Areva : Luc Oursel prend la tête d'un groupe fragile

Nouvel état-major, recul du marché, filialisation des mines, les dossiers chauds du successeur d'Anne Lauvergeon.
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Finalement, Anne Lauvergeon est peut être partie au bon moment. La fondatrice d'Areva laisse à son successeur, qui prend les commandes du groupe nucléaire ce jeudi, une entreprise financièrement fragilisée, à l'instant précis où le nucléaire civil mondial est pris de doute. De quoi nourrir les inquiétudes des salariés (voir ci-dessous) et ouvrir la porte à un rôle renforcé d'EDF.

Pour faire face à ce défi, Luc Oursel, ex-numéro deux d'Anne Lauvergeon, nommé le 16 juin dernier à la surprise générale par Nicolas Sarkozy, débute dans des conditions particulières. Il a du composer une équipe avec un comité exécutif qui a signé, la veille de sa nomination, une motion de défiance. "Sept des dix-neuf membres du Comex sont partants, dont trois ont été virés", affirme un cadre dirigeant. Le nouveau directoire doit être validé ce jeudi par le conseil de surveillance. Gérard Arbola, directeur financier proche d'Anne Lauvergeon, Didier Benedetti et Denis Hugelman sont notamment donnés partants. Philippe Knoche, ex-patron du chantier de l'EPR en Finlande, fait en revanche son entrée au directoire. D'aucuns affirment pourtant qu'il était en short list, avec Luc Oursel, parmi les candidats internes à la succession "d'Atomic Anne".

Luc Oursel va d'abord s'attaquer à la révision à la baisse des objectifs du groupe, après Fukushima. Promises aux marchés pour mi juin, celles élaborées par Anne Lauvergeon, qui ne tablait que sur un "retard de six à neuf mois des commandes de nouveaux réacteurs", vont être revues, certainement durcies. "Le budget 2011 faisait lui même preuve d'un optimisme certain en prévoyant deux commandes d'EPR, l'une en Inde, l'autre en Grande-Bretagne", affirme une source interne. Pourtant, EDF, maître d'oeuvre outre-Manche, avait fait savoir fin 2010 qu'il ne prendrait pas de décision d'investissement en Grande-Bretagne avant la fin 2011. Les "stress tests", en entraînant des modifications des centrales existantes, peuvent être sources d'activités pour Areva. Mais pour les équipes services, pas pour l'ingénierie ni les usines de composants. "Si on n'a pas de commandes en 2011, on va avoir un problème avec nos milliers d'ingénieurs", s'inquiète un délégué syndical.

Dossier urgent

L'autre dossier urgent touche aux mines. Exigée par l'Elysée, leur filialisation qui devait être bouclée en juillet, est reportée à septembre ou octobre. Désireux de compléter la récente recapitalisation insuffisante d'Areva, l'Etat se prépare à une ouverture de leur capital pour début 2012. EDF et le fonds souverain du Qatar ont déjà exprimé leur intérêt. Décrié par les syndicats soucieux de préserver le modèle intégré d'Areva, ce projet suscite également des doutes sur sa validité économique. "Les mines d'uranium d'Areva ne sont pas au bord de créer de la valeur", juge un analyste en soulignant les provisions déjà passées (426 millions d'euros en 2010) mais surtout les doutes quant aux volumes d'uranium réels des mines Uramin, figurant discrètement dans le dernier document de référence (p 35).

"L'Etat sera-t-il tenté de profiter du départ d'Anne Lauvergeon pour vendre les énergies renouvelables ?", s'interroge par ailleurs un syndicaliste, alerté par une rumeur prêtant à Alstom un appétit pour les turbines éoliennes "offshore" d'Areva. Reste que le groupe nucléaire, qui a consommé 5,5 milliards d'euros de cash depuis 2007, et ne prévoyait pas un retour à la génération de cash avant 2012, devra certainement repousser encore cette perspective. Malgré un fort désendettement en 2010, réalisé à coups de cessions, la dette d'Areva représente encore 5 fois son excédent brut d'exploitation. La question d'une recapitalisation risque de se reposer avec insistance. Avec EDF toujours dans les parages.

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Commentaires 4
à écrit le 03/07/2011 à 20:35
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seul metier d'avenir le dementellement , le reste c'est le passé cette industrie c'est un gouffre financier sans fond que devront payer les contribuables pendant 10 000 ans .

à écrit le 02/07/2011 à 19:43
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pauvres employés d'Areva avec un management aussi déplorable !

à écrit le 02/07/2011 à 9:35
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Le pire c'est que Mme veut partir avec 2 millions d'euros pour service rendu... Service rendu ? 483 millions de pertes l'année dernière, un cash flow négatif, des provisions exorbitantes tous les ans, des retards colossaux sur tous les projets, des m...

à écrit le 01/07/2011 à 20:32
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Les pôvres employés d'Areva ils ne sont pas au bout de leurs surprises!

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