Pétroliers ravitailleurs, porte-avions : les grands projets de Florence Parly pour Saint-Nazaire

Le ministre des armées prévoit à Saint-Nazaire sur une période d'environ quinze ans la construction de quatre pétroliers ravitailleurs et du futur porte-avions de nouvelle génération (PANG).
Michel Cabirol
Quatre Bâtiments Ravitailleurs de Force (ici sur la photo) vont être construits dans les Chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire entre 2020 et 2029.
Quatre Bâtiments Ravitailleurs de Force (ici sur la photo) vont être construits dans les Chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire entre 2020 et 2029. (Crédits : Naval Group)

Déprimés par la crise qui frappe très durement le marché de la croisière, les Chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire peuvent compter sur les grands projets de la ministre des Armées Florence Parly pour pérenniser un minimum de charge de travail. Le ministère prévoit à Saint-Nazaire sur une période d'environ quinze ans la construction de quatre pétroliers ravitailleurs et du futur porte-avions de nouvelle génération (PANG), dont le coût est estimé entre 7 et 9 milliards d'euros selon nos informations. Cela donnera de la visibilité et de l'espoir aux Chantiers de l'Atlantique aujourd'hui plombé par la crise économique qui s'annonce très brutale. Au-delà, c'est également pour le ministère l'illustration de "la remontée en puissance de nos armées, c'est l'avenir de notre Marine nationale, c'est notre autonomie stratégique", a souligné la ministre lors de sa venue à Saint-Nazaire.

"C'est un grand bonheur, car par le bruit de l'activité qui envahit ces espaces infinis, je constate qu'un vent de vie souffle sur les Chantiers de l'Atlantique : et c'est exactement ce dont nous avons besoin en ce moment", a d'ailleurs expliqué la ministre des Armées, Florence Parly présente à Saint-Nazaire pour la découpe de la première pièce d'acier de la coque du premier des quatre Bâtiments Ravitailleurs de Force (BRF), qui portera le nom de Jacques Chevallier et sont destinés à la marine nationale.

La commande évaluée à 1,7 milliard d'euros portant sur la construction des quatre bâtiments a été notifiée en janvier 2019 au Groupement Momentané d'Entreprises constitué par Chantiers de l'Atlantique et Naval Group. Les BRF commandés pour la marine française seront basés sur la conception du LSS Vulcano italien.

Parly promet la construction du porte-avions à Saint-Nazaire

La ministre des Armées compte également sur les Chantiers de l'Atlantique pour lancer le futur porte-avions de la marine nationale. "C'est ici, à Saint-Nazaire que sera construit le porte-avions de nouvelle génération, qui succédera au Charles-de-Gaulle en 2038, a promis Florence Parly. Elle prévoit "en 2036" les "premiers essais à la mer". "Les travaux préparatoires menés par la DGA, la Marine et les industriels ont déjà permis d'esquisser les contours du porte-avions de nouvelle génération. Il est encore trop tôt pour dévoiler des dessins précis", a-t-elle expliqué.

"Nous aurons encore des choix à faire et des décisions à prendre, notamment en ce qui concerne le mode de propulsion. Je ferai prochainement des propositions au président de la République", a-t-elle précisé.

Lors d'un Comité ministériel d'investissement (CMI), qui s'est déroulé fin février, le ministère des Armées a arbitré en faveur d'un porte-avions de nouvelle génération (PANG) de 70.000/75.000 tonnes doté d'une propulsion nucléaire plutôt que classique, selon des sources concordantes. C'est ce que la ministre Florence Parly recommande au président de la République, qui tranchera en juin à l'occasion d'un conseil de Défense. "Un porte-avions, c'est un des objets les plus complexes à concevoir et à construire : nous aurons donc besoin de tout le monde", a estimé la ministre.

Quatre nouveaux pétroliers ravitailleurs

Quatre nouveaux BRF (31.000 tonnes), contre seulement trois aujourd'hui en service, seront livrés en 2022 pour le premier, 2025, 2027 et 2029 pour les suivants, qui auront pour nom des ingénieurs du génie maritime : Jacques Stofkopff, Emile Bertin et Gustave Zédé. Ils auront une capacité d'emport de carburant plus importante (13.000 m3) dans le respect des normes environnementales, et une capacité accrue d'embarquement d'un état-major pour conduire nos opérations navales. Ces quatre bâtiments, qui pourront à bord accueillir 190 personnes, dont 130 membres d'équipage et 60 passagers, auront une double coque pour protéger les océans de tout incident pétrolier.

"Le remplacement de nos trois pétroliers ravitailleurs actuels avait bien trop tardé, a estimé Florence Parly. Cette fonction est pourtant critique au sein du groupe aéronaval et plus généralement pour garantir la durée et la résilience de nos opérations navales".

Un programme européen

Ce programme est le fruit d'une coopération européenne entre les Chantiers de l'Atlantique, Naval Group et Fincantieri. Responsables de l'intégration et du montage des systèmes embarqués, les Chantiers assurent l'ensemble de la conception et de la construction des quatre navires. Naval Group est chargé de concevoir, de développer et d'intégrer les systèmes militaires du navire. Le système de combat des quatre bâtiments, architecturé autour du Système de Direction de Combat Polaris (Naval Group), permet d'assurer la protection contre les menaces rapprochées et de mener la lutte contre les menaces asymétriques.

Ce programme franco-italien est sous le pilotage de l'OCCAr (Organisation conjointe de coopération en matière d'armement) pour le compte de la Direction générale de l'armement (DGA) et de son homologue italien Navarm. La France avait rejoint le programme Logistic Support Ship (LSS), dont l'Italie avait confié la gestion à l'OCCAR. "C'est une preuve de plus qu'on peut agir ensemble, optimiser nos efforts, tout en réduisant les coûts", a estimé Florence Parly. Pas sûr pour autant que cela soit suffisant pour lutter contre le futur rival allemand, issu de la consolidation allemande entre Lürssen et German Naval Yards Kiel, qui va devenir très performant à moyen terme.

Michel Cabirol

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Commentaires 5
à écrit le 20/05/2020 à 14:27
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Sage réflexion de notre Ministre de la Défense. Car les paquebots de croisière, outre leur pollution olfactive, sonore et visuelle, sont devenus des foyers à coronavirus. Les images des passagers bloqués à bord ont fait le tour du monde. Le marché ...

à écrit le 18/05/2020 à 20:55
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Ne pouvons nous pas construire des cargos ravitailleurs militaire , mis en location dans une société civile pour exploitation commerciale et disponible en cas de mobilisation ... Un systeme proche du systeme anglais . Pour se qui est du nouveau po...

à écrit le 18/05/2020 à 19:23
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Ces bâtiments étaient déjà programmés... mais c'est toujours bon de confirmer

à écrit le 18/05/2020 à 18:31
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SI cela pouvait rayer de la carte la fabrication de ces bateaux croisières d'une aberration totale, si même on pouvait en interdire l'économie et les recycler en n'importe quoi pour l'armée ou autres même, ce ne serait pas du luxe. Construire des...

le 18/05/2020 à 23:54
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L'industrie chinoise est la plus grande polluant dans le Monde.

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