exclut ces éléments "spécifiques", le bénéfice net part du groupe de Crédit Agricole S.A. s'affiche en hausse de 26,9% à 1,01 milliard d'euros. Le produit net bancaire (équivalent du chiffre d'affaires) a progressé de 11,9% à 4,4 milliards d'euros, là aussi hors exceptionnels (refinancement LCL essentiellement).

C'est le pôle dit de "Grandes Clientèles" qui a tiré les résultats, avec une "très bonne performance", en particulier dans la banque de marché et d'investissement : son produit net bancaire a bondi de 38,3% à 1,46 milliard d'euros et son bénéfice net part du groupe de 78,6% à 502 millions d'euros, grâce à "une nette reprise de l'activité commerciale et des marchés après le choc du Brexit". Il s'agit d'un trimestre atypique, l'été étant traditionnellement plat, et l'effet généralisé à l'ensemble des banques intervenants sur ces marchés. CASA se félicite de ses succès dans la banque de financement et d'investissement sur ses points forts comme la titrisation et les financements structurés :

"CACIB [Crédit Agricole Corporate and Investment Bank] atteint le deuxième rang mondial sur les émissions d'obligations en euros de souverains, agences et supra-nationaux, ainsi que sur les émissions de green bonds, et gagne une place par rapport au trimestre précédent pour atteindre le quatrième rang mondial sur les émissions obligataires en euros."

Sa part de marché mondiale comme teneur de livre d'émissions obligataires en euros a progressé de 0,8 point en un an à 6,2%.

La division Gestion de l'épargne et assurances a connu un bon trimestre, ses résultats ont augmenté de 37,1% à 447 millions d'euros, tirés notamment par la filiale de gestion d'actifs Amundi. CASA a confirmé que cette dernière allait déposer une offre ferme sur l'italien Pioneer Investments, filiale d'UniCredit valorisée entre 2,5 et 3 milliards d'euros.

Sous l'effet de l'annonce de ces résultats, le titre Crédit agricole prenait 5,69% à 10,29 euros, 09 heures 47, dans un marché en légère hausse (+0,11%).

LCL à la peine avec les taux

En revanche, dans la banque de détail, le réseau "de proximité" LCL a continué de souffrir. Le produit net bancaire, même ajusté des éléments exceptionnels négatifs, est en baisse de 2,4% par rapport à l'an dernier à 870 millions d'euros. La banque a enregistré un volume encore exceptionnel de renégociations de prêts immobiliers (4,4 milliards d'euros, sans atteindre les pics de l'an dernier). En résultat publié, le LCL apparaît en perte nette de 30 millions d'euros, du fait de l'impact de l'opération de refinancement.

"L'environnement est toujours difficile dans l'intermédiation à cause des niveaux de taux, mais nous avons enregistré une progression du PNB au troisième trimestre par rapport au deuxième et nous sommes toujours très confiants pour le futur du LCL", a fait valoir Philippe Brassac.

Dividende maintenu l'an prochain

Crédit Agricole S.A. a par ailleurs renforcé sa solvabilité, notamment grâce à l'opération de simplification de sa structure. Son ratio de fonds propres Common Equity Tier 1 s'est amélioré à 12%, à comparer aux 7,25% exigés par la Banque centrale européenne au 1er janvier 2017.

"Nous avons une marge extrêmement confortable, et ce, même par rapport au "coussin de conservation" qui n'est pas encore exigible et qui va monter à 8,5% au 1er janvier 2019", a relevé le directeur financier Jérôme Grivet.

Le versement d'un dividende de 60 centimes par action en cash, qui sera proposé à l'assemblée de mai 2017, est provisionné dans le ratio CET1 à fin septembre. CASA s'est engagé à ne pas diminuer le dividende l'an prochain, malgré la disparition de la contribution des caisses régionales après l'opération Eurêka.

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Delphine Cuny

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Commentaires 6
à écrit le 08/11/2016 à 19:11
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Le Crédit Agricole ne vit pas seulement du marché, il vit aussi des frais divers de gestion des comptes courants. Exemple véçu. J'avais un centimes d'Euro, je dis bien un centime d'Euro de découvert, on ma taxté de 8 Euros de commission pour découver...

le 09/11/2016 à 22:07
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Comme tout autre banque... L'ordinateur ne réfléchit pas, il est bête et méchant et applique la commission que vous dépassiez de 0,01€ ou de 3000€. Dans ce cas là, les conseillers du Crédit Agricole vous les remboursent sur demande si cela reste rare...

à écrit le 08/11/2016 à 13:24
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Le vocabulaire de ces articles financiers est abscon et ne cherche qu'a égarer le bon peuple de la réalité . Les banquiers sont des voyous et vos économies sont en danger dans ces officines . Voilà la vérité .

à écrit le 08/11/2016 à 8:57
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Tout les politiciens gouvernent pour les banques, et malgré cela elles sont loin d'être aussi en formes qu’elles le devraient. Mais ils font quoi les actionnaires là-dedans ?

le 08/11/2016 à 16:42
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"Mais ils font quoi les actionnaires là-dedans ? " rien, ils encaissent les dividendes

à écrit le 08/11/2016 à 8:08
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Il faudrait pas nous prendre pour des (jambons) sur des articles pareils...

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