Etranglé par les prix du gaz, Uniper demande l'aide de l'Etat allemand qui pourrait entrer au capital

Le premier acheteur de gaz russe d'Allemagne est l'une des entreprises d'envergure les plus durement touchées par la baisse des livraisons russes, se retrouvant sous une pression financière extrême. Berlin envisagerait même une entrée de l'Etat au capital du groupe privé. La participation publique pourrait s'élever à hauteur de 25%, selon la presse outre-Rhin.
Fortum et sa filiale Uniper ont environ 7.000 employés dans le pays, avec 12 centrales de production d'électricité et de chaleur, principalement alimentées au gaz.
Fortum et sa filiale Uniper ont environ 7.000 employés dans le pays, avec 12 centrales de production d'électricité et de chaleur, principalement alimentées au gaz. (Crédits : THILO SCHMUELGEN)

Il s'agit du deuxième appelle à l'aide en moins de deux semaines. Uniper, le plus gros importateur de gaz en Allemagne, et l'un des plus importants sur le marché européen, reçoit moins de gaz à revendre en provenance de Russie et, en plus, celui-ci lui coûte beaucoup plus cher. De quoi assombrir dangereusement l'avenir de cette entreprise allemande qui approvisionne le pays. Début juin, l'Allemagne dépendait encore à 35% du gaz russe pour ses importations, contre 55% avant la guerre en Ukraine.

Le fournisseur d'énergie, filiale du finlandais Fortum, souffre de la récente baisse de 60% des livraisons de gaz via Nord Stream vers l'Allemagne du groupe russe Gazprom, qui argue d'un problème technique. Il a donc à nouveau demandé vendredi une aide financière au gouvernement allemand en raison de l'impact de la guerre en Ukraine sur les approvisionnements en gaz russe.

Importance "systémique"

Uniper cherche à augmenter sa facilité de crédit auprès de la banque publique allemande KfW. En réponse, le ministre de l'Economie, Robert Habeck, a annoncé que le gouvernement travaillait activement à des mesures de stabilisation du groupe allemand.

Plus surprenant, dans la libérale Allemagne, le gouvernement envisagerait une entrée de l'Etat au capital du groupe, dans le cadre d'une aide qui pourrait atteindre 9 milliards d'euros, selon l'agence Bloomberg. Le quotidien économique Handelsblatt évoque une participation publique à hauteur de 25%, d'une valeur de trois à cinq milliards d'euros.

"Politiquement, une chose est claire: nous ne laisserons pas une entreprise d'importance systémique faire faillite et provoquer ainsi des turbulences sur le marché mondial de l'énergie", a ajouté le ministre dans un communiqué.

L'Allemagne a adopté jeudi et vendredi des modifications législatives offrant au gouvernement une série d'options pour aider les entreprises à traverser la crise énergétique actuelle.

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Explosion des prix pour les clients

Ces amendements permettent à Berlin d'autoriser la répercussion sur les clients d'une partie ou de la totalité de l'impact de la hausse des cours de l'énergie.

"Fortum a déjà soutenu Uniper de manière conséquente avec une facilité de crédit de 8 milliards d'euros comprenant à la fois un prêt d'actionnaire et des garanties de la société mère, qui est presque entièrement utilisée par Uniper", a déclaré la société finlandaise, actionnaire majoritaire d'Uniper.

Présent en Russie depuis plus de 60 ans, Fortum et sa filiale ont environ 7.000 employés dans le pays, avec 12 centrales de production d'électricité et de chaleur, principalement alimentées au gaz.

En Bourse, Uniper gagnait 2,85% vers 14h30.

Aussi, Berlin a lancé en avril un programme de prêts et garanties publiques de plus de 100 milliards d'euros, destiné à aider les entreprises souffrant des effets de la guerre en Ukraine.

La première entreprise à en bénéficier a été l'ex-filiale allemande de Gazprom, Gazprom Germania, qui va bénéficier d'une ligne de crédit de 9 à 10 milliards d'euros.

Cette société, menacée de faillite, mais essentielle pour l'approvisionnement de l'Allemagne, a été nationalisée par Berlin début avril, et rebaptisée "Securing Energy for Europe".

(Avec AFP et Reuters)

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Commentaire 1
à écrit le 08/07/2022 à 18:11
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