Le président de Hitachi a prévenu jeudi qu'une nationalisation de son projet nucléaire au Royaume-Uni était la seule solution pour permettre à ce projet gelé de démarrer, a rapporté le groupe de presse Nikkei.
"La seule voie, c'est la nationalisation" par les autorités britanniques afin que le projet soit lancé, a expliqué Hiroaki Nakanishi, le président de Hitachi, devant des journalistes en marge du Forum économique mondial à Davos.
Le géant industriel japonais a annoncé le 17 janvier la suspension de son projet de construire deux réacteurs nucléaires à Anglesey, dans le nord du Pays de Galles. Cette centrale devait disposer d'une capacité de production de près de 3 gigawatts, assurant 6% des besoins actuels en électricité du pays.
Nouveau coup dur après l'abandon de Toshiba en novembre
Cette décision a marqué les esprits car le projet était ardemment désiré par les autorités britanniques dans le cadre de leur stratégie de renouvellement du parc nucléaire. À peine quelques mois auparavant, de surcroît, un autre industriel japonais, Toshiba, avait renoncé à construire une centrale nucléaire de 3,8 gigawatts en Cumbrie (nord-ouest de l'Angleterre).
M. Nakanishi a pourtant assuré que le gouvernement britannique avait montré "un grand soutien" au projet de Hitachi dans les ultimes discussions de ces derniers mois, que ce soit sur la répartition du capital de la centrale ou sur les financements possibles des travaux. Mais, d'après le Nikkei, Londres n'a pu se résoudre à aller jusqu'à nationaliser le projet, en raison de changements qui auraient été nécessaires sur le plan légal.
Hitachi, "un fournisseur, pas un opérateur"
Le président de Hitachi a aussi souligné que son groupe avait toujours envisagé sa participation au projet comme "un fournisseur, pas un opérateur de centrale", ce qui signifie que le géant japonais avait toujours dit avoir besoin d'un partenaire stratégique qu'il n'a pas trouvé.
Hitachi a enregistré une dépréciation d'actifs de 300 milliards de yens (2,4 milliards d'euros) après cette suspension.
Le nucléaire britannique en panne
Les ambitions de Hitachi et Toshiba sur une voie de garage, le nombre de projets nucléaires au Royaume-Uni s'est singulièrement réduit, alors que l'objectif de Londres était de maintenir à terme la part du nucléaire, qui représente aujourd'hui 20% de la production d'électricité du pays - les centrales mises en service à partir de la fin des années 1950 arrivant en fin de vie.
Le projet français de Hinckley Point soutenu par le chinois
La seule centrale nucléaire en cours de construction est celle de Hinkley Point C, dans le sud-ouest de l'Angleterre, avec le français EDF comme maître d'œuvre et le chinois CGN comme partenaire pour construire deux réacteurs de type EPR.
Mais on se souvient de la crise qui avait eu lieu en mars 2017, lorsque le directeur financier d'EDF, Thomas Piquemal, avait démissionné en raison d'un désaccord sur la faisabilité de ce projet controversé de construction d'une centrale nucléaire à Hinkley Point, en Angleterre. Le désaccord portait "sur la faisabilité à court terme" de ce projet gigantesque de 18 milliards de livres (23,2 milliards d'euros), pour lequel le géant français de l'électricité tarde à prendre une décision finale d'investissement, ultime étape pour sa concrétisation.
Deux autres projets sont à un stade moins avancé, celui de Sizewell dans le Suffolk (est) avec deux EPR prévus, porté par EDF et le chinois CGN, ainsi que celui de Bradwell dans l'Essex (sud-est), 100% chinois.
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