Fintech : la concentration s'accélère sur le marché des cagnottes en ligne

Un mois après le rachat de Leetchi par le Crédit Mutuel Arkéa, BPCE (Banque Populaire Caisse d’Epargne), via sa filiale S-money, acquiert Lepotcommun.fr. Une preuve supplémentaire que la cagnotte en ligne va s'installer durablement dans notre quotidien.
Christine Lejoux
Rien qu’au cours des douze derniers mois, le nombre de cagnottes en ligne créées sur Lepotcommun.fr a bondi de 180%.

Souvenez-vous, il n'y a pas si longtemps, lorsque l'un de vos collègues décidait de voguer vers d'autres cieux, il se trouvait toujours une bonne âme pour faire circuler dans les rangs une enveloppe en papier, afin de recueillir la contribution financière de chacun au pot de départ dudit collègue. Mais les temps changent : l'été dernier, lorsque votre sœur a organisé l'anniversaire surprise de votre beau-frère, vous avez reçu le mail suivant : « Je vous invite à participer au pot commun « 40 ans Alex », que j'ai créé sur Lepotcommun.fr. » Et votre sœur est loin d'être la seule à utiliser Lepotcommun.fr, à en juger par l'intérêt suscité par cette startup spécialisée dans les technologies financières : la fintech vient en effet d'être rachetée par S-money. Cette dernière, qui est la filiale de paiements électroniques du groupe bancaire BPCE (Banque Populaire Caisse d'Epargne), a annoncé l'acquisition de 85% du capital du Potcommun.fr, ce mercredi 21 octobre, pour un montant gardé confidentiel.

Un rapprochement qui survient un mois pile après l'acquisition par le Crédit Mutuel Arkéa de 86% de Leetchi, le grand spécialiste des cagnottes en ligne avec quatre millions d'utilisateurs, pour une cinquantaine de millions d'euros. « C'est une coïncidence », sourit Nicolas Chatillon, président exécutif de S-money, « cela fait plusieurs mois que nous travaillons sur cette opération. » De fait, S-money et Lepotcommun.fr sont tout sauf des inconnus, l'un pour l'autre. Afin d'être en conformité avec la réglementation, voilà en effet un peu plus d'un an que la jeune pousse utilise la solution d'encaissement pour compte de tiers développée par S-money, qui est, lui, un établissement de monnaie électronique agréé par l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR, le gendarme du secteur bancaire).

L'internationalisation débutera en 2015 par l'Espagne

Si les deux sociétés ont décidé d'aller plus loin, en convenant d'un rapprochement capitalistique, c'est ni plus ni moins pour créer « le leader français et européen du paiement communautaire. » Il est vrai qu'en quatre ans d'existence, Lepotcommun.fr a déjà totalisé deux millions d'utilisateurs cumulés. Rien qu'au cours des douze derniers mois, le nombre de pots communs créés sur la plateforme a bondi de 180%. Anniversaires, pots de départs, thèses, pendaisons de crémaillère, enterrements de vie de jeune fille... « Les occasions de créer un pot commun sont illimitées, nous nous adressons à la moitié de la population française, celle qui est « connectée », notamment », assure Ghislain Foucque, l'un des trois co-fondateurs du Potcommun.fr, dont l'idée leur était venue lors de l'organisation d'un réveillon en 2011. « Notre force, c'est la viralité : une personne qui crée un pot commun invite en moyenne douze personnes à y participer et, sur cette douzaine de participants, trois créeront à leur tour une cagnotte commune », renchérit Thibault Saint-Georges-Chaumet, un autre membre du trio. Pour qui « tout reste à faire » dans les autres pays d'Europe.

C'est pourquoi Lepotcommun.fr s'apprête à s'internationaliser, avec un premier développement en Espagne prévu d'ici à la fin de l'année. Cette étape de la vie d'une startup nécessitant des moyens conséquents et une démarche très structurée, Lepotcommun.fr, après avoir lui-même racheté ses concurrents français Bankeez et Commonbox en 2014, a choisi de céder aux sirènes de S-money. « Aujourd'hui, nous avons enfin les moyens de nos ambitions, alors que nous devions auparavant nous contenter de bricoler », souligne Ghislain Foucque. Un système D qui a cependant permis à la startup de devenir rentable, et ce, bien que « nous n'ayons levé jusqu'alors [avant le rapprochement avec S-money; Ndlr] que 200.000 euros, contre plus de 6 millions pour Leetchi », insiste le jeune entrepreneur.

Répondre à de nouveaux cas d'usage, au-delà de la cagnotte en ligne

De son côté, avec le rachat de 85% du Potcommun.fr (et de 100% d'ici à trois ans), S-Money va se développer sur le marché porteur des cagnottes en ligne. « Racheter une fintech, c'est pour nous la manière la plus rapide et la plus efficace de prendre une place déterminante sur un marché qui est en train de se massifier », décrypte Jean-Yves Forel, directeur général du pôle banque commerciale et assurance chez BPCE. L'opération permettra également à S-money d'élargir encore son offre de solutions de paiement électronique. Créée elle aussi il y a quatre ans, par BPCE, cette fintech propose en effet un système d'encaissement mobile pour les professionnels nomades, baptisé Dilizi, un portefeuille électronique pour les étudiants (Izly), ou encore une solution de transfert d'argent par Twitter.

S-money gère ainsi 200.000 transactions de paiement par jour, soit un total de 150 millions d'euros encaissés cette année, pour 1 million d'utilisateurs actifs. Mais, au-delà de la cagnotte en ligne, S-money et Lepotcommun.fr vont s'ingénier à répondre « aux nouveaux cas d'usage qui surgiront dans le domaine des paiements, sous l'influence de modes de consommation rendus de plus en plus collaboratifs par le digital », indique Nicolas Chatillon. L'idée étant de continuer à simplifier les dépenses faites à plusieurs, par les colocataires d'un appartement ou les participants à un voyage, par exemple.

Christine Lejoux

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