"Nous lançons la première "e-boutique" de luxe en trois dimensions"

Le leader du prêt-à-porter masculin, Ermenegildo Zegna, a inauguré ce mercredi à Paris son premier vaisseau amiral pour la France et donne le coup d'envoi de son nouveau site d'"e-commerce" mondial.
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Les acteurs du luxe sont plutôt en retard sur Internet. En quoi votre nouveau site Zegna In Store, lancé ce mercredi, est différent ?

Zegna In Store sera le premier site de luxe en trois dimensions. Mélange d'Internet, de cinéma et de jeu vidéo, il permet au consommateur de faire ses courses comme s'il marchait dans un magasin. Et l'actrice Milla Jovovich l'accompagne dans ses achats ! Nous travaillons sur ce projet depuis un an. La société Yoox est notre partenaire pour toute la partie logistique et nous avons développé le contenu. Je crois vraiment à Internet comme un réseau de distribution du futur, complémentaire des magasins, notamment pour donner accès à notre marque dans les petites villes du Dakota. Ce nouveau site est lancé aujourd'hui en Europe, aux États-Unis et au Japon. Bientôt en Asie. À moyen terme, l'e-commerce pourrait peser 5 % de nos ventes.

À quoi attribuez-vous ce bond de 10,7 % à 14,6 % de votre marge opérationnelle en 2010 ?

Nous sortions d'une année 2009 très difficile avec des ventes en recul de 8 % et un profit très faible. Nous avons coupé dans les coûts, réduit les heures de travail et réorienté nos investissements vers les pays émergents. La Chine a connu une croissance de 40 % en 2010 et l'Asie représente 46 % de nos ventes. Là-bas, les consommateurs du luxe sont avant tout des hommes. Ils sont jeunes, aiment la mode. Du coup, notre ligne Luxury Upper Casual progresse de 30 % et Z Zegna et Zegna Sport ont aussi très bien marché. Si la seconde partie de l'année 2011 continue aussi bien que la première, nous devrions dépasser les 10 % de croissance des ventes. Je serais plus prudent pour 2012 car l'Europe et sa dette pourraient poser problème. Or, nous y réalisons encore 40 % de nos ventes.

Vous fêtez aujourd'hui vos 30 ans en France en inaugurant un vaisseau amiral rue Saint-Honoré à Paris. Pourquoi si tard ?

Paris est une des capitales du luxe mais notre priorité allait à l'Asie, à la Russie ou au Moyen-Orient. La nouvelle boutique va permettre de mieux séduire ces clients étrangers en visite dans la capitale mais aussi de mieux faire connaître la marque aux Parisiens en leur offrant plus de services. Nous aurons par exemple une "luxury room" à l'étage pour notre activité sur mesure. Chemises, costumes et, à partir de cet hiver, pulls et maille pourront être réalisés et livrés en quatre semaines depuis nos ateliers suisses et italiens.

Vous êtes l'un des seuls acteurs du luxe à produire une partie de vos collections en Turquie ou en Chine...

Nous ne fabriquons en Chine que pour des marques locales mais en aucun cas pour la nôtre, qui s'impose justement là-bas par le "made in Italy". Une partie de nos chemises est en effet réalisée en Turquie et notre collection Z Zegna au Mexique. Mais plus de 50 % de notre production se font en Italie et nous sommes la seule marque de luxe à intégrer toute la production, pour garantir la qualité, de la matière première jusqu'au point de vente.

Un nouveau joyau italien, Bulgari, vient de tomber dans des mains françaises, est-ce que cela vous attriste ?

Je trouve qu'ils ont fait un très bon coup en trouvant un partenaire phénoménal avec LVMH. C'est un bon équilibre pour l'intérêt de la famille et de la marque. Bien sûr, cela me chagrine de voir partir des Italiens à l'étranger mais d'autres comme Armani et bien sûr Zegna resteront indépendants et privés. Le secteur mode est encore très fort en Italie. La preuve, les marques françaises viennent se fournir chez nous.

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