Sanofi met-il trop d'argent pour racheter Actelion ?

Sanofi serait prêt à dépenser près de 30 milliards de dollars pour mettre la main sur la biotech suisse, selon Bloomberg et le Wall Street Journal. Si les traitements d'Actelion mis sur le marché et en cours de développement sont prometteurs en termes de croissance, d'autres raisons poussent Sanofi à mettre autant d'argent sur la table.
Jean-Yves Paillé
Sanofi cherche activement des opportunités de croissance externe pour pallier les pertes de revenus de sa division diabète.

Sanofi est prêt à mettre le paquet pour racheter Actelion. C'est du moins ce qu'avancent le Wall Street Journal et Bloomberg, se fondant sur des sources proches du dossier évoquant 29,6 milliards de dollars mis sur latable. Comment la biotech suisse Actelion peut-elle susciter un tel intérêt ? Lorsque Johnson & Johnson a fait part de son désir d'acquérir la biotech suisse, la capitalisation Boursière de cette dernière a bondi. Le titre d'Actelion a pris plus de 35% en moins d'un mois. Vendredi 16 décembre, suite à des rumeurs de Bloomberg évoquant des discussions avancées en vue entre Sanofi et Actelion, la biotech suisse grimpait encore de 9%, son titre dépassant les 215 francs suisses et sa capitalisation boursière atteignait les 23 milliards de francs suisses. La société helvète est actuellement et plus que jamais biotech la mieux cotée d'Europe.

Un pipeline jugé prometteur

A première vue, ces sommes peuvent paraître faramineuses. Le groupe n'a généré "que" 2 milliards de francs suisse de chiffre d'affaires en 2015, avec une croissance de 4,4% sur un an, contre une hausse de 9% des revenus entre 2013 et 2014.

Mais ce qui compte,c'est le potentiel de la société à l'avenir, juge les analystes du secteur. Contacté par La Tribune, Thierry de Catheu, président de Biotech Agoras, note le grand nombre de produits intéressants dans le pipeline (traitements en développement en phases cliniques) d'Actelion. Même son de cloche du côté de Sacha Pouget, gérant de Kalliste biotech fund, un fonds d'investissement dédié au secteur:

"Les perspectives de chiffre d'affaires des nouveaux produits sont élevées, avec un vrai potentiel commercial délivrable dans les années à venir. "Actelion a développé sa R et D en s'intéressant aux maladies rares et a su étendre ses domaines d'intervention de manière pragmatique"." Et d'ajouter: "La société a su passer du modèle de R et D à un modèle commercial."

La biotech helvète est devenue le leader mondial dans les traitements de l'hypertension artérielle pulmonaire. Elle a découvert et lancé le Tracleer, son seul blockbuster (1,212 milliard de francs suisse) pour le moment. Mais pas pour longtemps. L'Uptravi, un autre traitement contre l'hypertension artérielle pulmonaire est amené à devenir un blockbuster en 2020, selon les analystes.

En outre, Actelion présente sept études en phase III, pour six indications différentes (dernière étape avant un potentiel lancement sur le marché), avec notamment des potentiels blockbuster comme un traitement contre la sclérose en plaque. La biotech développe également des produits contre des maladies neurologiques, des maladies cardiovasculaire, le lupus, les insomnies... "Sanofi a un axe fort dans les maladies rares avec Genzyme, qu'Actelion pourrait renforcer", analyse Sacha Pouget.

Sanofi, échaudé après l'échec pour racheter Medivation

Cette trentaine de milliard de dollars mis sur la table s'expliquent aussi en partie par l'appétit féroce de Sanofi. Le géant cherche activement des opportunités de croissance externe pour pallier les pertes de revenus de sa division diabète. Le groupe français a été échaudé par son incapacité à mettre la main sur Medivation, une société spécialisée dans l'oncologie rachetée par Pfizer.

