Alfa Romeo lance son SUV Tonale, l'arme de son plan de reconquête

Cinq ans après le Stelvio, la marque automobile italienne lance enfin un nouveau modèle. Le Tonale doit incarner la nouvelle impulsion stratégique conduite par Jean-Philippe Imparato pour redresser Alfa Romeo. L'ancien patron de Peugeot y applique avec la même vigueur, le traitement de choc qui avait permis le spectaculaire redressement de la marque au lion.
Nabil Bourassi
Le Tonale doit incarner le renouveau d'une marque malmenée.
Le Tonale doit incarner le renouveau d'une marque malmenée. (Crédits : dr)

Pull col en V gris, chemise blanche... Voiture bleu pastel ou vert, fusillé par les projecteurs et scintillant le neuf... Ni l'équipe dirigeante, ni les modèles présentés n'arborent le rosso Alfa, cette teinte de rouge très caractéristique de la célèbre marque sportive italienne. Quelque chose a-t-il changé chez Alfa Romeo, l'un des satellites de la planète Stellantis depuis sa fondation il y a un an ? Car paradoxalement, Tonale qui vient d'être présenté dans sa version définitive trois ans après son concept-car (tout de rouge vêtu à l'époque) prétend défendre l'ADN de cette marque plus que centenaire: sportivité et sensualité.

Premier modèle en cinq ans

Ce nouveau modèle, le premier depuis cinq ans, veut incarner le renouveau d'une marque malmenée, qui a plongé dans un inexorable déclin ces dix dernières années faute de modèle (il n'y a plus que deux modèles disponibles en concession) mais qui conserve une incroyable notoriété. Avec Tonale, Jean-Philippe Imparato qui dirige Alfa Romeo depuis tout juste un an, veut entamer un programme de redressement et de transformation qu'il a appelé "Metamorfosi".

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L'exercice était difficile pour l'ancien patron de Peugeot, qui n'oublie jamais de rappeler qu'il "est né dans une Alfa Romeo". Un mois avant l'annonce du plan stratégique, très attendu, du groupe Stellantis auquel il appartient, Jean-Philippe Imparato n'a pas pu trop en dire. Sa nomination à la tête de cette marque dont les ventes se sont effondrées sous la barre des 70.000 immatriculations en dit long sur les ambitions de Carlos Tavares, patron et architecte du groupe Stellantis issu de la fusion entre Fiat-Chrysler et Peugeot. En plaçant celui qui a piloté le spectaculaire redressement de Peugeot, devenu l'une des marques les plus rentables d'Europe, montre toute la place qu'Alfa Romeo doit compter dans la dynamique de Stellantis.

Le "pricing power", la méthode qui a réussi à Peugeot

En un an, Jean-Philippe Imparato a déjà imprimé sa marque... La même que celle qui a fait le succès de Peugeot: baisse impitoyable des stocks en concession, fin des rabais, construction d'un nouveau plan produit focus sur le premium... Cette méthode a un nom, le "pricing power", ou capacité à défendre les prix. Elle permet de tirer les prix vers le haut avec un maximum d'options, mais également de réduire la dépendance aux promotions. Mais pour cela, il faut reconstituer un univers de marque qui s'appuie sur un plan produit de qualité.

D'ailleurs, le nouveau patron a annoncé un nouveau modèle par an jusqu'en 2026. Du jamais vu depuis des décennies chez Alfa... Pour la marque italienne, c'est une véritable reprise en main. Et la pression a changé de camp. Les volumes ne sont plus un critère de performance. La qualité du produit sera le focus de toutes les équipes. Et Tonale doit incarner cette nouvelle impulsion... Même s'il reste un vestige de l'époque Fiat-Chrysler, le nom du groupe auquel il appartenait avant sa dilution dans le groupe Stellantis.

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Ce SUV est construit sur une plateforme qui n'aura plus court dans le nouveau groupe, et sur laquelle ont été construits le Jeep Compass, le Renegade ou la Fiat 500X. Il disposera également de moteurs de l'ancienne maison. Mais Tonale sera le premier modèle qui impulsera l'électrification de la marque puisqu'il disposera de versions hybride rechargeable, mais également d'une petite hybridation 48 volts sur les versions de base pour gagner de la puissance en limitant les émissions de CO2. Pour rappel, Carlos Tavares a annoncé l'été dernier qu'Alfa Romeo basculerait dans le 100% électrique avant 2030.

Pas de cabriolets, mais un troisième SUV prévu

La marque turinoise a énormément souffert des crises qui se sont succédées depuis 2020 (crise sanitaire, puis pénurie des semi-conducteurs). La fin de la Giulietta en 2020 a amplifié la chute des volumes. En 2019, 17.000 de cette berline compacte avaient été produites pour 50.000 voitures vendues (chiffres Europe).

Jean-Philippe Imparato n'a pas donné davantage de détails sur le plan produit. Dans une interview à La Tribune en septembre dernier, il affirmait qu'en l'état, Alfa Romeo ne présenterait pas de cabriolets sportifs, une silhouette pourtant très demandée chez les fans de la marque. Un SUV de segment B a également été confirmé début 2021, suite à un accord avec les syndicats de l'usine Polonaise de Tychy.

Il faudra probablement attendre les annonces de Carlos Tavares qui présentera le 1er mars prochain son premier plan stratégique pour le groupe Stellantis, pour en savoir davantage sur les objectifs d'Alfa Romeo.

Nabil Bourassi

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Commentaires 2
à écrit le 09/02/2022 à 5:50
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Ce véhicule ne se vendra pas beaucoup trop cher, il arrive trop tard de plus le marché des SUV va se retourner amha

à écrit le 09/02/2022 à 4:47
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A defaut d'etre tonique, ce char est immonde en terme de design.

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