Un gouvernement libéral au Canada, en cas de victoire de ce parti aux législatives, n'achèterait pas les avions de combats F-35 du groupe américain Lockheed Martin, ce qui replacerait automatiquement dans la course le Rafale (Dassault Aviation), l'Eurofighter Typhoon (BAE Systems, Airbus Group et Finmeccanica) ou le F-18 Super Hornet (Boeing). "Un gouvernement libéral prendra des actions immédiates pour s'assurer que les Forces armées canadiennes aient l'équipement dont elles ont besoin", a déclaré dimanche le chef du parti libéral en dévoilant son programme pour les questions de défense lors d'un meeting électoral.
Après les élections du 19 octobre et en cas de victoire, le gouvernement libéral "lancera un appel d'offres ouvert et transparent pour remplacer les F-18", car "nous n'achèterons pas de chasseurs-bombardiers furtifs F-35", a affirmé Justin Trudeau. Ces dernières années, le débat a été vif sur l'avion appelé à remplacer le F-18 Hornet de McDonnell Douglas, groupe américain racheté depuis par Boeing.
Le F-35 jusqu'ici favori
Le F-35 était l'avion le plus souvent cité comme étant le favori des Canadiens mais ce programme a pris un énorme retard et a connu des incidents à répétition. Son coût n'a cessé d'enfler pour atteindre 45,8 milliards de dollars pour l'achat et l'entretien de 65 avions F-35 selon un rapport du ministère de la Défense publié en décembre 2014. Au départ, l'enveloppe prévue par les conservateurs était d'environ 25 milliards de dollars en 2010. Les forces armées canadiennes ont récemment demandé des études pour prolonger la durée de vie des F-18 actuels jusqu'en 2030.
L'enjeu est de taille pour les industriels de la défense dont Dassault avec son Rafale. Il y a un an, le PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier, avait déclaré attendre "la décision éventuelle des Canadiens de renoncer au F-35" pour revenir dans la course au remplacement de la flotte des F-18. Pour autant, le Canada a toujours privilégié le matériel militaire américain et le Super Hornet de Boeing serait aussi un candidat sérieux dans un nouvel appel d'offres. L'avion de combat européen Eurofighter Typhoon en serait un autre.
Une armée en "état de stagnation", selon Justin Trudeau
Le leader des libéraux a estimé qu'après une décennie du gouvernement sortant conservateur "l'armée canadienne est en état de stagnation". Outre "la sécurité du Canada" et plus largement "la sécurité de l'Amérique du Nord", l'armée doit aussi "être un partenaire international important lors des missions à l'étranger", a assuré Justin Trudeau.
Toutefois, il a une nouvelle fois assuré qu'un gouvernement libéral mettrait "fin à la mission de combat du Canada en Irak" aux côtés de la coalition internationale menée par les États-Unis contre le groupe État islamique. En revanche il a promis de continuer à maintenir une "contribution militaire canadienne dans la région en formant les forces locales".
Des propos qui créent la polémique
Les propos de Justin Trudeau sur le F-35 ont créé une polémique. Le Premier ministre conservateur sortant Stephen Harper a tiré lundi à boulets rouges sur le chef du parti libéral pour son refus d'acheter l'avion de combat de Lockheed Martin. "Sur qu'elle planète vit le parti libéral s'il pense que nous pouvons nous retirer du projet de développement du F-35 sans perdre d'occasions d'affaires?", a lancé le chef conservateur lors d'une réunion électorale dans la cadre des législatives du 19 octobre.
Le chef libéral veut "anéantir" l'industrie aéronautique canadienne, a accusé Stephen Harper en rappelant que cette dernière, concentrée à Montréal, a reçu "des centaines de millions de dollars de contrats" depuis que le Canada s'est joint au programme de développement du F-35 en 1997. Pour sa part, le chef du Nouveau parti démocratique (NPD, gauche), Thomas Mulcair, s'est prononcé en faveur d'un appel d'offres pour le choix du nouvel avion, sans énoncer de préférence.
Justin Trudeau est resté droit dans ses bottes en rappelant lundi que "nous n'avons jamais été obligés d'acheter les F-35". Il a précisé que les coûts de développement de cet appareil n'ont cessé d'augmenter. Ce choix pour remplacer les F-18 en service depuis plus de 30 ans "n'a plus aucun sens". Ces dernières années, le débat a été vif sur l'avion appelé à remplacer le F-18 Hornet de Boeing.
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