
Après la Région Occitanie, le gouvernement. Au lendemain des critiques de la présidente de la région Carole Delga sur le projet de Latécoère de délocaliser en Tchéquie et au Mexique ses activités assurées aujourd'hui sur son site toulousain de Montredon, le ministre de l'Industrie Roland Lescure, a lui aussi tapé du poing sur la table.
« J'ai besoin qu'on m'explique exactement ce qui est en train de se passer parce que, à ce stade, je suis un peu surpris », a-t-il déclaré vendredi sur Sud Radio, précisant qu'il n'avait « pas été prévenu avant ». « On peut, peut-être, trouver d'autres plans », at-il ajouté.
Latécoère projette de transférer les activités et les machines de son usine de Toulouse-Montredon, qui fabrique des pièces servant à l'assemblage des portes du Boeing 787, sur des sites à bas coût du groupe, et de proposer aux quelque 110 salariés qui y travaillent un reclassement leur permettant de rester dans l'entreprise, selon un porte-parole de la société. À la place, l'équipementier aéronautique veut regrouper les effectifs de ses sites de Colomiers et Labège. Ce dernier sera vendu et les machines utilisées pour faire des racks sur l'A330 et l'A400M seront envoyées vers son usine en Tunisie.
Baisse des cadences du 787
Pour justifier sa décision, le sous-traitant aéronautique a notamment fait valoir la forte baisse du nombre de 787 Boeing depuis le début de la pandémie de Covid, en 2020, qui a rendu impossible une « rentabilisation » des activités du site de Montredon. Racheté en 2019 par le fonds américain Searlight Capital Partners, Latécoère a vu son activité fondre de près de moitié pendant la crise sanitaire. Le chiffre d'affaires de l'équipementier spécialisé dans les aérostructures (portes et pièces de fuselage) et câblages électriques s'établissait à 376 millions d'euros en 2021.
Le groupe cherche depuis à atteindre « une taille critique » et dépasser les 800 millions d'euros de chiffre d'affaires d'ici 2027. Il s'agit de pouvoir réagir au rebond de l'industrie aéronautique mondiale. Les prévisions de cadences de production de Boeing et surtout d'Airbus, son principal client, sont en forte hausse pour répondre à la croissance attendue du trafic aérien et au besoin de renouvellement des flottes d'avions par les compagnies aériennes.
Latécoère a multiplié pour cela les acquisitions, notamment du spécialiste canadien des structures d'aéronefs Avcorp Industries, du groupe de défense espagnol Mades ou celle de l'entreprise mexicaine Hermosillo, filiale d'un autre équipementier français, Figeac Aéro. Latécoère employait 4.764 personnes dans le monde fin 2021, dont 1.385 en France où, début 2021, il avait annoncé la suppression de 246 postes dans le cadre d'un plan social.
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Les livraisons d'Airbus en berne en janvier Les difficultés des fournisseurs ont continué de ralentir la production d'Airbus : l'avionneur européen a annoncé mardi n'avoir livré que 20 avions en janvier, soit moins que deux ans plus tôt quand les cadences de fabrication avaient plongé en raison de la pandémie de Covid-19. Alors qu'Airbus entend produire 65 monocouloirs de la famille A320 par mois en 2024, il n'a été en mesure d'en remettre que 16 à ses clients en janvier, ainsi que deux A220, un long-courrier A330 et un A350. Janvier est traditionnellement l'un des mois les moins actifs de l'année sur le plan des livraisons, mais elles sont cette fois-ci loin de leur niveau de 2019 (39 appareils) ou même de l'an passé (30 avions). Elles sont aussi plus faibles que celles de janvier 2021 (21 appareils). Les livraisons constituent un indicateur fiable de la rentabilité dans l'aéronautique, car les clients paient la majeure partie de la facture au moment où ils prennent possession des avions. L'an passé, le géant européen avait dû renoncer à son objectif initial de livrer 720 avions sur l'année et n'avait été en mesure de remettre que 661 appareils à ses clients en raison des difficultés de sous-traitants fragilisés par la pandémie à remonter en cadence. Ses objectifs pour 2023 n'ont pas encore été dévoilés. Airbus a par ailleurs comptabilisé 36 nouvelles commandes en janvier, notamment douze A220 supplémentaires pour la compagnie américaine Delta Airlines ainsi que douze A320 et A321 pour Uzbekistan Airways. (AFP)
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