Crise alimentaire : l'ONU appelle à ne pas bloquer ou réduire les exportations de denrées

Face au risque de famines généralisées, touchant principalement les pays dépendants de leurs importations et ceux qui ne pourront subir un choc des prix, deux représentantes de l'Organisation appellent les pays à ne pas empêcher la sortie de nourriture. L'Ukraine annonce avoir perdu un quart de ses terres cultivables.
La guerre en Ukraine inflige de terribles souffrances au peuple ukrainien et a augmenté le risque de faim et de famine pour des dizaines de millions de personnes
"La guerre en Ukraine inflige de terribles souffrances au peuple ukrainien et a augmenté le risque de faim et de famine pour des dizaines de millions de personnes" (Crédits : Reuters)

Le scénario craint par l'ONU est-il en train de se réaliser ? Face au risque de voir se répandre "un ouragan de famines et un effondrement du système alimentaire mondial" dans le monde, selon les termes du secrétaire général Antonio Guterres dès la fin mars, l'Organisation des Nations Unies est, près de quatre mois depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, contrainte de tirer à nouveau la sonnette d'alarme face à la fermeture de certains pays sur leurs exportations de nourritures.

L'Ukraine étant le quatrième exportateur mondial de blé et de maïs, le blocus imposé par l'armée russe qui bloque les ports de la mer Noire, aggrave les besoins de certains pays. La Russie et l'Ukraine assurent à elles deux 30% des exportations mondiales de blé. Et le blocus a provoqué une flambée des cours des céréales et des huiles, dont les prix ont dépassé ceux atteints pendant les printemps arabes de 2011 et "les émeutes de la faim" de 2008.

"25 millions de tonnes de céréales destinées à être exportées sont toujours bloquées en Ukraine, et qu'on ne sait pas si ces 25 millions de tonnes, qui devraient ressortir dans environ un mois de la nouvelle campagne agricole, pourront quitter le pays", affirmait à La Tribune Diane Mordacq, chargée de recherche au Club Demeter.

Face à cela, deux dirigeantes onusiennes ont appelé lundi, dans une lettre ouverte, les pays membres de l'OMC à ne pas imposer de restrictions aux exportations de nourriture.

"La guerre en Ukraine inflige de terribles souffrances au peuple ukrainien et a augmenté le risque de faim et de famine pour des dizaines de millions de personnes qui sont sur le point de devenir ou sont déjà en situation d'insécurité alimentaire", écrivent la Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Michelle Bachelet et Rebeca Grynspan, la secrétaire générale de la Cnuced, organe des Nations unies chargé du commerce et du développement.

L'un des derniers pays à avoir pris ce type de mesures est l'Inde, qui a annoncé un plafonnement de ses exportations de sucre à partir du 1er juin, après déjà une interdiction de celles de blé.

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L'Ukraine face au blocus russe

Or, au 112ème jour de guerre, l'Ukraine annonce avoir perdu un quart de ses terres cultivables du fait de l'occupation russe de certaines régions, dans le sud et l'est.

Mais la sécurité alimentaire de l'Ukraine n'est, selon les autorités, par mise en danger. "Malgré la perte de 25% des terres cultivables, la structure des cultures semées cette année est plus que suffisante pour assurer la consommation" de la population ukrainienne, a affirmé lundi le ministre adjoint de l'Agriculture, Taras Vysotskiï, lors d'une conférence de presse.

Selon lui, "la consommation a, également, diminué en raison des déplacements massifs (de population) et des migrations externes", hors du pays. Plus de sept millions d'Ukrainiens sont déplacés à l'intérieur de leur pays, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR). S'y ajoutent 7,3 millions qui ont fui à l'étranger, dont plus de la moitié en Pologne.

Reste que si l'Ukraine affirme ne pas être la plus exposée, d'autres pays le sont davantage. Début juin, le président de l'Union africaine Macky Sall est venu plaider auprès de Vladimir Poutine la cause des pays africains, victimes collatérales de l'offensive russe en Ukraine. Selon l'ONU, les Caraïbes et l'Amérique latine se retrouvent aussi en première ligne.

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(Avec AFP)

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