Transition écologique des bâtiments tertiaires : Spie se positionne sur un marché à plusieurs milliards d'euros

Spécialisée dans la décarbonation de l'industrie, l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables, la major cotée au SBF 120 vient d'annoncer la création d'une entité spécialisée dans la gestion des bâtiments tertiaires publics et privés. Après avoir rénové deux tours à La Défense et piloté la consommation d'une banque, son directeur général l'assure, ses clients continuent d'investir dans la révolution environnementale.
César Armand
Photo d'illustration : intervention au Musée d'Orsay, le 4 janvier 2019, d'une équipe d'électriciens de Spie, entreprise française historique qui se présente comme le « leader européen indépendant des services multi-techniques dans le domaine de l'énergie et des communications »
Photo d'illustration : intervention au Musée d'Orsay, le 4 janvier 2019, d'une équipe d'électriciens de Spie, entreprise française historique qui se présente comme le « leader européen indépendant des services multi-techniques dans le domaine de l'énergie et des communications » (Crédits : Spie)

C'est une révolution environnementale que vit le secteur du bâtiment depuis un an (depuis le 1er janvier 2022 très exactement) et qui n'est pas près de s'arrêter. Entre une nouvelle réglementation de la construction neuve dite « RE2020 », un décret tertiaire qui intime aux propriétaires immobiliers de réduire drastiquement leurs consommations d'énergie, et une responsabilité élargie des producteurs qui oblige les professionnels à se convertir à l'économie circulaire, la transition écologique et énergétique du bâtiment devient un marché à plusieurs milliards d'euros.

Dernière en date à se positionner sur ce marché, l'entreprise cotée au SBF 120 Spie qui se présente comme le « leader européen indépendant des services multi-techniques dans le domaine de l'énergie et des communications ». Après avoir renoncé à acheter Equans à Engie en novembre 2021, la major spécialisée dans la décarbonation de l'industrie, l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables vient d'annoncer la création d'une entité baptisée Spie Building Solutions.

500 à 550 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2022

Issue de la division de Spie Industrie et Tertiaire, elle-même filiale de Spie France, cette nouvelle unité de direction a déjà réalisé entre 500 et 550 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2022 avec plus de 3.000 collaborateurs.

Dans un pays où Vinci Énergies devance Equans (groupe Bouygues) et Eiffage Énergies Systèmes, le directeur général de Spie Building Solutions, François Galmiche, entend bien prendre des parts des marchés sur les énergies renouvelables (28% de l'activité du groupe en 2021) et sur l'efficacité énergétique des bâtiments.

Avec un périmètre d'activité qui s'étend depuis l'immobilier de bureaux jusqu'à des sites très sensibles comme ceux de la Défense, des data centers ou des laboratoires pharmaceutiques, l'entité déclare avoir déjà avancé sur le décret tertiaire. Entré en vigueur le 1er janvier 2022, il contraint tous les bailleurs et occupants de surfaces de plus de 1.000 m² à réduire leurs consommations d'énergie sur la base de celles de 2010 : -40% en 2030, -50% en 2040 et -60% en 2050.

Pour une banque, elle installe ainsi des centrales de traitement de l'air et de pilotage des flux en fonction de la présence des occupants. Résultat : son client devrait économiser... 40% de sa consommation annuelle.

Deux tours rénovées à La Défense

Idem sur la réglementation environnementale des bâtiments neufs dite « RE2020 » pour laquelle l'entité de Spie va suivre des bâtis tout au long de leur cycle de vie, de leur construction à leur exploitation, et notamment dans la phase d'installation d'énergies renouvelables, une autre spécialité du groupe coté. Autres buts visés : atteindre les objectifs scope 1 et scope 2 de ses clients, c'est-à-dire les aider à limiter leurs émissions directes de gaz à effet de serre ainsi que leurs émissions indirectes liées à l'énergie.

Dernière réglementation en date, applicable depuis le 1er janvier 2023 : la responsabilité élargie des producteurs (REP) dédiée aux produits et aux matériaux de construction du secteur bâtiment (PMCB) qui vise à favoriser l'économie circulaire des déchets (avec la volonté de réduire les dépôts sauvages de déchets en organisant leur reprise sans frais), à densifier le maillage des points de collecte, à améliorer la traçabilité, mais aussi à prévenir la saturation des décharges en développant le recyclage, le réemploi et la réutilisation des matériaux.

« Le réemploi n'est pas aussi simple que cela en matière de câbles ou de transformateurs, notamment pour des questions de normes, et les filières sont encore balbutiantes. Mais nous avons déjà rénové deux tours à La Défense en réemployant des modules de traitement de l'air », affirme le directeur général de Spie Building Solutions. « Nous avons retiré les moteurs qui n'étaient plus aux normes, dépoussiéré les enveloppes d'acier et ajouté de nouvelles motorisations. Aussi, nous avons réalisé des économies de carbone de 30% », ajoute François Galmiche.

« Les collectivités continuent d'investir »

L'heure est en outre à la low tech, c'est-à-dire à plus de techniques naturelles et à moins de technologies informatiques, mais le dirigeant estime qu'il y a « plutôt besoin de davantage de pilotage intelligent des bâtiments avec des capteurs de présence et de luminosité ». « Aujourd'hui, un bâtiment ne peut plus se concevoir sans un système de renouvellement d'air », poursuit-il.

François Galmiche ne semble pas non plus impacté par l'explosion des dépenses d'énergie qui entraîne une chute des investissements dans les territoires. Si, à l'été 2022, il s'est interrogé avec son équipe sur les conséquences de ces hausses, « nous n'avons pas ressenti d'impact sur les capacités d'investissement des maîtres d'ouvrages publics ». « Les collectivités continuent d'investir, par exemple, dans la LED pour réduire leur consommation avec un retour sur investissement rapide », assure-t-il encore.

Reste donc à voir dans quelle mesure les élus locaux vont se saisir de ces outils et si les acteurs privés vont continuer de montrer la voie. Dans ce domaine, et aussi paradoxal que cela puisse paraître, ils ne sont pas les derniers à demander des délais dans l'application des réglementations...

César Armand

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