Après Photonis, CNIM, Aubert & Duval, la vente de CILAS est le nouveau dossier hyper stratégique et sensible du ministère des Armées, selon des sources concordantes. Détenue par ArianeGroup (67%) et Areva (33%), cette société, spécialisée notamment dans les lasers et l'optronique (47 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2018), fait l'objet d'une surveillance très rapprochée du ministère des Armées. "C'est une opération qu'on suit comme le lait sur le feu", explique-t-on à La Tribune. Contrairement à celle de Photonis, la cession de CILAS, dont le siège social est à Orléans, a été bien préparée en amont par le ministère des Armées dès les premières rumeurs de vente en 2019. Concrètement, elle est fléchée vers un groupe français. Selon des sources concordantes, le missilier MBDA s'est montré intéressé mais il n'est pas le seul à avoir exprimé un intérêt.
Des activités hautement stratégiques
Les activités de défense et sécurité de CILAS comprennent la désignation laser pour le guidage terrestre ou aéroterrestre de munitions de précision. Actuellement, cette PME produit la nouvelle génération de désignateurs (programme Taranis), qui vise à doter l'armée de Terre d'une nouvelle capacité de combat. Elle fournit également des télémètres pour conduites de tirs, des équipements de surveillance et de détection de snipers pour la protection d'infrastructures critiques, de grands événements ou de VIP ainsi que des équipements d'appontage d'hélicoptères pour plateformes navales.
Dans l'optique, CILAS réalise des miroirs déformables pour l'optique adaptative. Il fournit également pour le CEA des amplificateurs laser du Laser Mégajoule, qui permettent de porter l'énergie des faisceaux laser au niveau requis. Les produits CILAS équipent plus d'une trentaine de pays, notamment des forces spéciales.
CILAS, au coeur de la filière laser française et européenne
Au regard de ses compétences, CILAS est un réel atout de la France. "Le caractère éminemment stratégique de CILAS montera encore en puissance avec l'émergence des armes lasers, avait expliqué fin janvier à Orléans la ministre des Armées Florence Parly. A court terme, ces armes laser ont déjà un rôle à jouer dans le domaine de la lutte anti-drone". Dans le cadre d'un consortium emmené par CILAS, baptisé TALOS (Tactical Advanced Laser Optical System), cette PME a également pour objectif de développer une filière laser européenne dans le cadre d'un programme européen (Preparatory Action on Defence Research-PADR), en vue d'un futur programme de réalisation d'effecteur laser pour des applications de défense à l'horizon 2025. MBDA fait partie du consortium.
A moyen terme, le rôle des armes lasers sera étendu pour protéger davantage les militaires français sur les théâtres contre les menaces. Notamment en développant des lasers de forte puissance, capables d'intercepter des missiles sur leur trajectoire. Enfin, CILAS est "amené à faire des lasers de puissance pour notre défense spatiale", explique-t-on à La Tribune. Cette PME travaille sur le développement d'un laser depuis le sol ou d'un laser embarqué sur des capacités spatiales pour neutraliser les capacités ennemies si nécessaire.
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