Vente de Safran Identity & Security : le volet industriel sera clé

Les candidats au rachat des activités de sécurité de Safran, qui sont regroupées au sein de Safran Identity & Security (ex-Morpho), doivent remettre ce vendredi leur offre engageante au groupe dirigé par Philippe Petitcolin.
Michel Cabirol
Pour avoir une chance de racheter le pôle sécurité de Safran, les cinq candidats devront certainement soumettre une offre supérieure à 2,1 milliards d'euros

Tic-tac, tic-tac, tic-tac... Les candidats au rachat des activités de sécurité de Safran, qui sont regroupées au sein de Safran Identity  & Security (ex-Morpho), doivent remettre ce vendredi leur offre engageante au groupe dirigé par Philippe Petitcolin, qui souhaite se recentrer dans l'aéronautique et la défense. Cinq candidats, qui ont formé des alliances franco-américaines, restent en course et a priori aucun d'entre eux ne devraient se désiste en dépit de l'important investissement financier consenti pour proposer la meilleure offre financière et industrielle possible à Safran et auprès de ses banques-conseil, Lazard, Société générale et Athena.

Un troisième round?

Y aura-t-il un troisième "round"? Pas sûr. Si une offre se détache, la décision sera facile à prendre pour désigner le vainqueur de la compétition. En revanche, si deux ou trois offres sont sensiblement équivalentes, Safran n'hésitera pas à lancer une nouvelle compétition entre les candidats à nouveau retenus... même si le groupe souhaite clore le plus rapidement possible cette période d'incertitude pour les salariés de Safran IS.

Une transaction sous la surveillance de l'État français, soucieux actuellement ne pas voir de nouvelles pépites et technologies s'envoler à l'étranger et qui ne souhaite pas rééditer le fiasco de la prise de contrôle par les Américains de Gemplus (devenu... Gemalto). Mais l'État, qui détient 15,4% du capital de Safran, n'a aujourd'hui qu'une influence limitée au conseil d'administration.

Cinq prétendants

Il s'agit du groupe français spécialisé dans la fabrication des cartes à puce et dont le siège social est aux Pays-Bas, Gemalto, du fonds américain Advent, qui s'appuie sur Oberthur Technologies, de l'alliance entre Impala, la société d'investissement de l'industriel Jacques Veyrat et le fonds américain KKR, du consortium mené par un autre fonds américain, Bain Capital, avec le français Ardian, et enfin du fonds européen CVC Capital Partners, associé à Astorg.

Tous lorgnent avec appétit le pôle sécurité de Safran, bâti à partir du rachat de Morpho par Sagem en 1993. Ce dernier a réalisé en 2015 un chiffre d'affaires de 1,878 milliard d'euros (dont 15% dans la détection) et a dégagé un bénéfice opérationnel courant de 151 millions d'euros. Safran IS générerait environ 100 millions de cash par an. Safran employait 8.667 personnes dans ce pôle sécurité fin 2015.

Une offre financière et... industrielle

Pour avoir une chance de gagner, les candidats devront certainement soumettre une offre supérieure à 2,1 milliards d'euros en dépit de quelques petites surprises désagréables découvertes à l'ouverture des comptes de la filiale de Safran. Mais le volet industriel sera également clé.

C'est certainement un avantage pour les deux industriels - Gemalto et Oberthur qui fusionnera avec Safran IS sous le contrôle d'Advent -, qui sauront en principe bien intégrer les activités rachetées dans leur giron. En revanche, la période d'obtention des agréments des différentes autorités de la concurrence risque d'être longue. Trop longue pour la patience de Safran, un peu échaudé par la longueur de la vente de l'activité de Morpho Detection au britannique Smith Group?

Démontrer sa capacité à développer Safran IS

Ce qui intéresse en outre Safran - surtout avec la jurisprudence Alstom -, c'est de vendre à un candidat qui sera capable de développer l'activité et de pérenniser, voire d'augmenter l'emploi. Car la direction veut éviter toute polémique a posteriori. Le gagnant devra donc démontrer à la direction du groupe qu'il fera mieux que Safran en y investissant plus et en ayant plus d'expertise.

Cet aspect du dossier devrait être décortiqué en priorité par les banques-conseil. Les fonds d'investissements vont par conséquent devoir jouer serrer sur l'activité cartes à puces de Safran IS (15% environ du chiffre d'affaires), sous la taille critique et qui ne les intéresse pas. D'autant que l'activité cartes à puces va être en nette perte de vitesse ces prochaines années. Ils se dirigent vers une vente, voire un adossement à un industriel du secteur, qui pourrait être... Gemalto.

Tous les candidats devront également démontrer leur capacité à investir sur le long terme... après avoir déboursé plus de deux milliards d'euros pour s'offrir cette ensemble de pépites. Par exemple, les fonds Bain et Ardian ont déjà ciblé un potentiel d'un milliard d'euros d'investissements dans le domaine de l'identité et la sécurité pour renforcer et développer Safran IS. Les deux fonds comptent investir plus de 100 millions d'euros par an dans la transformation de Safran IS.

Michel Cabirol

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Commentaires 2
à écrit le 15/09/2016 à 12:50
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"Vendre à un candidat qui sera capable de développer l'activité et de pérenniser, voire d'augmenter l'emploi. Car la direction veut éviter toute polémique a posteriori". Pensez vous sérieusement que le repreneur va pérenniser et augmenter sa présenc...

à écrit le 15/09/2016 à 9:46
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Une fois cette vente réalisée, Safran pourra s'attaquer au dossier Zodiac mais ne devra pas trop trainer pour profiter de l'érosion du titre.

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