Valeo : "Nous sommes confiants sur notre capacité à améliorer notre marge"

Valeo a présenté aux investisseurs réunis à Londres sa feuille de route améliorée à horizon 2021. Deux ans après avoir diffusé son plan stratégique sur cinq ans, l'équipementier automobile français fait face à une nette accélération sur plusieurs de ses métiers et doit revoir ses objectifs en nette hausse. Christophe Périllat, directeur des opérations, et numéro deux du groupe, répond aux questions de La Tribune.
Christophe Périllat estime que Valeo est très bien placé pour récolter les fruits de la triple révolution qui traverse la planète automobile.

LA TRIBUNE - En 2014, vous annonciez un plan stratégique à cinq ans avec un objectif de chiffre d'affaires à 20 milliards d'euros (il a été de 16,5 milliards en 2016). Deux ans après à peine, vous révisez nettement vos objectifs avec un objectif à 27 milliards. Aviez-vous été trop prudent ?

CHRISTOPHE PERILLAT - Nous avons depuis procédé à des acquisitions qui expliquent à elles seules 2 milliards de cette révision. En réalité, nous faisons face à une triple accélération du marché. Non pas du marché en lui-même puisque nous attendons une croissance du marché automobile mondial de 2 à 3 points par an. Je pense plutôt à la triple révolution qui a actuellement cours dans le monde automobile. Il s'agit de l'électrification, le véhicule autonome, et les nouvelles formes de mobilité. Et sur ces trois aspects, Valeo à la chance d'être bien placé. Nous avons les technologies et les prises de commandes.

Face à cette accélération, ne craignez-vous pas d'être pris de court ? 

Il y a bien entendu un enjeu à maîtriser notre croissance. Mais il y a chez Valeo une véritable méthodologie industrielle, normée et structurée. Sur la période précédente, entre 2010 et 2016, nous avons multiplié notre chiffre d'affaires par deux et triplé notre carnet de commandes. Valeo a ouvert 35 usines, étendu 32 autres, et embauché 36.000 personnes. Il y a un challenge majeur, mais Valeo peut compter sur sa culture d'excellence opérationnelle pour s'adapter.

Entre 2015 et 2016, votre marge opérationnelle a gagné quasiment 1 point à 8,1%. Votre objectif de 9% à horizon 2020 n'est il pas trop prudent ?

Nous avions donné une fourchette de 8 à 9%, aujourd'hui nous parlons d'une performance autour de 9%. C'est peut être prudent, mais cela traduit notre confiance à améliorer nos marges. Nos produits à forte valeur ajoutée vont être tirés par les volumes. Mais nous serons également soumis à des vents contraires comme les prix des matières premières, ce qui explique en partie notre prudence, même si nous avons la capacité à faire partager avec nos clients une part de l'impact d'éventuelles hausses des cours.

Vous parlez des volumes... Quels sont vos autres relais de croissance en volume hormis la Chine ?

Le potentiel en Asie est encore très fort. Aujourd'hui, c'est 27% de notre chiffre d'affaires, ce sera 37% en 2021. Il y a la Chine bien sûr, mais nous sommes de plus en plus présent en Inde qui sera la Chine d'hier. C'est un marché de plus en plus technologique poussé par la réglementation. En Iran, nous allons accompagner nos clients mais nous avancerons avec prudence sur ce marché encore complexe. Nous travaillerons à travers des joint-ventures avec des acteurs locaux. En Amérique Latine, nous sommes bien implantés et face à la forte baisse du marché nous avons redimensionné notre voilure. Nous sommes néanmoins prêts à répondre à un rebond du marché. En réalité, nous prévoyons de superformer le marché automobile dans chaque région du monde.

Face aux inconnues sur l'évolution du commerce international sur fond de protectionnisme aux Etats-Unis, votre business de groupe mondialisé n'est-il pas menacé?

Le modèle industriel de Valeo c'est d'être implanté là où sont nos clients. Ce modèle nous protège des effets de change et fait que nous sommes donc peu concernés par des réactions protectionnistes. La question peut se poser en Amérique du Nord où nous produisons aux Etats-Unis mais aussi au Mexique : 75% de nos livraisons aux Etats-Unis sont soit produites aux Etats-Unis soit directement importées par nos clients. 

Votre obsession de profitabilité sera également fondée sur des procès industriels optimises. Vous avez évoqué une stratégie autour de l'industrie 4.0...

Nous avons défini notre propre stratégie autour des nouveaux process dits d'industrie 4.0. Nous allons convertir l'ensemble de nos 140 usines à ces nouveaux standards qui nous permettront de dégager de forts gains de productivité, et ce sur les trois prochaines années. Nous allons augmenter les robots, les AGV, mais également les cobots pour assister nos salariés et gagner en excellence opérationnelle. Valeo a par ailleurs défini de nouveaux process autour du e-planning, e-ordering, e-workstation... il s'agit de réduire tout ce qui est papiers et crayons, et ainsi être plus efficace. Mais Valeo, qui conçoit lui-même ces process, souhaite rester discret sur cet aspect car plus d'efficacité représente un avantage compétitif majeur.

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Commentaire 1
à écrit le 01/03/2017 à 10:10
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Se mettre en bourse c'est se mettre un collier et une laisse.

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