Les navires Pacific Heron et le Pacific Egret s'apprêtent à quitter le port de Cherbourg pour un long voyage de plus de deux mois, sans escale, pour rejoindre le Japon. Ces deux navires hors normes évoluent toujours à deux sur les mers pour se protéger mutuellement. Ils sont équipés de canons de marine et autres systèmes de protection dont certains ne sont pas visibles. Des unités armées de la police britannique assurent, à bord, la protection durant le voyage. Autant de spécificités qui tiennent directement à leur cargaison, très spéciale également : du combustible nucléaire Mox, fabriqué par le français Orano (ex-Areva)
Les cargaisons de Mox à destination du Japon sont arrivées dans la nuit de mardi à mercredi sur le port de Cherbourg (Manche). Ces substances, particulièrement radioactives, ont été transportées à bord de deux camions dans des emballages sécurisés, depuis l'usine Orano de La Hague, à 20 km de Cherbourg, jusqu'au port.
Des substances très radioactives
Cette cargaison de Mox à destination du Japon a été fabriquée à partir des combustibles irradiés dans les centrales japonaises. Pour cela, les électriciens japonais avaient, au préalable, expédié leurs combustibles usés en France pour recyclage.
Il s'agit du huitième transport de combustible Mox de France vers le Japon depuis les années 90. Ce combustible a été commandé par l'électricien japonais Kansai EPCO pour les réacteurs 3 et 4 de sa centrale nucléaire de Takahama, précise encore Orano.
« Dans un monde aujourd'hui extrêmement déstabilisé, en crise aussi bien avec la Russie qu'avec la Chine et Taïwan, transporter des matières aussi dangereuses d'un point de vue de la prolifération nucléaire est complètement irresponsable », avait estimé Yannick Rousselet de Greenpeace France, fin août lorsqu'Orano avait annoncé la préparation de la prochaine expédition de combustibles nucléaires Mox vers le Japon.
Un combustible issu du recyclage
De son côté, Orano assure que, « le plutonium contenu dans le Mox n'est pas le même que celui utilisé par les militaires ». Les pastilles qui composent les assemblages Mox contiennent, en moyenne, un mélange de 92% d'oxyde d'uranium et de 8 % d'oxyde de plutonium.
Ce combustible est fabriqué dans l'usine Melox d'Orano, basée à Marcoule dans le Gard. Il est produit à partir de plutonium, issu du retraitement de combustibles nucléaires ayant déjà été utilisés une fois dans les réacteurs des centrales.
Aujourd'hui, outre le Japon, les combustibles nucléaires Mox fabriqués par Orano sont envoyés aux Pays-Bas et se destinent également au marché français. Dans l'Hexagone, un tiers des réacteurs du parc nucléaire fonctionnent avec du combustible Mox. Ces réacteurs en consomment, chaque année, environ 100 tonnes.
Ces éléments doivent ensuite être entreposés en vue d'être retraités ultérieurement. Mais, pour l'heure, le recyclage à l'échelle industrielle des combustibles Mox usés n'est pas envisagé avant 2040. Entre-temps, les capacités d'entreposage pourraient arriver à saturation à l'horizon 2030.
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