Le sujet est remonté jusqu'au président de la République. Dans son allocution du 12 juillet, Emmanuel Macron a promis de "faire le maximum pour lever les contraintes qui pèsent sur les secteurs qui sont les plus en tension", citant "le manque de matières premières qu'il s'agisse de bois, d'acier et de fer [...] ce qui a retardé de nombreux chantiers et fait monter les coûts".
Des amendements pas retenus dans la loi de finances rectificative
Matériau de construction par excellence, la tonne d'acier peut par exemple se vendre actuellement jusqu'à 1.500 euros la tonne, contre 500 euros habituellement. Cette flambée du coût des matières premières s'exprime par une faible production en 2020 - Covid oblige - et une forte demande en 2021 du fait de la reprise économique. A l'image de Fabio Rinaldi, président de BigMat, les distributeurs-fournisseurs déclarent être "obligés de répercuter les prix" sur ses clients, témoignant de quotas imposés par les producteurs.
"La plaque de plâtre, qui est la baguette de pain du BTP, est normalement livrée en une semaine à dix à jours. Aujourd'hui, il faut un délai de sept à neuf semaines. C'est complètement dingue !", affirme-t-il.
Pour faire face, la Fédération française du bâtiment, par la voix de son président Olivier Salleron, demande au gouvernement de pouvoir imputer le déficit de l'exercice en cours sur les résultats positifs des années n-1, n-2 et n-3, sous forme de crédit d'impôt à "verser immédiatement". De la même manière, il espère un crédit d'impôt proportionnel au poste de dépense "achat de matériaux" des entreprises. Mais peine perdue, ses amendements transmis aux parlementaires n'ont pas été retenus lors de l'examen du projet de loi de finances rectificative 2021.
Dans l'attente de la circulaire sur les pénalités de retard
Dès le 14 juin dernier, le ministre de l'Economie, des Finances et de la Relance s'était pourtant saisi du sujet. A l'issue d'une première réunion sur les difficultés d'approvisionnement avec la ministre du Logement Emmanuelle Wargon, le ministre des PME Alain Griset et les industriels du BTP, Bruno Le Maire a annoncé l'instauration d'une "médiation de filière" pour amortir ce choc et la création d'un "comité de crise" pour faire remonter les "comportements anormaux" sous la houlette du médiateur des entreprises Pierre Pelouzet. Selon nos informations, ce dernier a réuni les professionnels le 29 juin, avant une prochaine entrevue déjà fixée au 22 juillet.
"Nous attendons toujours la circulaire du Premier ministre à tous les acheteurs de l'Etat pour ne pas appliquer de pénalités de retard aux chantiers qui rencontrent des problèmes d'approvisionnement et chez qui cela occasionne une flambée des prix", s'impatiente-t-on, dans le même temps, du côté de la Fédération nationale des travaux publics.
Cela tombe bien : invité de Franceinfo ce 13 juillet, le locataire de Bercy a promis de réunir "dans les jours qui viennent" les acteurs du bâtiment et des travaux publics pour "faire le point avec eux" et "voir s'il y a des dispositions supplémentaires que nous pouvons prendre". Selon nos informations, Bruno Le Maire a en effet invité, le 12 juillet à 23 heures, les fédérations à une nouvelle réunion le 15 juillet à 11h à Bercy. L'entretien ne figure pas encore à son agenda, mais il nous a été confirmé par quatre parties prenantes différentes.
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