Les déboires de 2016 vont-ils coûter cher à Sanofi ?

Déremboursements, traitement qui tarde à être lancé sur le marché américain, échecs de rachat... Des problèmes et difficultés connues par Sanofi l'année dernière pourraient nuire aux performances du groupe en 2017, et dans les années à venir.
Jean-Yves Paillé
Après avoir essuyé deux échecs en quelques mois, Sanofi n'a pas abandonné l'idée d'une acquisition conséquente pour trouver un nouveau relais de croissance. Il assure toutefois que ce n'est pas une urgence.

Publié le 09/02/2017 à 07:39. Mis à jour le 09/02/2017 à 11:05.

Lors de la publication des résultats annuels, Olivier Brandicourt, Directeur général de Sanofi a évoqué une année 2016 "particulièrement active", se réjouissant de se positionner parmi les "leaders de la Santé grand public" grâce à l'échange d'actifs avec Boehringer Ingelheim. Mais le groupe a toutefois estimé que son bénéfice net pourrait baisser. Et plusieurs événements survenus l'année précédente pourraient contribuer à ce recul.

Un potentiel blockbuster qui reste dans les starting-blocks

Quel est l'avenir du sarilumab aux États-Unis ? En octobre, l'autorisation de mise sur le marché de cette molécule contre la polyarthrite rhumatoïde a été repoussée sine die, en raison de "déficiences de fabrication" détectées par l'Agence américaine des médicaments dans une usine française du groupe. La demande de licence pour la molécule devrait à nouveau être soumise à l'Agence américaine des médicaments, courant premier trimestre, a annoncé le géant pharmaceutique.

En attendant, chaque mois perdu peut représenter des millions d'euros de ventes en moins pour le groupe. En effet, ce médicament est un blockbuster potentiel. Il pourrait générer 1,8 milliard de dollars de chiffre d'affaires d'ici à 2020 au total, d'après le cabinet de conseil Evaluate Pharma. Le groupe français peut toutefois se réjouir d'une autorisation de mise sur le marché au Canada. Mais le potentiel de ventes dans ce pays est largement inférieur à celui des États-Unis...

Suspension d'un produit

En 2016, Sanofi est entré en guerre avec Amgen. Ce dernier l'accuse d'avoir violé deux de ses brevets. Le tribunal fédéral de l'État du Delaware avait donné raison à Amgen et avait poussé Sanofi a arrêter la commercialisation de l'anticholestréol Praluent à partir du 21 février 2017.

Néanmoins, le groupe français qui a développé cette molécule avec Regeneron a obtenu une suspension de l'injonction permanente, jeudi 9 février. Un sursis et un avenir incertain pour la molécule dont les ventes étaient attendues à un pic de 2 milliards de dollars en 2020, porté par le marché américain. Des millions d'euros de pertes en vue pour le groupe français ?

Des médicaments déremboursés

L'année 2017 s'annonce difficile pour l'activité diabète du groupe, car les organismes payeurs étasuniens font pression pour réduire le coût des insulines. Et Sanofi fait partie des "victimes" de cette politique. Le groupe américain d'assurance santé et de pharmacie CVS Caremark a décidé en août de dérembourser l'insuline Lantus (plus de 5,7 milliards de dollars de revenus en 2016), principal blockbuster de Sanofi, et le Toujeo, un traitement dont les ventes sont attendues à un pic d'un milliard de dollars. Cette décision est effective depuis le 1er janvier 2017.

Sanofi compte néanmoins sur de nouveaux traitements approuvés récemment, comme le Soliqua, une insuline nouvelle génération, pour retrouver une dynamique dans le marché du diabète.

Deux nouveaux relais de croissance perdus

En août 2016, Sanofi a raté le rachat de Medivation, soufflé par l'américain Pfizer qui a raflé la mise pour 14 milliards de dollars.

Cette opération était pourtant une "priorité"  pour le géant pharmaceutique français. Il était prêt à dépenser dix milliards de dollars pour mettre la main sur cette pépite en oncologie, et profiter entre autres des revenus du Xtandi (environ 2 milliards de dollars par an). Le groupe était allé  jusqu'à démarrer des procédures afin de pousser les actionnaires de Medivation de forcer la direction de la biotech américaine à partir. Sanofi voit l'oncologie comme l'un de ses principaux relais de croissance dans les années à venir.

En janvier, le groupe français a connu une nouvelle désillusion. Il comptait mettre jusqu'à 30 milliards de dollars pour s'emparer d'Actelion, la biotech européenne la mieux cotée. C'est finalement Johnson & Johnson, qui a eu le dernier mot, mettant la main sur une partie des activités de la société suisse pour la même somme.

Une acquisition en 2017 ?

Sanofi n'a pas abandonné l'idée d'une acquisition conséquente pour trouver un nouveau relais de croissance, même si le groupe assure que ce n'est pas une urgence, et argue que ses "fondamentaux sont solides". Selon le site Street Insider, Sanofi s'intéresserait à la Tesaro, une biotech américaine spécialisée en oncologie et pesant 8 milliards de dollars en Bourse.

Jean-Yves Paillé

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Commentaire 1
à écrit le 09/02/2017 à 9:13
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apres, faut tailler dans les couts ( la ou ils sont eleves)... disons que la france n'est pas bien placee faire du generique ca peut le faire,mais pas avec des couts a la francaise ( evidemment ca pose le pb de la tracabilite, des process de product...

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