Un rachat de PayPal ou d’AmEx est "probable" en 2017

La concentration semble inévitable dans l’univers très encombré du paiement en ligne : le cabinet Forrester prédit le rachat d’un gros acteur tel que PayPal ou American Express l’an prochain. Il cite aussi de nouveaux entrants de la Fintech comme le suédois Klarna ou l’américain Affirm comme cibles d’acquisition.
Delphine Cuny
Le marché très encombré des solutions de paiement va être amené à se concentrer l'année prochaine. Ce sont des géants de la banque comme JP Morgan Chase qui pourraient jouer les prédateurs.

La consolidation dans le monde du paiement a sonné. C'est du moins l'analyse du cabinet américain Forrester, qui vient de publier ses prédictions pour l'année 2017 dans le secteur des services financiers. Le pronostic choc de ces experts en technologie et relation clients : on n'assistera pas seulement à de petites acquisitions de nouveaux entrants de la Fintech dans un paysage très encombré, mais à des deals XXL l'an prochain.

« En 2017, nous nous attendons à un rachat de géants du paiement comme American Express, Discover ou PayPal par une firme encore plus grande et aux ambitions encore plus fortes dans le paiement », écrivent les cinq auteurs.

A la manœuvre : des géants de la banque

Une prédiction plutôt audacieuse : PayPal, fort de ses 192 millions d'utilisateurs actifs dans le monde, pèse quelque 47 milliards de dollars en Bourse où il s'est réintroduit à l'été 2015, dans le cadre de sa scission d'eBay. American Express vaut plus de 65 milliards, même si le géant des cartes aux 117 millions d'utilisateurs connaît une année un peu difficile, dans un contexte concurrentiel de plus en plus féroce. Et Discover, le numéro trois américain des cartes de crédit (ex-filiale de Sears puis de Morgan Stanley), capitalise plus de 26 milliards.

Interrogé par La Tribune, Peter Wannemacher, analyste senior chez Forrester et responsable de l'étude, explicite :

« L'acquéreur ? Ce sera un grand nom [du secteur, ndlr], ce pourrait être Amex racheté par PayPal ou vice-versa ! Tous les principaux émetteurs cherchent des acquisitions : ils ne le disent pas tout haut mais c'est un sujet en discussion. Il y aura de grosses opérations. Ils savent tous que le premier à se jeter à l'eau va faire sensation et pourrait déclencher une grande vague de fusions et acquisitions dans les 12 à 18 mois. Et les prix vont alors monter. »

Les prédateurs les plus probables seront naturellement les acteurs aux poches les plus profondes :

« Je pense que ce sera plutôt un JP Morgan Chase ou un MasterCard qui pourrait réaliser une grande acquisition. »

Et les GAFA ?

Quid des géants de l'Internet, les Google, Apple, Facebook, Amazon (GAFA), qui n'ont pas encore vraiment percé dans le paiement ?

« C'est une possibilité. Il est certain que les GAFA vont jouer un plus grand rôle dans l'univers du paiement. Mais ils ne veulent pas devenir une banque. Ils maîtrisent l'expérience utilisateur avec le client final, c'est beaucoup mieux pour eux. »

Brendan Miller, le spécialiste du paiement chez Forrester, nous rappelle de son côté :

« Il y a déjà eu des rumeurs de rachat de PayPal par Visa et par MasterCard », notamment l'été dernier.

Des Fintech aussi parmi les cibles

Il souligne que « d'un point de vue stratégique, cette consolidation a du sens, elle a déjà commencé dans les infrastructures et le traitement des paiements », un peu partout dans le monde. Et pas seulement parce que le secteur est très fragmenté

« Nous sommes à l'ère du consommateur, c'est le client final qui a la main. Les grands acteurs de la banque, comme Chase, Bank of America ou Citigroup, ont besoin de s'approprier ses moments de paiement, riches en interaction avec les clients, pour accroître le chiffre d'affaires. Ils auraient intérêt à ce genre de grande acquisition qui leur donnerait tout de suite une échelle importante. »

 A défaut, ces acteurs en mal de « moments de paiement » (comprendre : des transactions qui créent du lien et fidélisent) pourraient se tourner vers des cibles moins matures et moins chères, des Fintech de premier plan comme l'américaine Affirm (estimé à 800 millions de dollars) et la suédoise Klarna, valorisée 2,25 milliards de dollars lors de son dernier tour de table l'été 2015.

Concernant un rachat de l'étoile montante du secteur, Stripe, dont la dernière levée de fonds s'est faite en novembre sur une valorisation de 9 milliards d'euros, Brendan Miller se montre plus sceptique :

« Il ne faut pas s'attendre à une acquisition de Stripe dans l'immédiat : sa valorisation massive va faire peur à beaucoup d'acquéreurs potentiels. »

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Delphine Cuny

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