Après cet échec, "Sanofi a pu se dire que cette fois il fallait mettre le prix. Lors du tour de table en vue d'un rachat de Medivation, le groupe pharmaceutique s'est sûrement montré trop avare. Aujourd'hui, il dispose de suffisamment de cash pour effectuer un achat onéreux", estime Sacha Pouget

Actelion par rapport à Medivation

Pour rappel, le 28 avril Sanofi avait tenté de racheter Medivation pour 9,3 milliards de dollars, portant à 52,50 dollars par action, une "prime de plus de 50% sur le cours moyen de l'action Medivation avant des rumeurs d'acquisition". Il avait ensuite relevé son offre à 10 milliards quelques semaines plus tard. Medivation avait finalement été raflé par Pfizer pour 14 milliards de dollars finalement, soit plus de 70% de prime.

L'offre de Sanofi à 29,6 milliards de dollars, soit 275 dollars (282 francs suisses par action, pour mettre la main sur Actelion représente une prime de près de 80% par rapport au cours du titre de la biotech suisse avant les rumeurs d'une acquisition potentielle (autour de 158 de francs suisses, le 24 novembre).

Si l'on s'intéresse  à la quasi-trentaine de transactions concernant les biotechs signées cette année -et en excluant le cas extrême de Tobira (racheté par Allergan avec une prime de 498%- l'offre de Sanofi n'est pas forcément outrancière. "Ces transactions se font faites avec une prime de 75% en moyenne", détaille Sacha Pouget.

Les Clozel, clé de la transaction, font monter les enchères

Pour l'analyste Thierry de Catheu, président de Biotech Agoras, "il y a un jeu d'échecs avec la crainte de l'arrivée d'autres prétendants, une sorte de partie ", ce qui fait que "la valeur avancée n'est pas forcément intrinsèque".

Et outre, les potentiels nouveaux prétendants à un rachat, il faut prendre un autre élément en compte, la dureté des dirigeants dans les négociations, qui ont pu faire grimper les prix. Jean-Paul Clozel, directeur général et Martine Clozel, responsable scientifique n'étaient pas favorable à une vente pure et simple d'Actelion, mais comptaient plutôt devenir une entité, dont J&J aurait été actionnaire majoritaire, selon le Wall Street Journal. Et ce, afin de garder une certaine indépendance. Par ailleurs, ce n'est pas la première fois qu'Actelion refuse une offre. Le groupe avait dit non en 2015 à plus de 18 milliards de dollars proposés par Shire.

Pour parvenir à ses fins, Sanofi proposerait notamment d'exclure certaines parties R et D d'Actelion de l'opération, avance le quotidien économique. Car le Français s'intéresserait avant tout aux médicaments contre l'hypertension artérielle pulmonaire, capables de booster rapidement sa croissance dans les années à venir.

Des investisseurs doutent

Les investisseurs, eux, ne sont tout à fait convaincu du bon prix et du bon choix stratégique de Sanofi.

Suite aux annonces du Wall Street Journal, évoquant 30 milliards de dollars mis sur la table, le cours de Bourse de Sanofi a dévissé de 2,6% à la Bourse de Paris, le 13 décembre, avant de se reprendre partiellement le jour d'après après. Rebelote vendredi 16 décembre dans l'après midi, suite aux révélations de Bloomberg sur les discussions avancées: le laboratoire pharmaceutique perdait plus de 2,6% à nouveau.

Jean-Yves Paillé

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Commentaires 3
à écrit le 17/12/2016 à 11:09
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Sanofi s'en fiche ce sont les contribuables qui payent les conséquences de leurs médicaments alors Sanofi a de l'argent à balancer par les fenêtres c'est évident.

le 18/12/2016 à 21:10
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pour planter les projets funestes de sanofi, il suffit que les gens comme vous inventent gratuitement des medicaments gratuits pour tous la balle est dans votre camp, si vous ne le faites pas c'est que vous voulez propager, la misere et la mort scie...

le 19/12/2016 à 9:08
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Si Sanofi est en danger parce que je dis la vérité sur elle c'est qu'elle est vraiment trop fragile et mérite dans ce cas de s'écrouler mais quelque chose me dit que mes mots ne lui font rien ou bien trop peu. Ca va sinon, pas trop difficile d'av...

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