Munitions pour l'Ukraine : Thierry Breton fait feu de tout bois

Le commissaire européen en charge du marché intérieur (industrie, numérique, défense, espace...) estime possible que l'industrie de l'armement produise dans douze mois 1 million d'obus par an en Europe. Thierry Breton joue une partie serrée.
Michel Cabirol
« En parcourant l'Europe, j'ai pu me rendre compte, au plus près, de la capacité européenne de production, a expliqué Thierry Breton. Nous n'avons rien à envier à nos partenaires. Mais en matière de défense, nos industriels doivent désormais passer en mode économie de guerre ».
« En parcourant l'Europe, j'ai pu me rendre compte, au plus près, de la capacité européenne de production, a expliqué Thierry Breton. Nous n'avons rien à envier à nos partenaires. Mais en matière de défense, nos industriels doivent désormais passer en mode économie de guerre ». (Crédits : STRINGER)

Thierry Breton fait feu de tout bois pour livrer des munitions à l'Ukraine. La Commission européenne va proposer ce mercredi un instrument financier pour pousser la capacité de production de munitions de l'Union européenne (UE) à un million d'obus par an afin d'en livrer à l'armée ukrainienne puis de reconstituer les stocks (y compris stratégiques) dans les pays concernés. « Je suis confiant que d'ici à douze mois, nous pourront monter notre capacité de production à 1 million de munitions par an en Europe », a assuré mardi le commissaire européen en charge du marché intérieur (industrie, numérique, défense, espace...), qui a fait un tour d'Europe au pas de charge pour auditer les capacités de production de munitions des pays de l'UE.

« En parcourant l'Europe, j'ai pu me rendre compte, au plus près, de la capacité européenne de production, a expliqué Thierry Breton. Nous n'avons rien à envier à nos partenaires. Mais en matière de défense, nos industriels doivent désormais passer en mode économie de guerre ».

Ce nouvel instrument, baptisé Acte, sera doté de 500 millions d'euros, dont 260 millions proviendront du Fonds Européen de la Défense (FED). Il permettra de co-financer les investissements des industriels pour augmenter la production de munitions d'une quinzaine d'entreprises européennes dans onze états membres. L'argent mis sur la table est censé donner à l'UE une autonomie dans la production de munitions et mettre son industrie en capacité de répondre à des conflits de haute intensité, comme celui en Ukraine. « L'Acte que nous proposons est sans précédent, a souligné Thierry Breton. Il vise à soutenir directement, avec de l'argent de l'Union, l'effort de montée en cadence de notre industrie de défense, et ce pour l'Ukraine et pour notre propre sécurité ».

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UE : le coût de l'inaction se mesure en vies humaines

Les troupes ukrainiennes utilisent effectivement des munitions à un rythme plus élevé que le niveau de production des alliés occidentaux de Kiev. Elles tirent en moyenne 150.000 obus par mois. Depuis l'appel lancé le 9 février par le président Volodymyr Zelensky, les pays de l'UE ont fourni à l'Ukraine près de 40.000 obus et plus d'un millier de missiles pour leurs armes de défense anti-aérienne et anti-chars, selon l'AFP. Mais ces données correspondent aux demandes de remboursement soumises par les États membres. Elle ne reflètent pas la réalité des fournitures couvertes par le secret défense, explique l'AFP. « Pour l'Ukraine, le coût de l'inaction (de l'UE, ndlr) se mesure en vies humaines », avait regretté sur Twitter le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba.

« L'incapacité de l'UE à mettre en œuvre sa propre décision sur l'achat conjoint de munitions pour l'Ukraine est frustrante. Il s'agit d'un test pour savoir si l'UE dispose d'une autonomie stratégique dans la prise de nouvelles décisions cruciales en matière de sécurité. Pour l'Ukraine, le coût de l'inaction se mesure en vies humaines », avait-il expliqué sur Twitter le 20 avril..

