Le laboratoire BMS relance la course sur le juteux marché de l'hépatite C

Le groupe américain va débourser 2,5 milliards de dollars pour mettre la main sur un spécialiste de cette maladie, Inhibitex, avec une prime astronomique de 163%. En novembre, son compatriote Gilead avait mis 11 milliards sur la table pour s'emparer de Pharmasset.
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Les labos pharmaceutiques semblent prêt à tout pour se renforcer dans le traitement de l'hépatite C. L'américain Bristol-Myers Squibb (BMS) a ainsi annoncé samedi l'acquisition de la société de biotechnologies Inhibitex, spécialiste de cette maladie, moyennant la "bagatelle" de 2,5 milliards de dollars en cash.

Mieux : à 26 dollars par action, l'opération représente une prime de... 163% par rapport au dernier cours coté de la cible (9,87 dollars). Ce prix élevé lui a permis d'obtenir l'accord du conseil d'administration d' Inhibitex , selon un communiqué publié par BMS.

C'est encore davantage que la prime de 89 % proposée par son compatriote Gilead en novembre dernier pour mettre la main sur une autre biotech américaine, Pharmasset (lire "La Tribune" du 22 novembre 2011). Une opération qui avait à l'époque défrayé la chronique : Gilead, qui fait partie des quelques grosses biotechs d'outre-Atlantique avec près de 8 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2010, a offert... 11 milliards de dollars!

Pourquoi une telle débauche de moyens financiers pour s'emparer de biotechs, ces "start-ups" de recherche qui enregistrent le plus souvent un chiffre d'affaires symbolique (1,9 million pour Inhibitex, 900.000 dollars pour Pharmasset) et sont encore loin de la rentabilité?

C'est que le marché de l'hépatite C fait figure d'eldorado pour une industrie en quête de nouveaux relais de croissance. La maladie touche 160 à 180 millions de personnes dans le monde. Un chiffre à comparer à 34 millions pour le sida, par exemple.

Or, seuls 4 % des malades sont traités, de sorte que le marché pourrait atteindre 20 milliards de dollars à l'horizon 2020.

Deux nouveaux médicaments viennent d'être lancés : le Victrelis de Merck et l'Incivek commercialisé par J&J et la biotech américaine Vertex. Ils ouvrent la voie à une guérison de la maladie, alors que les anciens traitements de Roche et Meck n'étaient efficaces qu'à 50 %. Ce sont des médicaments oraux, plus faciles à administrer que les traitements par injection.

Mais ils ne permettent pas encore de se passer du traitement historique (interferon), ni de soigner tous les types d'hépatite C. Et pourtant : l'Incivek, lancé en mai dernier, a déjà réalisé un chiffre d'affaires de 420 millions de dollars pour le seul troisième trimestre 2011.

A l'aune des start-up américaines, Inhibitex est une société relativement ancienne, puisque fondée en 1994. Elle est basée à Alpharetta, en Georgie et emploie une quarantaine de personnes. Son principal médicament en développement contre l'hépatite C baptisé "INX-189" est en phase II de développement. Le rachat par BMS devrait permettre à la biotech, comme souvent dans ce secteur, de financer les coûteuses études de phase III, sur de larges populations.

En raison de l'importance du prix payé pour une société ne dégageant aucun profit, l'opération Inhibitex aura un impact dilutif sur le bénéfice par action de BMS jusqu'en 2016, a averti le groupe. L'acquisition devrait donc peser sur le bénéfice par action à hauteur de 4 cents en 2012 et de 5 cents en 2013.

Mais BMS a les moyens de ses ambitions. Le groupe dispose d'un trésor de guerre de 10,4 milliards de dollars. Son directeur général, Lamberto Andreotti, avait justement expliqué à la presse en octobre dernier être prêt à reprendre les acquisitions, après plusieurs plans de réductions des coûts menés dans l'entreprise.

Et comme Gilead avec Pharmasset, BMS compte sur cette acquisition pour regonfler son portefeuille de médicaments. En mai prochain, l'américain va perdre le brevet de l'anticoagulant Plavix, son premier médicament (commercialisé avec Sanofi), dont le chiffre d'affaires a atteint 6,6 milliards de dollars en 2010. L'année qui débute verra aussi la fin du brevet de l'antihypertenseur Aprovel (1,1 milliard de ventes).

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Commentaires 2
à écrit le 09/01/2012 à 14:18
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"les anciens traitements de Roche et Meck" Merck, me semble.

à écrit le 08/01/2012 à 19:08
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Article qui doit t'int?sser ?ic

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