Le Royaume-Uni a dépensé 290 millions de livres pour un aéroport sans avions

L'île de Sainte-Hélène, rendue célèbre par l'exil de Napoléon, possède un aéroport flambant neuf qui connaît de nombreuses difficultés pour faire atterrir les avions. Ce territoire appartenant à la Couronne britannique n'est pas prêt de sortir de son isolement.
Grégoire Normand
L'aéroport aurait dû entrer en service en mai dernier.

L'île de Sainte-Hélène va encore attendre ses touristes. Le Royaume-Uni aurait dépensé plus de 290 millions de livres (345 millions d'euros) dans un aéroport inutilisé au milieu de l'océan Atlantique selon un groupe de législateurs cité par Bloomberg, ce mercredi 16 décembre. Bien que recommandé par le célèbre guide de voyage lonelyplanet en 2016, ce territoire risque de rester enclavé pendant encore longtemps.

Des conditions météorologiques dangereuses

Des tests aériens effectués en avril dernier sur la piste d'atterrissage de l'île de Sainte-Hélène, un territoire britannique au sud de l'océan Atlantique, ont révélé "des conditions de vent dangereuses à l'approche de l'aéroport"  rapporte le Guardian. Le phénomène de "cisaillement du vent" (*) a été observé sur l'île en 1836 par le naturaliste Charles Darwin et reste donc bien connu des habitants. Un vol test réalisé au mois d'avril dernier d'un Boeing 737-800 exploitée par Comair, une filiale de British Airways illustre les difficultés du pilote à atterrir  L'avion est obligé de s'y reprendre à trois reprises pour réussir à atterrir sur cette piste d'une longueur de 1.950 mètres.

A la suite de ce test, les autorités insulaires avait publié un post sur Facebook pour préciser le report de l'inauguration officielle de l'aéroport.

Le département du Développement international, qui a porté le projet pour soutenir le tourisme et aider ce territoire de 4.100 habitants aimerait que l'aéroport puisse s'autofinancer. Pour ce faire, l'institution a fait appel à des experts pour surmonter les problèmes de vents et veut "fournir le meilleur service possible" ajoute-t-elle dans une déclaration officielle. Le problème est que les études sur les vents ont été réalisées "après la construction de la piste d'atterrissage" regrette Henry Lawson, le président de la chambre de commerce cité par Le Point.

L'île de Saint-Hélène, où l'Empereur Napoléon mourut dans son exil en 1821 attire les touristes pour "ses paysages spectaculaires, ses eaux préservées et son incroyable ciel clair" comme l'explique le site officiel de l'administration de l'île. Mais à l'heure qu'il est, l'un des seuls moyens de rejoindre ce territoire demeure la voie maritime. Le bateau postal, Royal Mail Ship St Helena assure la liaison en cinq jours avec le Cap pour la somme de 600 euros.

Une inauguration déjà reportée

Ce n'est pas la première fois que cet aéroport connaît des difficultés. Comme le rapporte le site d'information sur le transport aérien air-journal, l'inauguration de l'infrastructure initialement prévue le 21 mai dernier en présence du prince Edward, fils de la reine Elizabeth II a déjà été repoussé une fois. Le gouvernement de l'île expliquait  il y a plusieurs mois que "davantage de travaux de sécurité sont nécessaires" dans un communiqué.

Le groupe de juristes interrogé par Bloomberg presse le gouvernement pour établir les responsabilités dans ces échecs répétés. Il a également appelé le secrétaire au Développement Priti Patel à proposer une stratégie chiffrée pour rendre l'aéroport utilisable le plus rapidement pour les vols commerciaux.

"L'une des premières choses que le secrétaire d'Etat a fait pendant l'été est de mettre en place des actions concrètes pour rendre l'aéroport utilisable et de s'assurer des leçons tirées du projet," ont déclaré les autorités britanniques . "Le secrétaire d'Etat est clair : nous allons tenir les promesses engagées pour l'île et nous allons identifier les échecs". Des projets de sécurisation sont donc à l'ordre du jour. Ce qui pourrait alourdir la facture déjà bien élevée de cette infrastructure.

(*) Le cisaillement vertical des vents est la différence, à une même coordonnée géographique, mais à des altitudes différentes, de direction ou de force des vents. Le cisaillement vertical des vents (et le cisaillement des vents en général) est particulièrement redouté des pilotes d'avions, rendant l'atterrissage particulièrement périlleux.

Grégoire Normand

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Commentaires 7
à écrit le 26/12/2022 à 15:10
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Pas d études sur les vents, bref il faut agrandir le petit bout de piste à 45 degrés, c est lamentable, cela devrait éviter d utiliser des avions de luxe des pilotes de luxe

à écrit le 16/12/2016 à 12:21
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Du tourisme ?...moi je dirais un porte avions pas très loin des Malouines et son pétrole . Les Argentins veulent remettre la main dessus , alors de là à penser.....mais bon il en faut pour tout le monde .

à écrit le 16/12/2016 à 11:58
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La Tribune devient illisible. La page est rafraîchie toutes les 5 secondes (vous voulez faire du HFT ou quoi?) et elle saute d'un endroit à l'autre.

à écrit le 16/12/2016 à 9:25
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Il existe une solution relativement simple pour resoudre ce probleme de cisaillement ayant pour cause les vents. Pour ce faire, Demander conseil au specialiste qu'est le Donald americain, dans la construction des murs. Un grand mur etabli tout du lo...

à écrit le 16/12/2016 à 9:21
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Vous ne savez plus quoi dire contre l’Angleterre c'est incroyable, on dirait vraiment que le fait qu'ils se sortent très bien du brexit vous embête au plus haut point, ce que l'on peut comprendre quand on a vu ce tsunami de haine médiatique déversée ...

à écrit le 16/12/2016 à 7:57
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Le problème tient donc aux conditions météorologiques de cette ile volcanique, pas la peine d'en faire des gorges chaudes. En revanche, qui se souvient de cet aéroport international financé et construit par l'Union Européenne en Palestine mais complè...

le 16/12/2016 à 10:03
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Vous oubliez Châlons-Vatry et Willy Brandt Berlin

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