Crise des opiacés : le laboratoire Teva solde ses poursuites judicaires en payant plus de 4 milliards de dollars

Teva, l'un des principaux fabricants de médicaments opiacés génériques, a indiqué, mardi, qu'il « paiera jusqu'à 4,25 milliards de dollars (...) ainsi qu'environ 100 millions de dollars pour les tribus, étalés sur 13 ans ». Un accord qui ne prévoit toutefois pas de reconnaissance de faute de la part du groupe pharmaceutique dans cette crise qui a causé la mort, par overdose, de 500.000 personnes en 20 ans aux Etats-Unis.
Le laboratoire israélien est l'un des principaux fabricants de médicaments opiacés génériques.
Le laboratoire israélien est l'un des principaux fabricants de médicaments opiacés génériques. (Crédits : Amir Cohen)

Johnson&Johnson, Purdue et bien d'autres laboratoires et distributeurs pharmaceutiques sont concernés par la crise des opiacés. Tous sont accusés d'avoir encouragé les médecins à sur-prescrire ces médicaments alors même qu'ils savaient qu'ils généraient de graves dépendances. Un geste qui a eu de graves conséquences puisque 90.000 personnes sont mortes de surdoses de drogues en 2020, dont les trois-quarts impliquaient des opiacés et plus de 500.000 sont décédées par overdose en 20 ans aux Etats-Unis. Le ministère américain de la Santé estime que cette crise a été responsable de quatre années de baisse de l'espérance de vie en 2014, 2015, 2016 et 2017.

Cette catastrophe sanitaire a donné lieu à une myriade de procédures lancées par des collectivités et plusieurs entreprises ont déjà accepté de payer des centaines de millions de dollars (26 milliards de dollars pour le laboratoire Johnson & Johnson) pour y mettre un terme, dont Teva. Le fabricant israélien de médicaments génériques a, en effet, annoncé mardi, à l'occasion de la publication de ses résultats du second trimestre, avoir être « parvenu à un accord de principe » avec des représentants d'Etats, de tribus amérindiennes et d'autres plaignants « sur les clauses financières d'un accord à portée nationale sur les opiacés ». Teva, qui est l'un des principaux fabricants de médicaments opiacés génériques, « paiera jusqu'à 4,25 milliards de dollars (...) ainsi qu'environ 100 millions de dollars pour les tribus, étalés sur 13 ans » afin de solder des poursuites sur son rôle dans la crise des opiacés, ajoute dans un communiqué l'entreprise basée en Israël. Ce chiffrage inclut le financement, jusqu'à 1,2 milliard de dollars, de distributions d'un médicament contre les overdoses. L'accord ne prévoit toutefois pas de reconnaissance de faute de la part du groupe pharmaceutique. Teva, sous le coup de plusieurs poursuites, a déjà conclu des accords avec certains Etats américains.

Les distributeurs non responsables en Virginie-Occidentale

Cette décision intervient peu de temps après que les trois principaux distributeurs de médicaments aux Etats-Unis ont obtenu une importante victoire en justice. Début juillet, un magistrat fédéral a, en effet, estimé qu'ils n'étaient pas responsables des overdoses record aux opiacés en Virginie-Occidentale. « La crise des opiacés a un coût considérable pour les citoyens du comté de Cabell et la ville de Huntington », dans cet Etat rural et pauvre, selon la décision du juge David Faber. Environ 10% de la population du comté est ou a été dépendante aux opiacés, un niveau record, reconnaît le magistrat, en soulignant le poids économique et social de cette « crise des opiacés ». « Dans ce genre d'affaires, il y a une tendance naturelle à chercher des coupables, mais il faut trancher sur la base des faits et du droit, pas de la compassion », ajoutait-il.  Or, selon lui, « les plaignants ont échoué à prouver que le volume des opiacés prescrits dans la région ait été dû à une conduite déraisonnable de la part » des distributeurs AmerisourceBergen, Cardinal Health et McKesson.

Chargés d'approvisionner les pharmacies, les trois groupes ont livré plus de 51 millions de médicaments antidouleur entre 2006 et 2014 dans le comté et les autorités locales les accusaient d'avoir fermé les yeux sur les volumes suspects de commandes. Mais ils répondaient à « des ordonnances parfaitement légales », a estimé le juge Faber, selon qui, ce sont les laboratoires pharmaceutiques, « pas les distributeurs, (qui) ont exploité ces nouveaux standards pour promouvoir avec des techniques de marketing agressives les opiacés » malgré leur nature très addictive.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 27/07/2022 à 12:04
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8500 dollars par victime... des queues de cerise

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