Gazoduc Nord Stream 2 : les Etats-Unis s’en prennent directement aux entreprises européennes

Washington maintient la pression contre le projet de gazoduc germano-russe, Nord Stream 2, en menaçant de sanctions les entreprises allemandes impliquées.
Le projet de gazoduc entre la Russie et l'Allemagne suscite la colère des Etats-Unis
Le projet de gazoduc entre la Russie et l'Allemagne suscite la colère des Etats-Unis (Crédits : SERGEI KARPUKHIN)

Le porte-parole de l'ambassade américaine à Berlin  a indiqué dimanche à l'AFP que "La lettre rappelle à toutes les entreprises impliquées dans le secteur des gazoducs d'exportation de l'énergie russe qu'elles s'exposent à des sanctions américaines", une information révélée par le quotidien allemand Bild paru dimanche.

Ce risque de sanctions est prévu par la Loi sur les "sanctions pour lutter contre les adversaires de l'Amérique" (CAATSA), adoptée en 2017 et qui vise l'Iran, la Corée du Nord et la Russie.

Le porte-parole a précisé que cette missive n'avait pas "pour but d'être comprise comme une menace mais comme un message clair de la politique américaine". Il a également souligné que le seul "chantage" possible dans ce dossier serait de voir à l'avenir le Kremlin contrôler les livraisons gazières à l'Europe.

Le gazoduc qui attire ainsi les foudres de Washington est le projet Nord Stream 2 qui doit permettre de livrer directement du gaz russe à l'Allemagne et au reste de l'Europe en passant par la mer Baltique. Cela en contournant l'Ukraine, aujourd'hui principal point de passage.

Afin de multiplier par deux la capacité de gaz transportée, Nord Stream 2 a pour objectif de doubler Nord Stream 1,  dont le parcours traverse les eaux territoriales de cinq pays, Russie, Finlande, Suède, Danemark et Allemagne.

Uniper, Shell, Engie parmi les entreprises concernées

Le projet regroupe le géant russe Gazprom et plusieurs groupes énergétiques européens dont les allemands Wintershall et Uniper, le néerlando-britannique Shell, le français Engie et l'autrichien OMV.

Ce n'est pas la première fois que les Etats-Unis critiquent ce projet mais en menaçant directement de sanctions les entreprises concernées, ils franchissent in pas de plus dans leur opposition.

L'Allemagne, soutenue par la France et l'Autriche,  voit dans ce projet le moyen d'assurer un approvisionnement à la fois plus stable et moins cher.

L'Ukraine en revanche, en conflit avec Moscou au sujet de la Crimée et de la partie orientale de l'Ukraine, y voit un moyen pour la Russie de lui couper les vivres en matière  énergétique et d'accentuer la pression politique à son encontre.

Selon le porte-parole de l'ambassade américaine à Berlin, les Etats-Unis bénéficieraient du soutien de "vingt pays européens" et du Parlement européen. Ce dernier a en effet exprimé son opposition à Nord Stream 2 dans une résolution non contraignante.

Angela Merkel pour sa part affirme qu'une fois Nord Stream 2 entré en service, une partie du gaz russe devra continuer à transiter via l'Ukraine afin d'en préserver les intérêts.

"Les questions de politique énergétique européenne doivent être décidées en Europe, et pas aux Etats-Unis", avait déclaré jeudi le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas, toujours plus irrité des interventions américaines dans ce dossier, dans un contexte de dégradation continue des relations bilatérales avec Washington.

 (avec AFP)

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Commentaires 18
à écrit le 15/01/2019 à 17:32
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Les Allemands sont des commerçants et des exportateurs. Ils sont terrifiés à l'idée de se fâcher avec leurs clients, les USA, qui leur achètent massivement des voitures et autres équipements. Du coup il est probable qu'ils se soumettent une fois de ...

à écrit le 15/01/2019 à 2:18
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De moins en moins les USA jouent la libre concurrence et avec les décisions brusques et inattendues de Trump, il vaut mieux avoir 2 fournisseurs qu'un seul, surtout lorsqu'il y en a un qui est moins cher. On sait que dans le libre écange, une entrepr...

