Déchets radioactifs : les piscines saturent selon Greenpeace

Dans un rapport publié ce mercredi, l'ONG met en garde sur la "situation critique" du stockage des combustibles usés hautement radioactifs, et l'absence de solutions définitives.
Le rapport pointe en particulier du doigt la France, où l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a déjà souligné le risque de saturation des immenses piscines de La Hague où refroidissent les combustibles irradiés des centrales.

Greenpeace a alerté ce mercredi contre un risque de "saturation" mondiale des déchets nucléaires, mettant également en cause des projets d'enfouissement profond des déchets hautement radioactifs. Un rapport, commandé par la branche française de l'ONG à plusieurs experts, passe en revue les divers déchets produits par la "chaine" du combustible nucléaire, de l'extraction de l'uranium aux combustibles usés déchargés des réacteurs. Ce sont surtout ces derniers, "les plus dangereux", sur lesquels Greenpeace veut attirer l'attention.

250.000 tonnes de combustibles usés hautement radioactifs

Selon le rapport, il existe aujourd'hui "un stock mondial d'environ 250.000 tonnes de combustibles usés hautement radioactifs" répartis dans une quinzaine de pays. Et la majorité "reste entreposée dans des piscines de refroidissement sur les sites des réacteurs", note le rapport. Piscines de stockage qui selon un précédent rapport de l'ONG sont "vulnérables" aux attaques extérieures.

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Le rapport, qui passe au crible la gestion des déchets nucléaires dans sept pays (Belgique, France, Japon, Suède, Finlande, Grande Bretagne et États-Unis), pointe en particulier du doigt la France, où l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a déjà souligné le risque de saturation des immenses piscines de La Hague où refroidissent les combustibles irradiés des centrales. Mais le texte s'inquiète également du "danger potentiel" de l'"accumulation" dans les piscines des réacteurs américains, qui contiennent "trois à quatre fois plus de combustible nucléaire usé que ce qui était prévu par les concepts d'origine".

Le projet français Cigeo à Bure particulièrement dénoncé

Alors que les piscines se remplissent, "aucun pays au monde ne dispose d'une solution pour les déchets de haute activité", écrit Pete Roche, un des auteurs, consultant spécialisé en énergie et militant anti-nucléaire. Et "un nucléaire sans solution pour ses déchets c'est comme un avion sans piste d'atterrissage", a commenté Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire pour Greenpeace France.

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"Lʼindustrie nucléaire, avec le soutien des gouvernements à différents niveaux, maintient le choix du stockage géologique du combustible usé (...). Pourtant, nulle part dans le monde, un stockage souterrain viable, sûr et durable à long terme n'a été mis en place", ajoute le texte, estimant que même en Suède et en Finlande, où les initiatives sont les plus avancées, il reste de "grandes incertitudes". Le projet français d'enfouissement Cigeo à Bure, dans l'Est du pays, est particulièrement dénoncé.

Une "escalade" de coûts

"La vérité c'est que nous arrivons à une situation critique liée à la saturation des piscines de stockage. Pour autant, opter pour l'enfouissement profond serait une erreur grave car on ne pourrait pas revenir en arrière", a insisté Yannick Rousselet, qui plaide pour un entreposage à sec sécurisé en conteneurs en "subsurface".

Le rapport met également en avant l'"escalade" des coûts, notant qu'aucun pays ne dispose "d'estimation crédible de la totalité des coûts qui seront supportés pour gérer les déchets nucléaires pendant de nombreuses décennies, voire des siècles".

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(avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 30/01/2019 à 21:50
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Greenpeace dénonce un problème qu’il cherche à créer et entretenir, afin de mieux tuer la filière, plutôt que résoudre.

à écrit le 30/01/2019 à 21:16
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Pour une fois, je suis d’accord avec Greenpeace il faut stocker les déchets à la surface et dans des piscine plutôt qu’en sous sol.

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