
Le projet de vente de CILAS ne passe pas inaperçu. Détenue par ArianeGroup (67%) et Areva (33%), cette société, spécialisée notamment dans les lasers et l'optronique (47 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2018), intéresse plusieurs entreprises, dont le missilier MBDA déjà cité par La Tribune. Mais deux autres entreprises ont exprimé un réel intérêt pour cette pépite technologique, un grand groupe Safran, et une entreprise bretonne, qui se revendique comme le champion européen des lasers, Lumibird. Le processus de vente devrait dans les prochains jours avancer avec la tenue d'un conseil d'administration d'ArianeGroup prévu d'ici à la fin janvier en vue d'autoriser son président à céder CILAS.
"Le caractère éminemment stratégique de CILAS montera encore en puissance avec l'émergence des armes lasers, avait expliqué fin janvier 2020 à Orléans la ministre des Armées Florence Parly. A court terme, ces armes laser ont déjà un rôle à jouer dans le domaine de la lutte anti-drone".
Dans le cadre d'un consortium emmené par CILAS, baptisé TALOS (Tactical Advanced Laser Optical System), cette PME a notamment pour objectif de développer une filière laser européenne dans le cadre d'un programme européen (Preparatory Action on Defence Research-PADR), en vue d'un futur programme de réalisation d'effecteur laser pour des applications de défense à l'horizon 2025. MBDA fait partie du consortium. Enfin, elle a mis au point avec le soutien financier de l'Agence de l'innovation de défense (AID) un laser HELMA-P, qui a réussi à détruire plusieurs drones en vol lors d'une campagne d'essais.
Trois intérêts pour trois projets différents ?
Pour MBDA, l'acquisition de CILAS permettrait au leader européen des missiles de se diversifier, en acquérant, puis en développant un nouveau type d'effecteur (laser), qui complèterait légitimement à terme son portefeuille produits. CILAS permettrait en outre à MBDA de gagner du temps en mettant la main sur la technologie de pointe développée par cette PME très importante pour le ministère des Armées. Pour MBDA, cette technologie est primordiale et, quoi qu'il arrive, il devra la maîtriser.
Pour Lumibird, issu du rapprochement en octobre 2017 entre les groupes Keopsys et Quantel, la cible CILAS apparait comme une évidence. Cette société discrète a axé sa stratégie sur trois marchés porteurs (Lidar ou télédétection par laser, défense/spatial, médical). Sur les trois dernières années, elle a poursuivi avec succès sa stratégie de croissance organique et externe sur ces trois marchés tout en maintenant et renforçant un leadership technologique. Et ça marche, elle a réalisé 110,7 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2019 (dont 25,1 millions dans la défense), en hausse de 10% par rapport à 2018 (100,7 millions, 85,1 millions en 2017).
Safran, pivot de la consolidation d'un nouveau pôle ?
Et si Safran avait un temps d'avance en créant un "petit Teledyne" à la française, en s'appuyant sur sa filiale Lynred, codétenue avec Thales. Au même titre que Photonis, Bertin Technologies et Exxelia, CILAS pourrait venir compléter ce pôle pour offrir à terme à la France un nouveau pôle ayant la taille critique. Les activités de défense/Sécurité de CILAS comprennent la désignation laser pour le guidage terrestre ou aéroterrestre de munitions de précision. La société basée à Orléans fournit également des télémètres pour conduites de tirs, des équipements de surveillance et de détection de snipers pour la protection d'infrastructures critiques, de grands événements ou de VIP ainsi que des équipements d'appontage d'hélicoptères pour plateformes navales.
Dans l'optique, CILAS réalise des miroirs déformables pour l'optique adaptative. Il fournit également pour le CEA des amplificateurs laser du Laser Mégajoule, qui permettent de porter l'énergie des faisceaux laser au niveau requis. Les produits CILAS équipent plus d'une trentaine de pays, notamment des forces spéciales.
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