Pourquoi une aide à l'industrie de la défense

Selon Thierry Breton, la filière munitions européenne « n'a pas aujourd'hui l'envergure pour répondre au besoin sécuritaire de l'Ukraine et de nos États Membres. Mais elle a tout le potentiel pour le faire. Nous pouvons et devons la relancer pour l'adapter au besoin de conflit à haute intensité ». Pour autant, a reconnu Thierry Breton, l'Europe a  su conserver « une base industrielle conséquente et diversifiée de production de munitions ». Un point très important pour la France, qui a insisté pour que la production soit effectuée en Europe dans le cadre de sa stratégie de disposer d'une industrie de la défense forte en Europe. Les obus d'artillerie, particulièrement les obus de 155mm, sont indispensables à l'Ukraine face à la Russie.

Les membres de l'UE sont convenus d'acheter les munitions auprès de firmes basées dans le bloc ou en Norvège, qui a des liens économiques étroits avec celui-ci. Cette position a frustré plusieurs pays de l'UE, dont l'Allemagne, les Pays-Bas et la Pologne, qui ont exprimé leurs doutes sur la capacité de l'industrie européenne à produire suffisamment de munitions en un temps réduit. Thierry Breton joue là une partie très serrée. « Pour soutenir l'Ukraine à très court terme, nous devons continuer à donner de nos stocks. Mais nous devons aussi reprioriser la production actuelle pour l'orienter vers l'Ukraine en priorité », a donc martelé le commissaire européen.

Troisième volet du plan d'action européen

Cette proposition de la Commission est le troisième volet du plan d'action approuvé fin mars par l'UE. Ce plan en trois piliers a pour objectif de répondre à l'urgence en Ukraine : si les pays européens cèdent à nouveau des munitions (pilier 1), il faut qu'ils aient l'assurance de pouvoir les renouveler très rapidement à travers des achats communs en quelques mois (pilier 2). Ainsi, l'Union européenne va consacrer 1 milliard d'euros pour chacun des piliers 1 et 2 via la Facilité européenne de paix (FEP), qui devrait rembourser les cessions d'obus à l'Ukraine à hauteur de 66% de leur valeur.

Le troisième volet, qui est consacré au soutien à l'industrie européenne de défense, sera quant à lui directement financé par le budget de Thierry Breton. Les commandes seront passées en septembre aux industriels dont la production est réalisée dans l'UE et en Norvège. « Avec cet Acte, nous complétons l'Europe de la défense, a assuré le commissaire européen. Après le soutien à la coopération en matière de Recherche et Développement (Fonds européen de défense), et le soutien à l'achat commun (EDIRPA), nous proposons de soutenir la base industrielle productive de défense ».

Michel Cabirol

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Commentaires 20
à écrit le 06/05/2023 à 12:06
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Bonjour, nous remercions Mr Breton des efforts entreprises dans notre union pour développer un semblent de coopération industrielle, car malheureusement, je trouvent qu'ils n'est pas beaucoup contenus dans ses efforts... Car avant tous , les lign...

à écrit le 03/05/2023 à 20:31
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Rappelons nous que T Breton a été proposé à l'UE par Macron, il s' agit là sûr de soutenir la politique des faucons us constituant l' oligarchie occidentale belliciste à l' encontre de la Fédération de Russie. Curieusement M ...

le 03/05/2023 à 22:57
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Qui peut croire votre prose bubonique comme la peste .. qui a envahie qui ? Qui a volé, commis des viols , deportes des gosses et assassines des civils ??? Les russes !! Le jour ou la Russie sera démocratique avec une pluralité on vous écoutera . ...

le 04/05/2023 à 9:56
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@Réponse de @bubon " Le jour ou la Russie sera démocratique avec une pluralité on vous écoutera ." Elle a tenté la Russie avec Gorbatchev ,avec la fin du mur de Berlin et l'ouverture à l’ouest à l'époque ,résultat des courses ,l'Otan a progres...

