Dans l’ombre de la Société générale, le Crédit du Nord fait sa révolution numérique

Dans le contexte d’appétit croissant des consommateurs pour les services bancaires digitaux, la filiale de la Société générale, qui réalise l’essentiel de son activité avec la clientèle des PME et des professionnels, fermera 10% de son réseau d’ici à 2020. Des fermetures qui seront sans conséquence pour l’emploi, promet la banque.
Christine Lejoux
Le Crédit du Nord réfléchit à deux nouveaux formats d'agence, avec des horaires d'ouverture élargis dans certains endroits.

En vacances à Biarritz, ne vous êtes-vous jamais demandé qui est la Banque Courtois, sise 1, rue de La Poste, une enseigne autrement moins répandue que BNP Paribas, Société générale ou autre LCL ? Une question que l'on pourrait tout aussi bien se poser à Chamalières (Puy-de-Dôme), face à la Banque Nuger, installée à l'entrée de la très commerçante rue Lufbery. En réalité, les banques Courtois et Nuger font partie du groupe Crédit du Nord, lui-même filiale de la Société générale. « Nous sommes une fédération de huit ETI (entreprises de taille intermédiaire) bancaires », se plaît à dire Philippe Aymerich, directeur général du Crédit du Nord. Chacune des huit enseignes en question correspondant à une région : Courtois pour le Sud-Ouest, Nuger pour l'Auvergne, Banque Tarneaud pour le Centre Ouest, la Société marseillaise de crédit pour le Sud-Est, Banque Laydernier pour le Pays de Savoie, Banque Rhône-Alpes pour la région lyonnaise, Banque Kolb pour l'Est de la France et, enfin, le Crédit du Nord pour l'Ile-de-France et le Nord du pays.

Un profil tel que le groupe Crédit du Nord se « compare davantage aux établissements bancaires mutualistes » qu'à sa maison-mère, souligne Philippe Aymerich. Autre différence de taille avec la Société générale, le Crédit du Nord réalise 60% de son produit net bancaire (l'équivalent du chiffre d'affaires, ressorti à 1,92 milliard d'euros en 2014) avec la clientèle des PME, des TPE et des professionnels, les particuliers représentant 40% à peine de son fonds de commerce.

70 à 80 agences fermées d'ici à 2020

Malgré ces spécificités, le Crédit du Nord ne pourra pas faire l'économie de la transformation digitale, à l'instar de la Société générale, qui a annoncé le 5 novembre la fermeture de 20% de son réseau d'agences d'ici à 2020, afin de s'adapter aux nouveaux comportements des consommateurs, de plus en plus « accros » aux services bancaires mobiles ou en ligne. Au sein du groupe Crédit du Nord, c'est 10% du réseau qui fermera au cours des cinq prochaines années, soit « 70 à 80 agences » sur un total de 800 dédiées aux particuliers et aux professionnels, a indiqué Philippe Aymerich le 9 novembre, lors d'une conférence de presse. Un ajustement qui concernera principalement les métropoles, où certaines agences assez proches les unes des autres pourront être regroupées. « Même au Crédit du Nord, les clients viennent moins en agence. Sur le segment des particuliers, la fréquentation des agences est en chute libre pour tout ce qui a trait au transactionnel (à la différence des rendez-vous dits qualitatifs avec le conseiller bancaire, sur une problématique donnée) », reconnaît le dirigeant.

Au-delà du nombre d'agences, c'est leur format qui doit être repensé. Le groupe Crédit du Nord planche donc sur deux grandes familles d'agences. Avec, d'un côté, des agences qui continueront à fonctionner de façon assez autonome, du fait de leur éloignement géographique, et qui garderont un service de caisse, afin de permettre à la clientèle professionnelle de déposer des espèces, d'effectuer ses remises de chèques, etc. Cette première famille d'agences représentera deux tiers environ du réseau. De l'autre côté, le tiers restant sera constitué d'agences partageant expertises, services de caisse, et dont les jours et horaires d'ouverture seront complémentaires. L'idée générale étant d'ouvrir des agences 6 jours sur 7 dans certains endroits, avec des horaires élargis. « A Paris, nous avons encore un certain nombre d'agences qui ferment à 17h, cela interpelle forcément », admet Philippe Aymerich.

Une baisse des effectifs de l'ordre de 100 personnes par an

Le groupe Crédit du Nord expérimente même des agences fermées au public une partie de la journée mais ouvertes pour les clients qui auront pris rendez-vous avec leur conseiller. « Nous avons de très bons retours de nos clients, qui apprécient la plus grande disponibilité de leur chargé de clientèle et le fait d'être au calme avec lui », affirme Philippe Aymerich. Mais quid des conseillers, justement, et plus largement des collaborateurs du Crédit du Nord, dans le contexte de cette transformation digitale en marche ? Sur les 9.000 salariés du groupe, pas moins de 6.000 travaillent dans le réseau. La baisse du nombre d'agences « sera sans conséquence sur l'emploi », assure Philippe Calmels, le DRH.

Plus exactement, la fermeture de 10% du réseau d'ici à 2020 entraînera « une baisse des effectifs de l'ordre de 100 personnes environ par an, à l'échelle du groupe », selon Philippe Aymerich, baisse qui devrait être absorbée par les départs naturels. Et plus particulièrement par les départs en retraite, lesquels, d'après Philippe Calmels, devraient s'élever à plus de 500 cette année, avant d'être ramenés à 150 ou 200 par an à partir de 2017/2018, lorsque le gros des « papy-boomers » embauchés par le secteur bancaire entre 1972 et 1980 aura quitté la vie active. Parallèlement, le groupe continue de recruter. Il devrait procéder à 450 embauches en CDI cette année, contre 560 en 2014. Plutôt à des niveaux Bac+4 et Bac+5, afin de former des conseillers patrimoniaux ou professionnels, dotés d'expertises pointues sur la clientèle des professions libérales, par exemple, ou sur celle de la clientèle senior, en quête de solutions pour la préparation de la retraite et de la transmission aux enfants.

In Banque

Christine Lejoux

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Commentaires 5
à écrit le 13/11/2015 à 16:02
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C'est au moins 50% de ses agences que cette banque devra fermer avant 2020. A condition encore que cette enseigne soit conservée. Laissons donc journaliste et dirigeants à leurs beaux rêves. On peut comprendre qu'il s'agisse de rassurer les employés ...

à écrit le 13/11/2015 à 11:13
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« A Paris, nous avons encore un certain nombre d'agences qui ferment à 17h, cela interpelle forcément » Quand j'ai du choisir une banque en 1980, je suis allé à la SocGen (Vitry s/Seine) parce qu'elle ouvrait un soir par semaine, les autres fermant ...

à écrit le 13/11/2015 à 10:32
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Arguer de l'appétit des consommateurs pour les services bancaires digitaux, c'est mécaniquement inverser les rôles entre causes et effets, ou tourner en rond sur l'origine de la poule et de l'oeuf. Les jeunes n'ont connaissance que de cela et les "vi...

le 13/11/2015 à 13:47
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Faux, une grande partie des clients a connu l'avant et l'apres internet. ET je peux vous dire que meme mes parents qui ont aujourd'hui 60 ans sont bien content de ne plus devoir aller en agence pour faire un virement. Pour le client moyen avec un pre...

à écrit le 13/11/2015 à 9:53
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Pour le Crédit du Nord, être filiale de la Société Générale c'est connaître un replis régulier de la clientèle comme conséquence des multiples faits divers dans laquelle la Société Générale est citée à la une depuis le milieu des années 90.

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