PSA-GM : la grande alliance se vide de sa substance

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  708  mots
La remplaçante de la 208 devrait être développée sur la plate-forme "EMP1". Mais les synergies avec GM sont remises en cause (Crédits : <small>DR</small>)
La grande alliance stratégique de PSA avec GM a du plomb dans l'aile. Le projet crucial d'une plate-forme commune (d'origine PSA) sur petits véhicules est remis en cause. Les synergies sont revues à la baisse...

La grande alliance mondiale de PSA avec GM bat de l'aile. Contrairement aux annonces initiales, ce rapprochement à vocation mondiale s'était déjà cantonné... à la seule Europe. Mais, même sur le Vieux continent, le projet phare de la coopération PSA-GM est remis en cause! C'est au bas de son communiqué sur le chiffre d'affaires trimestriel que le groupe auto français indique laconiquement ce mercredi  : 

"Le projet de développement d'une plate-forme commune du segment B (petites voitures) avec GM fait actuellement l'objet d'un réexamen, de même que les dispositions correspondantes de l'accord de développement".

Synergies revues à la baisse

"Ce réexamen pourrait conduire à une révision à la baisse du montant annoncé de synergies annuelles à moyen terme (1 milliard d'euros pour PSA)", poursuit PSA. La plate-forme "EMP1" d'origine PSA pour futurs petits véhicule à destination de Peugeot, Citroën, Opel (filiale allemande de GM) et Vauxhall (marque soeur d'Opel pour le marché britannique) était pourtant le programme phare de la collaboration entre les deux groupes.

Quid de la taille critique?

Le premier modèle sur cette plate-forme devait arriver en 2018, d'après ce qu'avait annoncé le groupe tricolore lors de la présentation de ses résultats financiers annuels en février dernier. Le constructeur espérait même obtenir ainsi une vraie taille critique, en doublant les volumes sur la plate-forme autour de 1,8 million d'unités annuelles.

Solution économique pas trouvée

"On n'arrive pas à trouver l'équation économique", affirme PSA.  C'est du côté de GM que ça coince. PSA continuera toutefois de développer la plate-forme pour lui-même. "C'est grave, parce que, là, il s'agissait d'une plate-forme complète pour des véhicules à forts volumes. Les autres coopérations PSA-GM portent sur des seules silhouettes de véhicules", souligne un expert. Certes, le communiqué de PSA assure prudemment que "de nouveaux projets sont en cours d'analyse". Mais sans plus de précision.

Rien n'est prévu dans le haut de gamme

Contrairement à ce qui avait été évoqué à la fin du mois d'octobre 2012, les deux entreprises avaient déjà abandonné un travail commun sur le haut de gamme. L'étude un temps d'une remplaçante de la Citroën C5 de gamme moyenne supérieure sur une base Opel a aussi  été mise de côté. Et, du coup, le successeur de cette C5 a déjà pris un an de retard !

Monospaces conjoints

Les deux groupes ont en revanche mis sur pied une coentreprise pour leurs achats. Et ils continuent  à collaborer dans les monospaces. PSA et General Motors ont annoncé début octobre qu'ils allaient produire la prochaine génération de leurs petits monospaces dans l'usine GM de Saragosse, en Espagne Les premières voitures doivent être lancées...  fin 2016.

Négociations avec le chinois Dongfeng

Annoncé fin février 2012, le mariage PSA-GM n'a pas vraiment porté ses fruits. Un an et demi à peine après la publication triomphale des bans, le constructeur tricolore se voit d'ailleurs contraint de négocier un autre rapprochement... Avec le chinois Dongfeng, cette fois. Il est vrai que le milliard d'euros levé par PSA en mars 2012, dont plus de 300 millions déboursés alors par GM pour prendre 7% de PSA, a vite été englouti.

De l'argent frais à tout prix

Le groupe automobile français a en effet brûlé trois milliards d'euros de cash l'an dernier et devrait en avaler encore 1,5 milliard cette année. Le retour à l'équilibre promis initialement pour la fin 2014 n'est même plus évoqué par Philippe Varin, le président du constructeur tricolore. PSA doit trouver à nouveau de l'argent frais.

Or, l'allié américain a réitéré à plusieurs reprises qu'il ne souhaitait pas remettre au pot. S'il ne bouge pas, le groupe de Detroit risque même de se trouver dilué lors de la prochaine augmentation de capital de PSA qui se profile.

L'Etat français au capital

Les négociations tournent désormais autour d'une éventuelle entrée de Dongfeng, le partenaire de PSA en Chine, dans le capital du groupe hexagonal - accompagnée d'une entrée de l'Etat français. Le chiffre d'affaires groupe PSA au troisième trimestre 2013 a reculé de 3,7% à 12,1 milliards d'euros. Celui de la division automobile a chuté encore de 5,8% à 8 milliards.