Le renouveau du nucléaire menacé

La Suisse a suspendu ses projets de renouvellement de centrales. Le marché est évalué entre 200 et 300 nouvelles centrales d'ici à 2030. Après Tchernobyl, l'industrie nucléaire s'était arrêtée pendant une vingtaine d'années.
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Les industriels du nucléaire le redoutent. La menace nucléaire qui pèse au Japon risque de mettre à mal le redémarrage de l'atome observé dans le monde depuis le début 2003-2004. Après l'accident de Tchernobyl, en 1986, l'industrie nucléaire s'est complètement arrêtée pendant une vingtaine d'années. L'Italie avait, par exemple, décidée de sortir du nucléaire en 1987.

Depuis 1999, plusieurs facteurs étaient favorables au nucléaire : hausse des prix de l'énergie d'origine fossile, problématiques accrues d'indépendance énergétiques, montée en puissance des politiques de taxation du CO2 pour lutter contre le réchauffement climatique... Aujourd'hui, 62 réacteurs sont en construction dans le monde, essentiellement dans les pays émergents. "Le marché du nucléaire est énorme, sauf s'il y a un accident", confiait récemment un patron français. Selon les acteurs, le potentiel de nouvelles centrales nucléaires dans le monde était estimé entre 200 et 300 entre 2010 et 2030. Le débat avait repris avec des centrales de nouvelle génération. Tous les acteurs du secteur avaient besoin de références.

Ce redémarrage est aujourd'hui compromis. La Suisse a suspendu ce lundi ses projets de renouvellement de centrales, alors que le Gouvernement cherchait à convaincre les cantons sur la construction de deux nouvelles centrales. De son côté, l'Allemagne envisage également suspendre sa décision de prolonger la durée de vie des centrales. Ailleurs le débat fait rage, les anti-nucléaires ayant marqué des points.

"Le monde du nucléaire a changé (et peut-être pris fin) ce week-end. Au minimum, la catastrophe nucléaire au Japon va entraîner une hausse des coûts d'investissements (de sûreté) des opérateurs européens, et probablement des fermetures précoces de centrales", estiment les analystes de Kepler dans une note, citée par Reuters. Néanmoins, selon Colette Lewiner, directrice énergie chez CapGemini citée par l'AFP, "la renaissance du nucléaire n'est pas morte, elle est retardée".

Autant de mauvaises nouvelles pour les industriels français du nucléaire, EDF et Areva en tête. Areva, qui entendait rafler le tiers des nouvelles centrales dans le monde au cours des vingt prochaines années, lâchait près de 8% en Bourse, EDF 5,7%.

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