Pétrole : trois milliardaires russes défient le pétrolier public Rosneft

La part de 50 % vendue par le BP dans le troisième producteur russe de pétrole TNK-BP est convoitée par Rosneft, mais aussi par les actionnaires russes du pétrolier russo-britannique.
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Gonflés les trois milliardaires Mikhaïl Fridman, Lev Blavatnik et Viktor Vekselberg qui veulent porter leur participation à 100 % dans le pétrolier TNK-BP en dépit des risques que présente une confrontation avec le groupe Rosneft, réputé être très proche de Vladimir Poutine et qui a annoncé la semaine dernière son intention d?acheter les 50 % de BP. Regroupés dans le consortium AAR (sigle de leurs holdings respectifs Alfa Group, Access Industries et Renova), ils ont déjà entamé des négociations aussi bien avec le vendeur, le britannique BP, qu?avec des banques.

Ils vont trouver face à eux le puissant patron de Rosneft, Igor Setchine, un partisan déclaré du renforcement de l?Etat russe dans la sphère énergétique. Le PDG du groupe public est d'ailleurs une personnalité crainte dans les milieux pétroliers. Car il est à la fois le bras droit du président Vladimir Poutine dans l?énergie et il est considéré comme le cerveau du démantèlement de Ioukos, le groupe pétrolier de Mikhaïl Khodorkovski, qui croupit dans une prison en Sibérie depuis 2004. AAR a déjà vexé Igor Setchine l?année dernière en torpillant son projet d?alliance entre Rosneft et BP pour l?exploration conjointe de la zone Arctique. AAR a fait valoir que TNK-BP avait priorité sur BP dans cette alliance.

 

BP veut changer de partenaire

Pour sa part, BP n?a pas l?intention de quitter la Russie. En sortant de TNK-BP, le pétrolier britannique veut avant tout changer de partenaire local, et non pas quitter la Russie. BP et AAR croisent le fer depuis plusieurs années au sein de TNK-BP, un actif très rentable (il fournit près d?un tiers de la production globale de BP), mais dont l?avenir est incertain. Comme la plupart des groupes pétroliers privés russes, TNK-BP n?a pas accès aux gisements offshore russes, qui sont réservés aux grands groupes d?Etat (Gazprom et Rosneft), ce qui chagrinait BP. AAR désirait de son côté une expansion internationale de TNK-BP, que BP aurait bloquée, n?y voyant aucun intérêt. BP préfère clairement donc une alliance avec un Rosneft détenant la clé du pétrole russe et détenant déjà les premières réserves mondiales de pétrole.

 

Rosneft semble avoir un avantage sur AAR en terme de ressources financières. Les experts estiment la valeur du paquet d?actions de BP dans TNK-BP entre 25 et 30 milliards de dollars. Auparavant, Mikhaïl Fridman avait déjà fait une offre à BP pour 25 % de TNK-BP, qu?il estimait entre 7 et 10 milliards de dollars. Offre que BP n?a pas accepté. "AAR ne connaît pas de difficultés de financement", a pourtant expliqué à l?agence Interfax le PDG d?AAR, Stan Polovets. "Les membres du consortium [?] sont en mesure de trouver les moyens nécessaires. Dès que BP a annoncé son intention de vendre, nous avons reçu des propositions de crédits bancaires". Leur coactionnariat paritaire avec BP leur donne la possibilité de faire une offre d?ici à la mi-octobre. AAR peut aussi compter sur l?hostilité envers Igor Setchine d?une partie du gouvernement russe. Le vice-premier ministre en charge des questions énergétiques Arcady Dvorkovitch s?est prononcé contre l?acquisition de TNK-BP par Rosneft. Il n?est pas non plus exclu qu?un conflit artificiel entre AAR et Rosneft ait pour objet d?obliger BP à réduire la somme qu?il demande pour sa part...

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Commentaire 1
à écrit le 26/09/2012 à 16:25
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il reste de la place, en siberie?

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