Exploitations minières : un groupe canadien réclame 4 milliards de dollars à la Roumanie

Gabriel Resources accuse la Roumanie d'avoir suspendu illégalement ses permis d'exploitations pour les mines d'or et d'argent de Rosia Montana. Le groupe réclame en réparation d'importants dommages et intérêts.
L'entrée d'une ancienne mine fermée, près du village de Rosia Montana, à 428 km au nord-ouest de Bucarest.

Depuis presque vingt ans, l'entreprise canadienne Gabriel Resources, spécialisée dans l'exploitation des matières premières cherche à développer à Rosia Montana, en Transylvanie, la plus grande mine d'or à ciel ouvert d'Europe. Le gouvernement roumain s'efforce pourtant de freiner l'aboutissement du projet de l'industriel canadien. Résultat, l'entreprise a décidé vendredi de porter plainte pour la deuxième fois auprès du Centre International pour le Règlement des Différends relatifs aux Investissements (CIRDI), le tribunal d'arbitrage de la Banque mondiale : elle demande pas moins de 4,4 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) en dommages et intérêts.

Un projet contesté

L'historique du projet minier de Rosia Montana remonte à 1997; la toute nouvelle compagnie Gabriel Resources (créée en 1995) décide alors de concentrer l'essentiel de son activité au développement du site minier de Transylvanie. Portée par des investisseurs importants, comme BSG Resources, ou Newmont Mining, deux géants de l'industrie des matières premières, l'entreprise obtient à la fin des années 1990 un premier permis des autorités roumaines.... Sans que le ministère de l'environnement confirme pourtant son accord. En effet, le groupe canadien prévoit la destruction de plusieurs villages et le déplacement de centaines de personnes, ainsi que le dynamitage des montagnes alentours et l'utilisation de 12.000 tonnes de cyanure pour extraire le précieux métal jaune.

En 2013, après de nombreuses années de négociations, les manifestations des habitants de la région et la mobilisation des associations protectrices de l'environnement ont raison du projet. La justice roumaine en profite alors pour annuler les différents permis obtenus jusqu'alors, et suite à ces interdictions, une première plainte est déposée par Gabriel Resources en 2015, sans succès.

Une mine d'or gigantesque

Pourtant, tout était réuni pour satisfaire les deux camps. Le groupe canadien comptait investir au total 2 milliards de dollars (1,7 milliards d'euros) dans une zone minière exceptionnelle, l'une des plus importantes d'Europe. La société voulait exploiter jusqu'à 300 tonnes d'or et 1.600 tonnes d'argent en seize ans. Dans le même temps, la création de 3.600 emplois nécessaires au bon fonctionnement de l'exploitation promettait un bel avenir économique pour la région, ainsi que plusieurs milliards de bénéfices pour l'économie du pays.

Mais le nouveau gouvernement socialiste du pays demandait à l'Unesco, dès son arrivée au pouvoir en janvier 2017, d'accorder le statut de patrimoine mondial à Rosia Montana - ce qui mettrait fin à toute possibilité d'exploiter la mine -, après avoir obtenu à la fin de l'année dernière l'inscription du paysage culturel minier local sur la liste indicative de l'organisation internationale. La compagnie, elle, affirme avoir toujours respecté à la lettre les différentes directives environnementales de Bruxelles. Elle ajoute dans son communiqué que l'issue de ce conflit ne devrait pas arriver avant 2020.

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Commentaire 1
à écrit le 05/07/2017 à 14:16
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Donc selon certains, 3600 emplois temporaires valent la destruction et l'empoisonnement sur plusieurs générations d'un région. Une fois les gisements épuisés, non seulement la région serait détruite mais les ouvriers seraient obligés de migrer, ne po...

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