Renault : la crise c'est fini, comment Luca de Meo a remis le losange d'aplomb

Les résultats financiers du premier semestre démontrent que le groupe automobile français est parvenu à assainir son modèle économique, au point d'être capable d'absorber les chocs. Le revers russe ne l'a ainsi pas empêché de générer un haut niveau de trésorerie. Renault doit cette performance en grande partie à son renouveau commercial et produit, qui doit encore monter en puissance dans les prochaines années...
Nabil Bourassi
Renault fonde d'importants espoirs avec le lancement d'Austral pour encore améliorer sa marge opérationnelle et sa reconquête du segment des compacts.
Renault fonde d'importants espoirs avec le lancement d'Austral pour encore améliorer sa marge opérationnelle et sa reconquête du segment des compacts. (Crédits : Renault)

« J'aimerais que vous arrêtiez d'écrire que Renault risque de disparaître », a lancé Luca de Meo lors du point presse de présentation des résultats semestriels. Il faut dire que le patron du groupe automobile français venait juste d'annoncer des résultats d'excellente qualité, au point de relancer son action boursière avec plus de 6% de gains dans les tous premiers échanges après l'annonce. C'est une véritable victoire pour une entreprise dont l'action ne cesse de dégringoler depuis un an, assorti d'un plongeon après le retrait de Russie, le deuxième marché de Renault.

Résultats en avance

Car même si tout n'est pas rose dans ce semestre compliqué pour Renault (le retrait de Russie a coûté plus de 2 milliards d'euros dans le bilan du groupe, et fait plonger le résultat net dans le rouge à 1,36 milliards euros), il n'en reste pas moins que l'entreprise a mis ses principaux indicateurs financiers dans le vert. « Nous sommes en avance de trois ans », s'est réjoui Luca de Meo.

La marge opérationnelle a plus que doublé, à 4,7% contre 2,1% l'an dernier, la génération de trésorerie frôle le milliard d'euros, et la dette a été fortement réduite à moins de 500 millions d'euros... Le tout, dans un environnement sectoriel qui n'a jamais été aussi détestable: hausse des prix, baisse des volumes, pénuries de pièces... Pour autant, Luca de Meo l'affirme, Renault n'a jamais été aussi performant depuis dix ans.

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En réalité, les vrais indicateurs de performances structurels de Renault avaient déjà été publiés quelques semaines auparavant, à l'occasion des résultats commerciaux. Le 12 juillet dernier, la marque au losange annonçait avoir amélioré les principaux points de faiblesses commerciaux qui l'avaient conduit à la catastrophe il y a trois ans. D'abord, Renault a rééquilibré ses ventes aux particuliers, les plus rentables. Avec 53% des ventes, elles ont augmenté de 13 points sur le semestre. Cette performance permet de renouer avec le cercle vertueux de la hausse de la valeur résiduelle (le prix à la revente), qui était un autre point noir du groupe. En outre, Renault a repris la main sur l'électrification après avoir été leader, et de devenir obsolète, la marque au losange est de nouveau au-devant de la scène avec des produits performants: la technologie E-Tech ou encore la nouvelle Mégane électrique, saluée par la presse et dont le démarrage s'annonce prometteur.

Les grosses attentes d'Austral

Mais c'est la performance sur le segment des compacts qui ravit Luca de Meo. C'est l'une des lacunes qui lui avait sauté aux yeux en arrivant aux manettes du groupe en juillet 2020. Sur le semestre, la part des ventes consacrées à ce segment a augmenté d'un tiers, quasiment à 32%, du total. C'est l'Arkana qui a boosté les ventes. Mais Renault attend beaucoup d'Austral, qui sera commercialisé en fin d'année. Pour Luca de Meo, ce SUV compact doit faire oublier l'échec du Kadjar en améliorant significativement sa rentabilité unitaire avec un prix moyen de transaction supérieur de 25% et une marge doublée. « Austral disposera du meilleur moteur hybride du monde avec une efficience de 44%, et émettra 15 grammes de CO2 de moins que le meilleur produit du segment », assure Luca de Meo qui pense tenir là une véritable machine de guerre commerciale.

