Il n'y avait plus tellement de suspense... Mais tout de même, la Commission européenne a donné des sueurs froides à Carlos Tavares et Mike Manley sur les conditions de la fusion des deux groupes automobiles qu'ils dirigent, PSA (Peugeot, Citroën, Opel, DS) et FCA (Fiat, Chrysler...). Après avoir enclenché en juin une phase deux dans son enquête de conformité concurrentielle, la Commission a fini par donner son feu vert à la fusion entre les deux groupes automobiles.
Toyota, autre gagnant de la fusion
En juin, la Commission avait émis des réserves sur les positions dominantes de Stellantis (le nom de la future entité) notamment dans le domaine des véhicules utilitaires. Le groupe s'est engagé à étendre le partenariat avec Toyota dont PSA sous-traite la production d'utilitaires légers. La nouvelle entité produira davantage de véhicules pour le compte du groupe japonais et pour moins cher. En outre, Stellantis facilitera l'accès de son réseau de maintenance aux utilitaires concurrents.
Le groupe PSA est historiquement l'un des leaders du marché des utilitaires légers en Europe avec pas moins de 25% de parts de marché. En fusionnant avec FCA, cette part de marché atteindrait les 34%, voire davantage sur certains marchés domestiques comme la France ou l'Italie. L'écart avec le numéro deux, Renault avec 16% du marché, soit moitié moins, a également justifié les inquiétudes de la Commission européenne.
Avec ce feu vert, Stellantis devrait être lancé le 4 janvier prochain à l'issue de deux assemblées générales des actionnaires des deux groupes. John Elkann, héritier de la famille fondatrice du groupe Fiat, les Agnelli, sera nommé président du conseil d'administration du nouveau groupe, tandis que Carlos Tavares dirigera le groupe en sa qualité de président du directoire. Mike Manley, actuel PDG de FCA, prendra les manettes du marché nord-américain.
Une fusion nécessaire ?
Annoncé fin 2019, ce rapprochement entre égaux doit donner naissance au quatrième groupe automobile mondial. Il disposera de pas moins de 12 marques principalement installées en Europe et aux États-Unis, pour un total de production de 8,7 millions de véhicules. Carlos Tavares estime que cette fusion pourrait créer pas moins de 5 milliards d'euros de synergies par an. Après avoir redressé PSA avec une marge opérationnelle parmi les plus élevées du secteur, l'ancien numéro deux de Renault a longtemps expliqué que cette profitabilité était menacée par les lourds investissements en matière de décarbonation, ou de voiture autonome. Le rapprochement avec le groupe italo-américain lui permet ainsi de franchir plusieurs seuils critiques, tout en accédant au marché nord-américain, le deuxième du monde après la Chine. Pour Fiat-Chrysler, le rapprochement avec le groupe PSA lui permet d'accéder à des plateformes modernes et multi-énergie, de nouvelles motorisations mais également à des méthodes d'industrialisation efficientes.
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