Et Lumibird devient actionnaire de CILAS aux côtés d'ArianeGroup

Vendredi, un conseil d'administration de Lumibird a définitivement entériné l'achat de la participation minoritaire d'Areva SA dans CILAS. Sans être majoritaire, l'entreprise bretonne y détient toutefois une minorité de blocage
Michel Cabirol
Lumibird, qui est déjà l'un des fournisseurs de CILAS (iodes, composants...), espère endosser le rôle d'opérateur de façon à redresser, puis développer cette pépite technologique, dont le potentiel est très prometteur. (ici : les désignateurs de cibles laser CILAS fonctionnent depuis plus de 20 ans)
Lumibird, qui est déjà l'un des fournisseurs de CILAS (iodes, composants...), espère endosser le rôle d'opérateur de façon à redresser, puis développer cette pépite technologique, dont le potentiel est très prometteur. (ici : les désignateurs de cibles laser CILAS fonctionnent depuis plus de 20 ans) (Crédits : CILAS)

Un blitzkrieg parfait. Les corsaires de Lumibird ont finalisé vendredi l'acquisition de 37% du capital de CILAS auprès d'Areva SA au nez et à la barbe de Safran et de MBDA sous la bienveillance du ministère des Armées. Lundi 19 juillet, l'entreprise bretonne avait annoncé avoir signé un accord d'exclusivité avec Areva afin d'acquérir sa participation de 37% dans CILAS. Cette annonce a complètement surpris aussi bien la direction de CILAS que MBDA et Safran, qui avaient pourtant déclaré de longue date leur intérêt pour cette entreprise spécialisée dans le domaine des lasers et de la lutte anti-drones. Vendredi 23 juillet, un conseil d'administration de Lumibird a définitivement entériné, après avoir obtenu les autorisations nécessaires, l'achat de la participation minoritaire d'Areva SA, qui n'était plus liée par un pacte d'actionnaires depuis très peu de temps, selon des sources concordantes. C'est allé vite, très vite. Trop vite pour certains.

MBDA et Safran trop attentistes

Pour autant, Lumibird arrive dans une société, qui reste encore à vendre : la participation de 63% d'ArianeGroup, qui avait mandaté la banque d'affaires Gimar, est à prendre. Mais l'opération de cession a été arrêtée. Le coup d'éclat de Lumibird va peut être inciter Safran et MBDA, chez qui on estime que le processus de vente d'Areva SA a été très opaque, à rouvrir le dossier et à accélérer la cadence. "Ils ont commis l'erreur de se sentir en terrain conquis", estime-t-on dans le milieu de la défense.

Mais aussi bien chez Safran et MBDA, on relativise l'opération de Lumibird, en expliquant qu'elle n'a racheté qu'une participation minoritaire sous le mode : "petit minoritaire, petit couillon". Lumibird y aura toutefois une minorité de blocage. Au final, CILAS pourrait bien se retrouver avec trois actionnaires, une situation que connait bien... MBDA (Airbus, BAE Systems et Leonardo), qui a très envie d'accélérer seul (ou avec Safran) sur CILAS.

CILAS dans une mauvaise passe

Lumibird arrive également dans une société, qui va mal et dont les comptes sont dans le rouge depuis deux ans. Sans être toutefois de la faute des actionnaires (ArianeGroupe et Areva), qui n'ont pas été aux côtés de CILAS pour la développer en l'absence de synergies et de complémentarités. La pépite technologique a enregistré un résultat net négatif de 5,62 millions d'euros en 2019 et de l'ordre de - 5 millions en 2020. Le chiffre d'affaires a également pris une bonne claque, passant de 47 millions d'euros en 2018 à 32,4 millions d'euros en 2019 et environ 32 millions en 2020. Pourquoi une telle chute ? Selon nos informations, CILAS a rencontré des difficultés au moment de la phase de durcissement dans le développement d'une technologie très en avance dans le domaine militaire. Des difficultés qui sont aujourd'hui résolues.

Dans ce contexte, Lumibird, qui est déjà l'un des fournisseurs de CILAS (iodes, composants...), espère endosser le rôle d'opérateur de façon à redresser, puis développer cette pépite, dont le potentiel reste très prometteur. Il y a d'ailleurs un vrai travail de complémentarité entre les deux entreprises et beaucoup de travail en commun à réaliser dans le domaine des lasers, estime un observateur. Lumibird, issu du rapprochement entre Keopsys et Quantel, a enregistré en 2020 un chiffre d'affaires de plus de 126 millions d'euros. Et si Lumibird, qui souhaite bâtir un pôle laser ayant la taille critique en Europe, devenait un petit Teledyne à la française...

Michel Cabirol

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Commentaire 1
à écrit le 25/07/2021 à 11:22
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MBDA et Safran ne sont pas attentistes. Le secteur des lasers ne les intéresse pas plus que ça.

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