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Cette performance n'est pas circonscrite au seul périmètre Renault puisque Dacia et Alpine s'inscrivent également dans cette dynamique. La marque roumaine à bas coûts a vu ses ventes exploser sur le trimestre, au point d'approcher les 5% de parts de marché en Europe. Son nouveau Jogger, son SUV 5 à 7 places s'est vendu à 50.000 unités, soit le double des objectifs initiaux. Pour Dacia, c'est une façon d'aller glaner des plages de prix où il n'était pas présent. En outre, la marque a totalement déjoué l'écueil inflationniste, en répercutant quasiment l'ensemble des surcoûts sur les prix. Ainsi, les consommateurs n'ont pas été découragés. De son côté, Alpine se réveille enfin grâce à la création d'une écurie en Formule 1 à son nom qui lui donne une nouvelle visibilité.

De nouveaux gains de rentabilité en vue

Pour Luca de Meo, le groupe est désormais assis sur de nouveaux ressorts de performances qui n'ont pas fini de se traduire dans les comptes financiers. En reposant sa légitimité sur les segments supérieurs, Renault peut espérer davantage de rentabilité lorsque son plan produit aura atteint son rythme de croisière... Car pour l'heure, le renouvellement de la gamme n'en est qu'à ses débuts. Austral va, si le succès est au rendez-vous, supporter le groupe à partir de 2023. La nouvelle R5 prévue en 2023 promet également de renforcer la marque au losange sur le segment très dynamique des voitures électriques. En 2024, ce sera au tour d'un Scénic totalement remanié (et surtout devenu SUV) de dynamiser les ventes et la rentabilité. Dacia est également à la veille d'un plan produit extrêmement ambitieux avec l'arrivée d'un nouveau Duster, la cash-machine de la marque, l'an prochain, mais également du Bigster, pour aller sur le haut du segment. Enfin, tout le monde attend la suite chez Alpine avec un SUV...

En moins de trois ans, Luca de Meo a totalement refaçonné un Renault autrefois focus sur les volumes et le segment des citadines (Clio, Captur), vers un groupe obsédé par la création de valeur quitte à sacrifier des volumes. Ainsi, l'effet prix, c'est-à-dire la part du chiffre d'affaires qui augmente par le seul levier du prix et non du volume de vente, a encore augmenté de 7 points sur le semestre, après avoir progressé de 9 points en 2021. Mais, contrairement à ce que l'on peut croire, Renault profite aussi de la conjoncture puisque sur un marché qui n'arrive pas à délivrer la demande, le groupe français peut se permettre de choisir les modèles à vendre, et surtout n'octroyer aucune remise dans les ventes. Le véritable test pour le pricing power de Renault surviendra donc en 2023 lorsqu'aura disparu la pénurie des semi-conducteurs, et que le consommateur aura enfin le choix.

Nabil Bourassi

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Commentaires 9
à écrit le 01/09/2022 à 11:30
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C'est tellement fini qu'on parle de vendre la branche thermique soit l'essentiel des ventes aux islamo-gauchistes Geely/Aramco. Comme dirait l'autre, better dead than red...

à écrit le 02/08/2022 à 12:35
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Finie la crise. La bonne blague ! Renault s'enfonce toujours plus et est devenu un constructeur négligeable et fragile au niveau mondial. L’ambiance est exécrable, l'organisation tout entière ne fait que de la comm, ce qui ne fait pas une stratégie e...

le 03/08/2022 à 15:14
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Mr. WV qui sait tout...

à écrit le 31/07/2022 à 19:32
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"la crise c'est fini" ? On doit pas avoir les même infos. RENAULT = perte nette d'1,36 milliard d'euros au premier semestre 2022. Es Macron qui leur a demandé de se retirer de Russie ?

le 31/07/2022 à 19:47
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RENAULT a déclaré 8 milliards € de perte pour l'année 2020. Renault, c'est fini. Le contribuable devra til sortir 10 milliards , pour nationaliser la boite, comme avec EDF ?

à écrit le 31/07/2022 à 8:33
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Bonjour, Renault dois surtout investir dans des filières électronique et produire une voiture électrique a un prix responsables et honnête. Ils attendent que tous roule avec un modèle chinois ou indien .... Bien sûr ils ne faut pas le dire. D'aille...

à écrit le 30/07/2022 à 8:45
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Voilà qui peut rassurer les actionnaires a ne pas quitter l'entreprise trop vite mais sa fin est programmé!

à écrit le 29/07/2022 à 22:25
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Perte de 2,9 milliards sur l'Ukraine, hausse de 6 pourcent sur un titre qui s'est effondré... Je laisse l'action aux crédules.

à écrit le 29/07/2022 à 19:32
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Bravo ! Manager une entreprise ou les syndicats font la loi. En plus la crise Russe, et n'oublions pas le procureur Japonais que a voulu s'envoyer Mr Ghosn. Respect Mr De Meo.

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