Paiement mobile : fusion des porte-monnaie français Fivory et Wa !

D'un côté Crédit Mutuel, Auchan, Total et Mastercard, de l'autre BNP et Carrefour : finalement ce sera une solution unique avec un seul nom dans quelques semaines. Une concentration bienvenue dans un univers émergent très fragmenté.
Delphine Cuny
L'appli Fivory, qui marie paiement, points fidélité et réductions, permet d'acheter en ligne et en magasin.

Un premier pas vers une solution universelle  - au moins dans l'Hexagone ? Les deux solutions de paiement mobile Fivory et Wa! vont fusionner et devenir une application unique, qui sera disponible début 2017. Initiée en 2014 par le Crédit Mutuel (les fédérations de l'Est CM11, celles de Nord Europe, de Maine-Anjou-Basse Normandie, de Vendée-Charente-Maritime-Deux Sèvres et d'Antilles Guyane), l'appli Fivory avait été adoptée par Total en 2015, puis ralliée par Auchan et sa banque Oney ainsi que Mastercard en juin dernier. En face, le porte-monnaie électronique Wa!, porté par Carrefour et sa banque historique BNP Paribas, est sorti plus tardivement et resté en mode test auprès de groupes de salariés (il n'a pour l'instant ni site web dédié ni appli dans les boutiques en ligne Apple ou Android).

Deux poids lourds de la banque et un du paiement, trois grands acteurs de la distribution (si l'on inclut les stations service du pétrolier) : les uns et les autres ont décidé "d'unir leurs expertises au profit d'une même application de paiement mobile, multi-services et sécurisée", affirment-ils dans leur communiqué conjoint.

« Le rapprochement de Fivory et Wa! ambitionne de proposer à l'écosystème une solution innovante et unique qui capitalisera sur les acquis et partenaires de chacun. »

Exploiter la relation client au bénéfice des commerçants

Unique ? On n'y est pas. BNP Paribas propose une autre solution de paiement, sur Internet et dans les magasins, Paylib, projet du Groupement des cartes bancaires, soutenu par la Société Générale, la Banque postale, le groupe Crédit Agricole et l'autre Crédit Mutuel, Arkéa. Une version enrichie du service l'an prochain "permettra les paiements de personne à personne, par exemple pour rembourser un proche ou verser l'argent de poche à ses enfants". Des services déjà proposés par le géant américain PayPal ou des startups françaises comme Lydia qui se revendique "leader français du paiement mobile" avec 500.000 utilisateurs.

Le nouvel ensemble Fivory-Wa! assure que l'appli fusionnée sera compatible avec Paylib. Mais on peut s'interroger sur la pérennité de ces deux solutions qui semblent plus faire doublons que se compléter. Si Paylib a été construite sur un parti pris fort de sécurité et de protection des données, pour lever les réserves des Français à l'égard du paiement en ligne, la démarche de Fivory, similaire à celle de Wa!, est d'exploiter au maximum la relation client, les comportements d'achat et les préférences du consommateur, en vue de lui proposer des promotions ciblées, au bénéfice des commerçants. Le directeur général d'Auchan Retail, Wilhelm Hubner, explique d'ailleurs dans le communiqué :

« L'évolution des usages et des technologies est une formidable opportunité pour simplifier et améliorer l'expérience client que nous proposons sur tous nos formats de vente (magasins, drive, e-commerce). Intégré désormais à notre application myAuchan, cette solution de paiement mobile (dématérialisation des tickets de caisse, des bons de réductions et des programmes de fidélité, facilitation des passages en caisse), offrira, grâce à ce rapprochement, une solution encore plus étendue aux consommateurs et contribue au commerce nouvelle génération que nous construisons chaque jour. »

Ambition européenne

Il y a déjà eu quelques morts dans cette course à la solution universelle de paiement. Outre feu le porte-monnaie électronique Moneo, la banque d'Auchan avait arrêté son FlashN'Pay, Visa a jeté l'éponge avec V.me, qu'avait adopté BPCE, le Crédit Agricole avait abandonné son Kwixo qui n'avait pas décollé, sans oublier le Buyster des opérateurs mobiles, disparu trois ans après son lancement...

La France reste cependant assez en retard en matière de paiement mobile, en Europe et dans le monde, face à des mastodontes tels qu'Apple Pay (lancé chez Banques populaires et les Caisses d'Epargne en France), PayPal, Square, Alibaba,etc. Les promoteurs de cette solution française ne se laissent pas démonter : interrogé par Les Echos, le directeur général adjoint de BNP Paribas, a déclaré :

"Notre objectif est de construire une solution ouverte de premier plan à l'échelle européenne, capable d'associer le maximum d'industriels, de commerçants et de consommateurs afin de concurrencer de grands acteurs internationaux, notamment asiatiques ou américains."

Les deux banques seront à terme actionnaires de référence d'une nouvelle coentreprise, qui aura à son tour de table les partenaires actuels. Un ou deux grands distributeurs ou industriels pourraient  les y rejoindre par la suite.

Delphine Cuny

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Commentaire 1
à écrit le 29/10/2016 à 15:47
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Il est vraiment dommage de constater qu'un certain nombre de banques françaises préfèrent se risquer à proposer des solutions alternatives de qualité moindre qu'Apple Pay. Il aurait été bien plus efficace, et sans doute plus bénéfique aux clients de ...

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