Entre Embraer et Bombardier, c'est la guerre

Le Brésil va demander à l'OMC de mettre en place un groupe spécial de règlement des différends pour se prononcer sur sa plainte selon laquelle le Canada affecte la concurrence dans le secteur aéronautique en subventionnant les avions commerciaux CSeries fabriqués par Bombardier.
Bombardier est dans le viseur d'Embraer et de Boeing

Il y a une guerre de titans arbitrée par Organisation mondiale du Commerce (OMC) entre Airbus et Boeing sur la conformité des aides publiques qui leur ont été accordées par les États-Unis et l'Europe. Et puis il y a également le duel entre Bombardier et Embraer, qui se déchirent sur les aides publiques accordées à l'avionneur canadien. L'OMC devrait être saisi par le Brésil.

Ainsi, Brasilia va demander vendredi à l'OMC de mettre en place un groupe spécial de règlement des différends pour se prononcer sur sa plainte selon laquelle le Canada affecte la concurrence dans le secteur aéronautique en subventionnant les CSeries, un avion commercial de 100 à 150 sièges fabriqué par le canadien, a annoncé le ministère brésilien des relations extérieures. Cet appareil pèse d'ailleurs lourdement sur les comptes du constructeur aéronautique et de matériels ferroviaires depuis plusieurs années.

Bombardier dans le viseur d'Embraer et de Boeing

Le Brésil estime que l'appareil CSeries a reçu au total environ trois milliards de dollars (2,55 milliards d'euros) de subventions, a précisé jeudi le ministère brésilien dans un communiqué. Les avions Bombardier concurrencent les E195 fabriqués par l'avionneur brésilien, qui peuvent transporter jusqu'à 146 passagers (E195-E2). Cette affaire fait suite à un conflit entre les deux constructeurs, qui dure déjà depuis des décennies.

Bombardier est également dans le collimateur de Boeing. En mai dernier, le département américain du Commerce a ouvert une enquête sur demande du constructeur américain accusant l'avionneur canadien de vendre à perte ses avions aux États-Unis grâce à des subventions publiques. La Commission américaine du commerce international (ITC) a ouvert une enquête sur d'autres déclarations de Boeing selon lesquelles Bombardier a vendu l'an dernier 75 CSeries à Delta Air Lines en dessous du prix de revient.

Interrogé par La Tribune sur le fait que Bombardier avait fait du dumping dans l'appel d'offres de Delta, le président de Bombardier Commercial Aircraft, Fred Cromer avait répondu : "c'est faux d 'une part. D'autre part, Boeing n'avait pas d'avion de 100 sièges dans sa gamme pour concourir sur une demande d'un avion de 100 sièges. Bombardier dispose en revanche d'un avion de cette catégorie".

Bombardier toujours dans le rouge

Les résultats de Bombardier sont restés dans le rouge au deuxième trimestre avec un recul des ventes et surtout des commandes d'avions. Le groupe canadien a annoncé fin juillet une perte de 296 millions de dollars américains au deuxième trimestre, réduite par rapport à la perte de 490 millions entre avril et juin l'an dernier. Le chiffre d'affaires a baissé de 5%, à 4,1 milliards de dollars et le résultat courant avant impôt et frais financiers est négatif de 123 millions. Bombardier n'a toujours pas engrangé de nouvelles commandes pour ses avions CS100 et CS300 depuis le début de l'année et son programme continue de peser sur les résultats.

"Nous avons des bons retours à la fois des passagers et des compagnies, avait estimé en juin Fred Cromer. C'est exactement ce que l'on espérait et ce que l'on attendait car nous savons que l'avion est très performant. Les performances opérationnelles du C-series sont très bonnes. L'entrée en service attire davantage l'attention des clients. Nous sommes confiants. Au cours de l'assemblée générale de l'association internationale du transport aérien (IATA), nous avons eu beaucoup de discussions avec des beaucoup de compagnies. L'intérêt grandit".

Les retards et le renchérissement du programme ont plombé les comptes du constructeur ces quatre dernières années avec à la clé des milliers de licenciements. Depuis la mise en service commerciale du CS100 il y a un an par la compagnie Swiss, puis en fin d'année dernière du CS300 par Air Baltic, ce sont 16 appareils de la CSeries qui sont en service commercial, dont 6 livrés au cours du deuxième trimestre. Ainsi, le chiffre d'affaires de cette division avions commerciaux a reculé de 16%, à 640 millions de dollars et le résultat courant est négatif de 87 millions, "reflétant l'accélération des cadences de production des avions CSeries", a estimé Bombardier dans son communiqué.

Bombardier a confirmé ses prévisions pour l'exercice, avec un chiffre d'affaires en hausse de "quelques points de pourcentages" et un résultat courant hors éléments exceptionnels "entre 580 millions et 630 millions de dollars", a indiqué son PDG, Alain Bellemare.

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Commentaire 1
à écrit le 20/08/2017 à 17:43
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Embraer et Bombardier sont en conlfit depuis fort longtemps, en tous cas depuis bien plus longtemps que les journalistes français sont nés :-)

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