Armement : le flop des exportations de matériels terrestres en 2015 (1/3)

Les exportations de matériels terrestres des industriels tricolores n'ont représenté que 4% des prises de commandes en 2015. Soit un montant légèrement inférieur à 700 millions d'euros.
Michel Cabirol
Les ventes à l'export de matériels terrestres n'ont représenté que 4% des prises de commandes globales à l'export en 2015

La plupart des matériels terrestres de l'armée de terre, qui ont défilé le 14 juillet, ont prouvé leur efficacité sur les différents théâtres d'opération où la France est engagée, notamment dans la bande sahélo-saharienne. Mais ils peinent toujours autant à s'imposer à l'export. Ainsi, les ventes à l'export de matériels terrestres n'ont représenté que 4% des prises de commandes globales en 2015, selon les chiffres de la direction générale de l'armement (DGA). Soit un montant légèrement à 700 millions d'euros (hors hélicoptères et missiles) alors que l'année dernière, la France a doublé ses exportations d'armements, passant de 8,2 milliards à 16,9 milliards d'euros.

"Les succès historiques que nous avons remportés à l'exportation en 2015, pour un montant de plus de 16 milliards d'euros, sont le résultat du travail de l'équipe France des exportations de défense, que j'ai structurée tout au long de ces quatre dernières années", a expliqué le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian pour justifier le succès des exportations françaises.

Armements terrestres : un bémol pour Jean-Yves Le Drian

Sur l'exportation, les résultats de l'industrie terrestre restent très modestes au regard du cru exceptionnel de 2015 qui a été réalisé grâce notamment aux deux contrats Rafale gagnés en Égypte (24 appareils) en février, puis au Qatar en mai (24). Mais ces résultats ne datent pas d'hier... Sur les 6,7 milliards d'euros de prises de commandes engrangées en 2013, cette filière n'avait exporté déjà que pour 570 millions.

Si durant ces quatre dernières années, l'action et la personnalité de Jean-Yves Le Drian ont véritablement permis de booster les exportations des industriels de l'armement tricolores, elles n'ont pas fait toutefois décoller celles dans le domaine des équipements terrestres. Tout comme ses prédécesseurs, il a jusqu'ici échoué à décrocher un contrat structurant pour cette filière. En dépit des matériels labellisés "combat proven" et de marques d'intérêt de certains pays, les grands équipements de Nexter (chars Leclerc, blindés VBCI et Titus...) n'ont pas encore trouvé preneur à l'exportation ces dernières années.

Quel bilan pour Nexter et RTD en 2015?

En 2015, les trois principaux contrats de la filière terrestre ont concerné le Royaume-Uni  (canons de 40 millimètres de Nexter pour une centaine de millions d'euros), l'Inde (charges modulaires d'artillerie de Nexter) et le Koweït (120 Sherpa Scout de Renault Trucks Defense). C'est peu, trop peu. D'ailleurs, le nouveau PDG de Nexter Systems, Stéphane Mayer l'a reconnu pour son groupe, qui est le leader de la filière en France : les "résultats ont été décevants pour beaucoup d'observateurs, y compris au sein même de l'entreprise", a-t-il regretté lors de son audition à l'Assemblée nationale début mars.

Deux petits motifs néanmoins de satisfaction pour Nexter : la vente de munitions est actuellement sur une bonne dynamique avec 320 millions d'euros de prises de commandes et la percée commerciale en Afrique avec la finalisation interminable de la vente de douze véhicules blindés Aravis au Gabon en 2015 pour une trentaine de millions d'euros. Au total, les commandes export ont représenté en 2015 environ 55% des prises de commandes (998 millions d'euros) et environ 65% du chiffre d'affaires (1,07 milliard) grâce entre autres aux livraisons des Caesar à l'Indonésie et de munitions à plusieurs pays.

Pour le groupe Renault Trucks Defense (RTD), l'année a été en revanche intéressante. Mais la taille du groupe reste modeste à l'échelle des géants anglo-saxons de cette industrie. Outre le contrat pour 120 Sherpa Scout avec la garde nationale koweïtienne, sa filiale américaine Mack Defense (Pennsylvanie) a remporté un important appel d'offres l'an dernier auprès de l'armée canadienne qui a commandé plus de 1.500 camions logistiques 8x8 pour un total supérieur à 500 millions d'euros.

Mais ce contrat n'a pas été comptabilisé dans les commandes françaises export par le ministère de la Défense français. En 2015, le groupe RTD a réalisé environ la moitié de son chiffre d'affaires à l'export. Soit environ de 250 millions d'euros. L'export devait permettre de doubler le chiffre d'affaires dans les quatre à cinq années à venir.

Michel Cabirol

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Commentaires 2
à écrit le 18/07/2016 à 14:21
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Nos équipements terrestres, même s'ils sont bons et technologiquement corrects, n'atteignent pas le niveau de technicité des équipements qui ont du succés à l'export (avions, navires). C'est uniquement sur des technologies de pointe que nous avons de...

à écrit le 18/07/2016 à 13:36
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Bon, il fait dire que cote matériel terrestre notre pays est complètement hors compétition ... Nos matériel sont vieux ( ERC90 et AMX10RC) ou totallement hors compétition ( ne pouvant être exporte) car trops spécifique au demande de l'armée française...

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