Pacemakers : les sociétés occidentales alléchées par le potentiel du marché chinois malgré les contraintes

Le marché émergent chinois des pacemakers attirent les investissements des cadors du secteur. Medtronic, leader du marché, et Livanova, qui nourrit de grandes ambitions, tendent de se fondre dans le pays, en nouant des liens forts avec les professionnels de santé, voir concevant leurs produits localement.
Jean-Yves Paillé
Pour l'instant, 70.000 pacemakers sont implantés en Chine chaque année. Le marché tarde à exploser.

Les ventes de stimulateurs cardiaques devraient connaître une croissance à deux chiffres dans les années à venir. Le marché des pacemakers pourrait dépasser à lui seul les 12 milliards de dollars en 2025. Il devrait être notamment boosté par les ventes en Chine, profitant de la modernisation du système de santé du pays, prévoient plusieurs cabinets de conseil. Le nombre d'implantations y est pour le moment modeste : on en comptait 70.000 en 2014, selon la Chinese Society of Pacing and Electrophysiology, soit le même nombre qu'en France.

"Au vu de la population chinoise (près de 1,4 milliard d'habitants, NDLR), la croissance du marché peut-être phénoménale", s'enthousiasme Benoît Clinchamps, vice-président de Livanova, interrogé par La Tribune.

Même son, de cloche du côté de Medtronic. Le géant américain estime que le taux d'arythmie est le même qu'aux Etats-Unis, "mais le recours aux pacemakers en Chine ne représente même pas 0,5% du taux d'implantations aux Etats-Unis."

Medtronic, sûr du développement accéléré de ce marché, y a fortement augmenté ses investissements. Il y a consacré 252,5 millions de dollars rien que pour le développement de la chaîne logistique en 2016, contre 143,2 millions de dollars un an plus tôt. La Chine est désormais le deuxième pays recevant le plus d'investissements de Medtronic dans ce domaine, derrière les Etats-Unis.

Le numéro 1 mondial des dispositifs médicaux domine actuellement le marché des technologies médicales dans le pays. Il y a généré 1,5 milliard de dollars de chiffre d'affaires avec ses dispositifs médicaux, pacemakers compris, en 2016.Pour se renforcer et gagner la confiance des autorités chinoises, fin 2015, il a lancé avec le fonds Sequoia Capital un investissement de 60 millions de dollars pour soutenir les startups chinoises dans les technologies médicales. Puis, en octobre 2017, il a annoncé la création d'un centre d'innovation à Chengdu qui "offrira des programmes de formation en chirurgie, chirurgie mini-invasive, soins intensifs, médecine interne et anesthésie". Il est prévu d'y former 7.000 professionnels de santé par an.

Livanova, première société occidentale à concevoir localement ses pacemakers

La société britannique Livanova, qui a commencé à investir en Chine plus tôt que Medtronic, il y a trois ans, mise aussi sur un rapprochement étroit avec les acteurs locaux. Elle a pour ambition de devenir le numéro 1 dans le pays. Pour ce faire, elle lancé une coentreprise avec le chinois Microport Scientific, dirigée par l'ancien patron Chine de Medtronic. Installé à Shanghai. Livanova a obtenu fin septembre l'approbation des autorités de santé chinoise pour lancer le Rega Pacemaker. Elle est devenue la première société occidentale à obtenir un feu vert pour un produit développé localement avec des standards internationaux, assure la société britannique.

"La coentreprise se charge de l'assemblage des pacemakers. Le système électronique est conçu en France. Il est inséré dans un boitier en titane fabriqué en Chine", détaille Benoît Clinchamps

D'autres concurrents internationaux préfèrent miser avant sur l'importation de leurs produits conçus à l'étranger, comme Boston Scientific. Certains ont parfois lancé tôt des initiatives pour former les professionnels de santé, à l'instar de St. Jude Medical (Abbott), qui a lancé en 2011 un centre de technologies à Pékin.

Une diffusion sur le marché difficile

Le développement du marché pour les fabricants occidentaux passera par "une forte présence sur le territoire", prédit le vice-président de Livanova. "Les leaders d'opinions, les cardiologues chinois veulent qu'on écoute leurs besoins. Une forte présence nous permet de gagner en crédibilité. On a également développé la première carte patient dématérialisée en Chine. Le patient reçoit une application avec toutes les informations nécessaires sur son pacemaker", développe Andre-Michel Ballester, PDG de la société.

Une fois l'approbation de la China Food and Drug Administration (CFDA) obtenue pour commercialiser un produit, il faut parvenir à le diffuser. Le prix des pacemakers, à plusieurs milliers de dollars l'unité, reste un frein. Mais la décentralisation des feux verts à la commercialisation donnent également du fil à retordre aux sociétés occidentales. "Après le feu vert des autorités nationales et locales, il faut ajouter un ou deux ans pour remplir la procédure administrative auprès des hôpitaux, ce qui n'est pas simple avec la géographie du pays", conclut Benoît Clinchamps.

Jean-Yves Paillé

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Commentaire 1
à écrit le 01/12/2017 à 14:41
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Encore un investissement qui ne sert en rien la santé bien au contraire, nous savons parfaitement soigner les maladies du coeur mais nous ne savons pas soigner le cancer or il vaut mieux avoir un coeur fragile quand on meure du cancer. Bon l'avan...

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