à écrit le 03/05/2023 à 18:11
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Thierry Breton a un bon côté: quand il se saisit d’un sujet et veut obtenir des résultats il est très efficace. C’est une bonne chose, dans le cas présent, car il y a urgence. Une défaite de l’Ukraine est inenvisageable.

le 03/05/2023 à 22:32
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Bien sûr que l'Ukraine ne doit pas perdre. Mais il va bien falloir finir par faire la paix. Vous voulez que l'Europe, grâce à l'Otan, fasse la guerre à la Russie pour que l'Ukraine gagne ? Comme pour la Serbie contre l'empire austro-hongrois en 191...

le 03/05/2023 à 22:48
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Ce que vous avancez s’inscrit dans un autre tempo, qui n’a rien à voir avec le présent. Les Russes ont attaqué. Ils occupent des territoires où ils n’ont rien à faire. Qu’ils en partent. Là, il sera temps de faire la paix. Travestir la réalité se pai...

à écrit le 03/05/2023 à 15:04
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Je n'en de mords pas suite à un reportage des ukrainiens viennent voler sur nos chantiers dont celui des J.O. du matériel BTP que l'on retrouve à Kiev vol dans toute l'Europe. Je souhaite avec insistance que nos politiques recadrent, dont M.Breton , ...

le 04/05/2023 à 12:11
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Le vol sur les chantiers n'a pas commencé avec la guerre en Ukraine. Ils se sont multipliés depuis l'entrée des pays de l'Est dans l'UE au début des années 2000 (Roumanie, Bulgarie,...). Le niveau de vol et de corruption est très élevé dans ces pays ...

à écrit le 03/05/2023 à 13:38
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Une des raisons de la délocalisation de la production des munitions, c'est la réglementation notamment écologique,qui entrave la production européenne !!! Exemple : l'usage du plomb dans les munitions... grâce à nos chers (et même couteux) écologiste...

à écrit le 03/05/2023 à 13:14
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Si c'est Thierry Breton qui s'en occupe, l'Ukraine n'a pas fini d'attendre...

à écrit le 03/05/2023 à 13:10
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Lapsus révélateur ou fait exprès ? "faire feu de tout bois" signifie bruler ses dernières cartouches...

le 03/05/2023 à 13:20
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mais quand vont ils aller en ukraine pour combatres les planquets ose donner des conseil mais jamais aleer sur le terrain pour en decoudre et demain les memes irons manger a moscou et meme recevoir leur obole

à écrit le 03/05/2023 à 12:36
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Bonjour, La question est de savoir si nous en avons vraiment la volonté... Mais la question est de savoir à quel prix cela vas nous être vendu... Car plus ons en achète et moins s'est chère... Bien sûr ils ne faut pas le dire....

à écrit le 03/05/2023 à 11:40
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Pour nous contribuables c'est une nouvelle taxe UE et une taxe dont le revenu nous concerne pas , un impôt qui ne sera pas redistribué sous une forme ou une autre . Ce Breton est une plaie , une calamité

le 03/05/2023 à 12:33
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C'est pas une nouvelle taxe. Le budget EU a été voté en 2020 pour 7 ans (MFF ou cadre financier pluri annuel) après un mois de bagarres entre les "frugaux" (NL, Fin, Suède..) et les plus dépensiers (F, I..) L'argent ne peut que venir de ces budgets d...

le 03/05/2023 à 13:40
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"Une taxe dont le revenu ne nous concerne pas" !! La Liberté, c'est peut-être quelque chose qui ne vous concerne pas... mais c'est ce que menace l'impérialisme russe !

à écrit le 03/05/2023 à 10:14
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Ce type, Thierry Breton, se prend pour un représentant officiel des peuples des pays d'Europe alors qu'il n'a strictement aucune légitimité démocratique ! Ses incitations répétées à la guerre et celles de ses coreligionnaires (Ursula von der Leyen, J...

le 03/05/2023 à 13:43
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Bravo ! vous avez bien appris la leçon du camarade Putin !

le 03/05/2023 à 14:10
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D(accord avec cela: CONTRE toute fourniture d’armes à des belligérants hors zone UE. Nous n’avons pas fait l’UE pour cela, nous souhaitons être le plus loin possible de tout conflit, nous exigeons que soit respecté le principe de base de l’UE: mettre...

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