La crise? Quelle crise? Chez Stellantis, ce mot ne transparaît absolument pas dans les résultats semestriels publiés ce jeudi matin. Le groupe automobile, né début 2021 de la fusion de Fiat Chrysler et de PSA, a annoncé des chiffres étonnants, et même mirobolants au regard du contexte sectoriel (forte hausse des matières premières, baisse des volumes due à la pénurie des semi-conducteurs...).
Des chiffres stupéfiants
Ainsi, la marge opérationnelle courante ressort à 14,1%, soit presque trois points de plus sur un an. En valeur absolue, elle augmente de 44% à 12,3 milliards d'euros. Le bénéfice net, lui, augmente de 34% pour se placer au chiffre stupéfiant de 8 milliards d'euros sur les seuls six premiers mois. Le flux de trésorerie n'en est pas moins spectaculaire puisqu'il passe d'une perte de plus d'un milliard il y a un an, à plus de 5,3 milliards de génération de trésorerie.
« Grâce à la résilience, à l'agilité et à l'esprit entrepreneurial de nos collaborateurs, et à la contribution de nos partenaires innovants, nous transformons Stellantis en tech company de mobilité durable prête pour le future", explique laconiquement Carlos Tavares, patron de Stellantis, cité dans un communiqué de presse.
Devant les journalistes, il s'est borné à déclarer que la qualité des performances financières de Stellantis était « le résultat de l'engagement des salariés dans l'exécution de la feuille de route stratégique". Un peu court comme explication alors que l'industrie automobile n'a jamais été autant soumise à un climat aussi délétère. D'ailleurs, les volumes de Stellantis étaient en baisse de 7% sur le semestre avec 3 millions de voitures. En 2021, l'entreprise avait déploré un volume manqué de 20% de ses ventes en raison de la pénurie des semi-conducteurs.
Avec l'électrique, Stellantis proche du leadership en Europe
Pour Carlos Tavares, la crise a obligé à privilégier les produits les plus hauts-de-gamme ou les versions les mieux équipées, avec un focus spécial sur l'électrification. C'est ce qui explique la très nette amélioration de la profitabilité. Le patron de Stellantis s'est ainsi targué d'être positionné, sur les voitures électriques en Europe, juste derrière le groupe Volkswagen avec un écart de moins de 3.000 voitures électriques alors que sur le marché dans son ensemble, le groupe franco-italien est quatre points derrière en termes de part de marché. Et de rappeler que la Fiat 500e est la première voiture électrique vendue en Allemagne (et en Italie), tandis que la Peugeot e208 est numéro un en France. Ainsi, au-delà des sous-performances en volumes (le groupe a perdu 2,3% de parts de marché en Europe, soit 300.000 voitures en moins), Carlos Tavares revendique ces prises de positions intéressantes (et lucratives) sur ces segments très dynamiques. D'ailleurs, la baisse du chiffre d'affaires (-2%) contraste avec la marge opérationnelle qui atteint 10,4% (contre 8,8% il y a un an) avec 3,2 milliards d'euros, sur le marché européen.
Des ventes en hausse en Amérique du Nord
Mais il n'y a pas que l'Europe dans la vie de Stellantis... Car l'Amérique du Nord, qui avait largement motivé la fusion entre PSA, totalement inconnu sur ce marché, continue d'être le premier pourvoyeur de performances: ventes qui augmentent de 86% (largement grâce aux nouveautés Jeep), un chiffre d'affaires en hausse d'un tiers et près de 7,7 milliards de marge opérationnelle, soit plus de la moitié du total. En Amérique du Nord, Stellantis enregistre une marge record de 18,1%, soit deux points de plus sur un an.
Carlos Tavares s'attend à une poursuite de ces performances sur le reste de l'année avec l'amélioration progressive des approvisionnements en semi-conducteurs dont une normalisation est attendue pour 2023.
Sujets les + commentés