Délocalisation de Latécoère : levée de boucliers de la Région Occitanie et du gouvernement

Latécoère prévoit de délocaliser en Tchéquie et au Mexique les activités d'un de ses sites toulousains employant une centaine de personnes, a indiqué vendredi l'équipementier aéronautique français, suscitant la « surprise » du ministre de l'Industrie Roland Lescure.
(Crédits : Rémi Benoit)

Après la Région Occitanie, le gouvernement. Au lendemain des critiques de la présidente de la région Carole Delga sur le projet de Latécoère de délocaliser en Tchéquie et au Mexique ses activités assurées aujourd'hui sur son site toulousain de Montredon, le ministre de l'Industrie Roland Lescure, a lui aussi tapé du poing sur la table.

« J'ai besoin qu'on m'explique exactement ce qui est en train de se passer parce que, à ce stade, je suis un peu surpris », a-t-il déclaré vendredi sur Sud Radio, précisant qu'il n'avait « pas été prévenu avant ». « On peut, peut-être, trouver d'autres plans », at-il ajouté.

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Latécoère projette de transférer les activités et les machines de son usine de Toulouse-Montredon, qui fabrique des pièces servant à l'assemblage des portes du Boeing 787, sur des sites à bas coût du groupe, et de proposer aux quelque 110 salariés qui y travaillent un reclassement leur permettant de rester dans l'entreprise, selon un porte-parole de la société. À la place, l'équipementier aéronautique veut regrouper les effectifs de ses sites de Colomiers et Labège. Ce dernier sera vendu et les machines utilisées pour faire des racks sur l'A330 et l'A400M seront envoyées vers son usine en Tunisie.

Baisse des cadences du 787

Pour justifier sa décision, le sous-traitant aéronautique a notamment fait valoir la forte baisse du nombre de 787 Boeing depuis le début de la pandémie de Covid, en 2020, qui a rendu impossible une « rentabilisation » des activités du site de Montredon.  Racheté en 2019 par le fonds américain Searlight Capital Partners, Latécoère a vu son activité fondre de près de moitié pendant la crise sanitaire. Le chiffre d'affaires de l'équipementier spécialisé dans les aérostructures (portes et pièces de fuselage) et câblages électriques s'établissait à 376 millions d'euros en 2021.

Le groupe cherche depuis à atteindre « une taille critique » et dépasser les 800 millions d'euros de chiffre d'affaires d'ici 2027. Il s'agit de pouvoir réagir au rebond de l'industrie aéronautique mondiale. Les prévisions de cadences de production de Boeing et surtout d'Airbus, son principal client, sont en forte hausse pour répondre à la croissance attendue du trafic aérien et au besoin de renouvellement des flottes d'avions par les compagnies aériennes.

Latécoère a multiplié pour cela les acquisitions, notamment du spécialiste canadien des structures d'aéronefs Avcorp Industries, du groupe de défense espagnol Mades ou celle de l'entreprise mexicaine Hermosillo, filiale d'un autre équipementier français, Figeac Aéro. Latécoère employait 4.764 personnes dans le monde fin 2021, dont 1.385 en France où, début 2021, il avait annoncé la suppression de 246 postes dans le cadre d'un plan social.

Lire aussiAéronautique : Latécoère lance une vaste réorganisation de ses sites à Toulouse

Les livraisons d'Airbus en berne en janvier

Les difficultés des fournisseurs ont continué de ralentir la production d'Airbus : l'avionneur européen a annoncé mardi n'avoir livré que 20 avions en janvier, soit moins que deux ans plus tôt quand les cadences de fabrication avaient plongé en raison de la pandémie de Covid-19. Alors qu'Airbus entend produire 65 monocouloirs de la famille A320 par mois en 2024, il n'a été en mesure d'en remettre que 16 à ses clients en janvier, ainsi que deux A220, un long-courrier A330 et un A350.

Janvier est traditionnellement l'un des mois les moins actifs de l'année sur le plan des livraisons, mais elles sont cette fois-ci loin de leur niveau de 2019 (39 appareils) ou même de l'an passé (30 avions). Elles sont aussi plus faibles que celles de janvier 2021 (21 appareils). Les livraisons constituent un indicateur fiable de la rentabilité dans l'aéronautique, car les clients paient la majeure partie de la facture au moment où ils prennent possession des avions.

