Bourse : la santé des géants pharmaceutiques britanniques est éclatante, malgré le Brexit

Les titres GSK et AstraZeneca ont atteint des sommets en Bourse, bénéficiant notamment de la baisse de la valeur de la livre britannique par rapport à celle du dollar. Les deux géants pharmaceutiques restent vigilants sur les incertitudes réglementaires post-Brexit.
Jean-Yves Paillé
Depuis le vote du Brexit, le titre AstraZeneca a grimpé de plus de 30% en Bourse, celui de GSK a pris 20%.

Pendant plusieurs mois, les deux plus importants laboratoires pharmaceutiques britanniques ont mené une campagne engagée pour pousser les Britanniques à voter en faveur du maintien du Royaume-Uni au sein de l'Union européenne. Des rumeurs avançaient même que ces derniers réfléchissaient à délocaliser leurs sièges à l'étranger en cas de Brexit. Les dirigeants d'AstraZeneca et de GSK ont nié plancher sur de tels projets.

Il faut dire qu'en dépit du choix des Britanniques de sortir de l'Union européenne, les titres de GSK, 7e laboratoire pharmaceutique mondial et d'Astrazeneca, 8e groupe pharmaceutique, se portent bien à la Bourse de Londres. L'action de ce dernier est passée de 3846,22 pence à plus de 5120 pence entre le 23 juin et le 12 août, soit une hausse de 33%. Elle a atteint un plus haut historique au début du mois.

Des coûts de recherche et de fabrication réduits

Le laboratoire pharmaceutique a bénéficié de la chute régulière de la livre britannique par rapport au dollar sur cette période, passée de 1,487 dollar au moment du référendum à à un peu moins de 1,3 dollar vendredi. Cela permet à Astrazeneca de réduire ses coûts de recherche et de fabrication sur le territoire, souligne Bloomberg.

Le géant pharmaceutique britannique a pourtant vu ses bénéfices chuter au premier semestre, fin juin, face à la concurrence des fabricants de génériques. Mais un autre événement a rassuré les investisseurs. AstraZeneca a profité des déboires de BMS, dont un essai clinique de l'Opdivo, un traitement en immunothérapie contre le type de cancer du poumon le plus répandu s'est avéré décevant. Et comme le laboratoire Merck and co, le laboratoire britannique est susceptible de proposer un produit candidat concurrent pour lutter contre les cancers du poumon les plus répandus, ceux dits "non à petites cellules". Celui-ci est en essai clinique, en phase III.

Effet de change et effet d'aubaine pour GSK

GSK, dont les Etats-Unis représentent le premier marché, a également bénéficié de la chute régulière de la livre par rapport au dollar et son action atteint un sommet vendredi. Entre le 23 juin et le 12 août, l'action GSK est passée de 1413,01 pence à 1695,50 pences , soit une hausse de 20%.

"L'affaiblissement de la livre sterling a eu un impact de conversion bénéfique sur les résultats du groupe", a annoncé le groupe britannique lors de la publication de ses résultats du deuxième trimestre, le 27 juin. Il a enregistré un chiffre d'affaires en hausse de 11% grâce à l'effet de change. Dans le document financier, ce dernier reste toutefois "attentif aux suites du Brexit et aux incertitudes que celui-ci peut entraîner sur ses activités".

275 millions de livres investis sur le territoire par GSK

Malgré ces incertitudes, GSK a assuré que le Royaume-Uni restait suffisamment attractif pour y investir. Le labo pharmaceutique a d'ailleurs annoncé fin juillet un investissement de 275 millions de livres (318 millions d'euros) dédié au développement d'unités de production sur le territoire. Le groupe expliquait à la BBC le 27 juillet"Nous pensions qu'un vote pour le Brexit créerait une incertitude et un changement potentiel réglementaire qui est inutile de notre point de vue."  Et d'ajouter:

"Mais l'attractivité en termes de forces économique du Royaume-Uni et son environnement fiscal n'ont pas changé, voilà pourquoi nous croyons que cet investissement est logique."

GSK et AstraZeneca accélèrent dans le lobbying

Les groupes pharmaceutiques britanniques restent toutefois sur le qui-vive. Andrew Witty et Pascal Soriot, respectivement patrons de GSK et d'AstraZeneca vont conseiller le gouvernement sur les principales priorités à donner pour le secteur des sciences de la vie après le Brexit, annonce la revue spécialisée The Pharmaceutical Journal, le 8 juillet.

Car les deux laboratoires pharmaceutiques partagent plusieurs craintes avec les autres industriels de la santé, notamment l'avenir de la réglementation sur les essais cliniques, ou encore la délocalisation prévue de l'Agence européenne des médicaments, organisme chargé d'étudier les demandes d'autorisation de mise sur le marché européen des médicaments.

Jean-Yves Paillé

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Commentaires 2
à écrit le 12/08/2016 à 17:42
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...Avec la facilité de faire du lobbying sur place....puisque le siège de l'Agence Européenne du Médicament est... délocalisée...à Londres!!! "On" pourrait sans doute envisager de rapatrier cette Agence sur le continent?

le 13/08/2016 à 7:45
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c est en cours mais l Europe est lente

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