à écrit le 14/01/2019 à 13:52
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Cela serait très bien ; les américains ont justement besoin de vendre pétrole et gaz . Sûr que l'europe serait encore plus dépendante des usa (et pas seulement politiquement, militairement, sous domination du dollar et de la justice américaine )... ...

à écrit le 14/01/2019 à 11:29
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Il y a un moment où l'Europe va devoir se bouger et prendre des risques pour aller à la confrontation avec l'agité Trump et les entreprises concernées par les mences choisir entre l'Europe et les USA. Si vis pacem parabellum économique si besoin est.

à écrit le 14/01/2019 à 11:26
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avec l'aide de la Chine, un partenaire extrèmement fiable et une culture similaire, tous les Français qui y habitent n'ont plus envie de revenir, et puis nous avons bien plus de Franco-Chinois totalement insérés en France (et c'est très important pou...

à écrit le 14/01/2019 à 11:04
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Le Président Trump qui veut ne s'occuper que de l'enrichissement de son pays ferait bien de le faire. Les Occidentaux doivent s'habituer à se passer de l'oncle sam, ils feront un grand bon en avant, les Russes sont nos voisins, on vit avec ses vois...

à écrit le 14/01/2019 à 8:53
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L'histoire nous montre qu'un pays qui dispose d'une grande avance technologique sur les autres fini toujours par leur faire la guerre. C'est immuable et toutes les conditions sont aujourd'hui réunies pour que cela se reproduise.

à écrit le 13/01/2019 à 21:27
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"ils franchissent in pas de plus" un pas Trump n'aime plus Poutine ? Il devient illisible. Il vaut mieux un tuyau pour le gaz que faire voyager des méthaniers (-160°C) entre les USA et l'Europe à l'infini, même s'ils construisent des unités de liq...

à écrit le 13/01/2019 à 20:39
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Si l'Europe pouvez se fâcher diffinitivement avec la Russie et la Chine çe la sera dàns les interêt des USA .... Ne pas oublier que pour les americain , nous devons rester Dè bon vassaux .... Soumis et esclave de la politique de l'oncle Sam....

à écrit le 13/01/2019 à 19:54
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Les USA veulent surtout s'assurer des débouchés pour leur gaz de schiste, qui risque d'avoir un coût d'extraction et de transport supérieur au gaz russe ... Personne n'a intérêt à dépendre d'un seul fournisseur pour son approvisionnement énergétique...

à écrit le 13/01/2019 à 18:40
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"L'Allemagne, soutenue par la France et l'Autriche" Avec des alliés comme ça ils sont tranquilles ! Les allemands feraient mieux d'arrêter ce projet, les américains n'ont déjà semble t'il pas besoin de nouvelle raison pour leur faire mal, s'i...

à écrit le 13/01/2019 à 15:28
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Oui, enfin faut être malin : il suffit de créer l'entreprise pour la construction et de la faire disparaitre ensuite.... transfert de responsabilité de l’entretien à la russie et à l'allemagne, etc. etc. rien de compliqué pour contourner les "menaces...

à écrit le 13/01/2019 à 15:11
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Les allemands , contrairement aux français étaient réticents à frapper les USA dans le cadre de la guerre commerciale sous prétexte qu'ils avaient plus à perdre que les autres. On voit le résultat, logique, les USA savent qu'ils peuvent taper sur l...

à écrit le 13/01/2019 à 15:09
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les europeens devraient aussi menacer toutes les entreprises americaines qui ne respectent pas les ultimatums qu'on peut creer aussi

à écrit le 13/01/2019 à 14:06
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Le diktat américain. L’Amérique est elle encore un pays ami ?

le 13/01/2019 à 16:50
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les nations n'ont pas d'amis , elles n'ont que des intérêts

le 13/01/2019 à 21:29
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Dans le business y a pas d'amis, ça n'existe pas. Y a que les affaires.

à écrit le 13/01/2019 à 13:34
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Ceux qui prendront les sanctions contre less sociétés européennes, ce sont les juges américains, et non les politiques, évidemment compte tenu des sanctions décidées par les politiques à l'égard de la Russie.

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