Mooncard lève 5 millions d’euros pour mettre fin au casse-tête des notes de frais

Par Juliette Raynal  |   |  899  mots
La Fintech parisienne Mooncard emploie actuellement 20 personnes. Elle compte doubler ses effectifs. (Crédits : Mooncard)
La startup de la Fintech propose aux entreprises des cartes de paiement pour leurs salariés dont les droits peuvent être finement paramétrés et un système de remplissage automatique des notes de frais. Mooncard, qui compte Vinci, Air France, Ledger et Linxo comme adeptes, espère atteindre les 30.000 entreprises clientes d’ici à 2022.

Permettre aux salariés de ne pas avoir à avancer de l'argent lors de rendez-vous professionnels ou déplacements, tout en rassurant les dirigeants d'entreprise sur l'utilisation de la trésorerie de la société. C'est ce que propose la Fintech Mooncard, qui vient d'officialiser une levée de fonds de 5 millions d'euros auprès du fonds français Raise Ventures et d'Aglaé Ventures, bras de capital-risque du groupe Arnault, ainsi que de ses business angels historiques. Elle avait précédemment levé un peu moins d'un million d'euros auprès de ces mêmes investisseurs particuliers.

Créée en 2016 par Tristan Leteurtre (ancien de l'éditeur de logiciel VLC et fondateur de l'entreprise Anevia, aujourd'hui cotée sur Alternext) et Damien Metzger (ex-directeur technique de Prestashop), Mooncard entend « tuer les notes de frais en entreprise.» Elle a lancé à l'été 2017 une offre s'adressant aux entreprises de 5 à 5.000 salariés, comprenant une carte de paiement dont les droits peuvent être gérés finement (possibilité de désactiver la carte le week-end, d'interdire les achats en ligne, d'autoriser les dépenses au restaurant, d'ajuster les plafonds autorisés, etc.) et un système de remplissage automatique des notes de frais.

« Nous avons la technologie de pilotage de carte la plus avancée du marché. Notre carte peut être paramétrée selon 50 critères différents. A chaque transaction réalisée sur le réseau Mastercard, une requête vient interroger en temps réel nos serveurs informatiques. Selon les règles enregistrées, le paiement est autorisé ou non », détaille Tristan Leteurtre, cofondateur et directeur général de la startup.

Mille entreprises clientes dont Vinci et Air France

Dix-huit mois mois après son lancement, Mooncard revendique 1.000 entreprises clientes, allant de la startup, comme le spécialiste de la sécurisation des crypto-actifs Ledger ou l'agrégateur de comptes bancaires Linxo, aux départements de grands groupes comme Air France et Vinci, en passant par la chaîne de restauration rapide O'Taco ou encore des sociétés d'ambulanciers et La Financière de l'Echiquier.

Chez certains clients, d'autres usages se sont développés. Les cartes Mooncard peuvent ainsi être utilisées dans une logique de délégation de paiement. C'est le cas par exemple chez Yemanja, une entreprise spécialisée dans l'aménagement de bureaux des startups. Même chose pour l'activité B2B de la conciergerie Clac des doigts.

« En moyenne, nous comptons 5 à 10 cartes de paiement par entreprise. Chez nos plus gros clients, cela peut monter à 100 ou 200 cartes. L'abonnement oscille entre 13 et 15 euros par mois et par carte », précise l'entrepreneur.

En plus de ces revenus récurrents, la Fintech prélève des commissions interbancaires à chaque transaction.

Les fonds levés doivent permettre à Mooncard de soutenir ses efforts commerciaux. La Fintech vise 30.000 entreprises clientes d'ici à 2022. « En France, 2,5 millions de salariés réalisent des notes de frais régulièrement. Nous voulons gagner 5% à 10% de ce marché dans un horizon de trois à quatre ans », avance l'entrepreneur, lucide sur les coûts élevés d'acquisition de nouveaux clients et les barrières à l'entrée propre au marché professionnel. « Il faut convaincre les chefs d'entreprise et les directions financières. Nous devons prendre en compte la réalité de notre exécution commerciale », explique-t-il.

Séduire les grands comptes

Les nouveaux actionnaires de la startup parisienne n'apporteront pas uniquement leur soutien financier. Le fonds Aglaé Ventures s'est spécialisé dans les entreprises B2B éditrices de logiciels SaaS (Software-as-a-service, à la demande) et maîtrise les questions de marketing qui leur sont propres. Il a récemment investi dans l'entreprise Skello, éditrice d'un logiciel de gestion du personnel dans la restauration, ou encore dans la société Meero, spécialisée dans le production de photos et de vidéos pour les agences immobilières.

« De son côté, Raise est très connectée aux grands groupes. Or, nous visons les PME, les ETI mais aussi les grands groupes. Ce qui nous confère une certaine crédibilité à leur égard », précise Tristan Leteurtre.

Dans les mois à venir, Mooncard compte se concentrer sur le marché national et doubler la taille de ses effectifs, passant de 20 à une quarantaine de collaborateurs. Elle ne se risquera sur un nouveau marché (l'Allemagne, la Belgique ou l'Espagne) qu'en 2020. « Nous voulons d'abord développer des services autour de la carte de paiement. Nous avons ainsi noué un partenariat avec Allianz pour proposer une assurance voyage et anti-fraude. Nous voulons également développer la partie logicielle pour couvrir plus de logiciels de comptabilité et nous avons un gros travail à réaliser sur la connexion à des services tiers, comme les agendas et les messageries électroniques, pour pré-remplir automatiquement les notes de frais », détaille Tristan Leteurtre.

Mooncard affirme ne pas avoir de concurrent direct. Pourtant dans l'Hexagone, d'autres Fintech pourraient lui faire de l'ombre. C'est le cas de la néobanque pour les PME Qonto, qui a récemment levé 20 millions d'euros  et qui propose, entre autres, des cartes de paiement et une fonctionnalité de gestion de notes de frais. La start-up Spendesk veut elle aussi simplifier ce type de processus et a levé 8 millions d'euros l'année dernière. Au Royaume-Uni, la startup Pleo propose un service similaire tandis qu'aux Etats-Unis, la Fintech Brex, positionnée sur le même créneau, est déjà valorisée 1,1 milliard de dollars.