Eugène Perma poursuit ses investissements. Le fabricant de produits capillaires qui détient les marques Eugène Color, Pétrole Hahn et Keranove va injecter 2 millions d'euros dans son usine Parchimy de Reims située dans la zone industrielle de Farman-Pompelle. « Nous allons consacrer cet investissement à une chaîne complète de production et de conditionnement. Elle sera opérationnelle à l'été 2013 », a dévoilé son président et actionnaire à 100%, Didier Martin, lors d'une conférence de presse ce jeudi 7 juin à Paris.

Six embauches

Cette ligne de production très automatisée débitera des produits de coloration capillaire, pilier de son activité aux côtés des shampooings et produits de soins. Financé à crédit, cet investissement permettra l'embauche de six personnes, portant à prés de 115 le nombre d'emplois dans cette usine ouverte en 2004. Eugène-Perma avait alors rassemblé ses sites de production à Reims dans un ancien centre logistique en fermant ses usines d'Espagne et d'Italie. « Depuis, nous avons consacré 15 millions d'euros à ce site », calcule Didier Martin.

L'inauguration de cette nouvelle ligne devrait porter les capacités de production de l'usine à 40 millions d'exemplaires, contre 35 aujourd'hui. Eugène Perma veut notamment doubler ses volumes de production de produits colorants pour soutenir l'offensive de Pétrole Hahn sur le marché des colorations pour hommes, l'extension de la gamme d'Eugène Color aux produits-mousse et le lancement prometteur d'Yzaé, référence sans ammoniaque arrivée sur le marché de la coiffure professionnelle en 2011, après Inoa (L'Oréal). En outre, le fabricant déjà connu pour ses produits grand public à bas prix va lancer Kera-Color, un produit de coloration low-cost destiné aux salons de coiffure.

La grenouille et le boeuf

En France, dans les grandes surfaces, sur un marché estimé à 400 millions d'euros, Eugène Perma ferraille avec L'Oréal, numéro un de la coloration avec sa marque Belle Color, et Henkel, groupe connue pour sa marque Schwarzkopf. Cette grosse PME - elle consacre l'équivalent de 3% de son chiffre d'affaires annuel (105 millions d'euros en 2011) à l'innovation - ne veut pas se comparer à ces géants. « Il ne s'agit pas de rejouer la grenouille et le boeuf », image Didier Martin qui, en 2007, après un placement en procédure de sauvegarde, a repris Eugène Perma à UBS Capital. L'heure est à la grande prudence. L'endettement d'Eugène Perma est aujourd'hui faible. « Mais la crise économique s'intensifie, au moins dans la tête des consommateurs : il y a aura probablement moins de shampooings dans les caddies », prédit Didier Martin. En Espagne et en Italie, l'impact de la crise se fait sentir. Les femmes délaissent les salons de coiffure pour se faire elles-mêmes, à la maison, leur coloration achetée en hypermarché. « Heureusement, nous sommes présents sur ces deux circuits », observe Didier Martin.

Mener des acquisitions 

Eugène Perma s'attend à des ventes stables en 2012, après un exercice 2011 en hausse de 3% par rapport à 2010. Son président espère pourtant améliorer sa marge brute d'exploitation, en la portant à 5,8% (contre 5,3% en 2011) et gonfler ainsi son cash-flow libre pour - qui sait ? - mener des acquisitions. « Ce sera dans le capillaire », précise Didier Martin, sans en dire davantage.