L'an passé, le géant européen avait dû renoncer à son objectif initial de livrer 720 avions sur l'année et n'avait été en mesure de remettre que 661 appareils à ses clients en raison des difficultés de sous-traitants fragilisés par la pandémie à remonter en cadence. Ses objectifs pour 2023 n'ont pas encore été dévoilés.

Airbus a par ailleurs comptabilisé 36 nouvelles commandes en janvier, notamment douze A220 supplémentaires pour la compagnie américaine Delta Airlines ainsi que douze A320 et A321 pour Uzbekistan Airways.

(AFP)

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Commentaires 15
à écrit le 12/02/2023 à 18:19
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Tous ses braves gens qui s'étonnent que les fonds de pension américains délocalisent ont pourtant voté Macron aux dernières élections. Ses beaux cadres, managers qui sont à 85% pour Macron sont là à pleurnicher? Depuis l'affaire Alstom et sa vente au...

à écrit le 12/02/2023 à 10:27
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Les gens veulent une union européenne forte et un libre échange bravo continuer, avec des charges comme on a en France, il ne va plus rien rester. Continuer à voter macron c est le record du deficite commerciale pour vendre à la découpe le pays.

à écrit le 12/02/2023 à 0:44
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Posez-vous la question encore une fois pourquoi Macron a laissé vendre une entreprise fleuron français à un américain

le 13/02/2023 à 12:13
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Vu les pépins financiers et autres qu'a accumulé Latécoère depuis 10 ans, il est loin d'être sûr que ce soit un fleuron industriel français. Mais c'est tellement chic de taper sur Macron à tous bouts de champs.

à écrit le 11/02/2023 à 20:33
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Impensable

à écrit le 11/02/2023 à 13:12
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Effectivement, on ne voit pas ce que peuvent nos dirigeants. Toutefois on peut s'interroger sur la pertinence d'aller fabriquer en République Tchèque, ou au Mexique. Pays qui ne sont pas connus comme des agrégateurs aéronautiques. Donc le production ...

à écrit le 11/02/2023 à 9:49
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Y a rien à comprendre...la france met dehors le grand capital capitaliste, et l'industrie est intensive en capital. Latecoere n'a qu'à expliquer que c'est pour faciliter la transition écologique, le bon peuple de gauche sera d'accord car c'est juste...

à écrit le 11/02/2023 à 7:14
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Quelques raisons : - coût du travail élevé - impôts et charges à n'en plus finir - bureaucratie démentielle - délai pour percevoir une aide de la BPI de 10 à 12 mois, quand le dossier est retenu (parcours kafkaien avec plus de 20 documents nécess...

le 12/02/2023 à 10:32
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Cernant le coût du travail, j'ai travaillé pour une multinationale d'informatique, le coût de développement était aussi chère qu en Inde et 2 fois aux USA. Le coût du travail est juste idéologique des super capitalistes qui veulent le retour de pay...

à écrit le 11/02/2023 à 3:15
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Cette entreprise ne bénéficie d'aucune aide ni de la région ni de l'Etat donc ces derniers n'ont aucun moyen de pression pour influer sur les décisions d'investissements de l'entreprise. Latécoère est libre de délocaliser vers des pays plus accueill...

le 12/02/2023 à 8:58
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Vous plaisantez? Elle a bénéficié de multiples aides de l,État de la region occitane dont un terrain vendu à prix symbolique En 2019, la société a été vendue à un fond d'investissement américain, ce que Lemaire appelle un investisseur étranger, et ...

le 12/02/2023 à 12:59
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Argumentaire standard qui oublie simplement que toute entreprise en France bénéficie des infrastructures de la nation, de l'éducation fournie à ses employés, du système de santé local etc....ces coûts étant supportés par l'ensemble du pays.....Il est...

à écrit le 11/02/2023 à 0:01
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Quand tout un peuple refuse de prendre des risques, d'investir dans leurs entreprises et refuse de créer les fonds de retraite qui pourraient investir dans l'industrie Française, et hait les entreprises qui font des profits et pointent du doigt les g...

à écrit le 10/02/2023 à 20:00
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« J'ai besoin qu'on m'explique exactement ce qui est en train de se passer parce que, à ce stade, je suis un peu surpris », l'incompétence qui parle. Accords de libre échanges, salaires minimums élevés, augmentation du coût de l'énergie : quand les a...

à écrit le 10/02/2023 à 19:51
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Quelle est la nationalité du propriétaire ? Américain. Quand une grande entreprise française passe sous pavillon étranger, le centre de décision n'est plus en France, donc il n'y a plus aucun affect national. C'est d'un classique de la part d'u...

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