Le prix de l'aluminium atteint des niveaux records. Sur le London Metal Exchange (LME), le prix de la tonne s'affichait à plus de 2.697 dollars vendredi, son plus haut niveau depuis avril 2018. Depuis son dernier point bas, touché fin avril 2020 à cause de l'arrêt brutal de la production industrielle, justifié par la lutte contre la pandémie du Covid-19, les cours se sont appréciés de plus de 85%.
Une demande mondiale en hausse de 10,5% au premier semestre
Avec la reprise économique, les principaux secteurs consommateurs - outre l'aéronautique, le BTP, la construction automobile et celui de l'emballage (cannettes de boisson) - ont des difficultés à trouver du métal, en particulier en Europe et en Amérique du Nord. La demande mondiale est forte, en hausse de 10,5% sur le premier semestre 2021 comparé à la même période de 2020, selon le dernier rapport du Bureau mondial des statistiques sur les métaux (WBMS), qui estime que depuis le début de l'année la demande excède l'offre en raison de la mise au ralenti des activités minières et de fonderie en 2020.
Quant aux stocks, ce n'est pas tant leur niveau que leur répartition géographique qui pose problème. Ils sont en effet concentrés en Asie car les acheteurs chinois ont voulu profiter des prix bas du métal non ferreux après mars 2020 pour constituer des stocks. En conséquence, selon plusieurs experts, le LME a déplacé une partie de ses stocks qui se trouvaient à Rotterdam, aux Pays-Bas, pour les acheminer dans ses entrepôts en Malaisie pour être au plus près des consommateurs asiatiques, qui sont sortis de la pandémie avant l'Europe et l'Amérique du Nord.
Le déséquilibre géographique des stocks
Cette pression acheteuse chinoise - depuis 2009, la république populaire est devenue importatrice nette d'aluminium - est également alimentée par la production du pays, qui représente 58% de l'offre mondiale. Les autorités de Pékin ont en effet imposé des restrictions de consommation d'énergie pour réduire la pollution et les émissions de gaz à effet de serre. "La production d'aluminium est très intensive en énergie, qui représente 40% des coûts de production, et 88% des fonderies en Chine utilisent le charbon pour produire l'électricité", souligne Stephen Hare, analyste chez Oxford Economics. "En outre, ces restrictions ont jeté le doute sur les projets de nouvelles fonderies qui étaient déjà en préparation", précise-t-il.
Une aubaine pour les producteurs d'aluminium
Pour les acheteurs nord-américains et européens, en revanche, c'est la double peine. Non seulement ils subissent le prix record de l'aluminium mais ils doivent aussi intégrer le coût du transport maritime qui s'est envolé, et composer avec la raréfaction de l'offre des containers dédiés aux métaux.
Et s'ils veulent se tourner vers la Russie, l'un des plus importants exportateurs mondiaux d'aluminium, ils voient là aussi les prix majorés en raison d'une taxe que Moscou a imposé en août sur les exportations d'aluminium.
En revanche, l'appréciation des cours est une aubaine pour les entreprises productrices, qui ont vu s'envoler le cours de leurs actions depuis le début de l'année : +90% pour Alcoa (Etats-Unis), +45% pour Rusal (Russie), +101% pour Chalco (Chine) et +56% pour Norsk Hydro (Norvège), spécialisé dans le recyclage d'aluminium.
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