
La startup PowerUp, qui optimise la durée de vie des batteries, a officialisé cette semaine une levée de fonds de 5 millions d'euros. Si cette augmentation de capital peut paraître anecdotique, elle est en réalité significative puisque la jeune pousse accueille désormais EDF dans son capital, via son fonds de capital-risque EDF Pulse croissance, aux côtés de business angels et du fonds Supernova, spécialisé dans les technologies de rupture.
PowerUp fait en effet partie des deeptech, ces startups issues du monde de la recherche. Elle est une spin-off du CEA-Liten et son activité repose sur dix années de R&D. Sa technologie multibrevetée, baptisée MAP (pour mesurer, agir, prédire), permet de mieux comprendre l'état de santé des batteries afin d'y appliquer un régime de recharge adapté qui permet d'allonger significativement leur durée de vie, voire de la doubler dans certains cas.
Stocker pour stabiliser le réseau
Si EDF s'intéresse à cette jeune pousse, c'est qu'elle constitue une brique précieuse pour optimiser ses activités de stockage d'énergie sur batterie. Le stockage devient indispensable pour assurer la stabilité du réseau électrique avec une pénétration de plus en plus importante des énergies renouvelables. Sur le réseau, la production d'électricité doit toujours être égale à la consommation. Cet équilibre est plus complexe à obtenir avec les énergies renouvelables, par nature intermittentes.
Les batteries permettent alors de stocker l'énergie lorsque la production est très abondante, lorsqu'il y a beaucoup de vent par exemple, et de la réinjecter dans le réseau lorsque cela est nécessaire : à la tombée de la nuit par exemple, lorsque la production photovoltaïque chute drastiquement alors que les besoins en électricité sont importants.
"Plus il y a d'énergies renouvelables sur le réseau, plus le besoin de compenser cette intermittence avec des batteries est important. Le stockage est un mécanisme d'ajustement. Il permet d'apporter de la flexibilité pour assurer en permanence l'équilibre production-consommation sur le réseau", résume Michel Vanhaesbroucke, directeur d'EDF Pulse Croissance.
Améliorer la rentabilité des projets de stockage
En 2018, EDF a ainsi lancé un plan de stockage ambitieux. "L'objectif est d'atteindre 10 gigawatts (GW), soit la puissance de dix centrales nucléaires, d'ici à 2035", précise Michel Vanhaesbroucke.
Or, pour améliorer la sécurité technique et la rentabilité de ses projets de stockage, l'énergéticien cherche à mieux maîtriser deux maillons de la chaîne technologique : le diagnostic d'abord, et un pilotage très fin de la gestion de la batterie ensuite. Deux aspects sur lesquels s'est spécialisée PowerUp.
"PowerUp faisait partie des deux ou trois meilleures startups que nous avons identifiées dans le cadre de notre revue mondiale", souligne Michel Vanhaesbroucke.
Dans le détail, les algorithmes maison de PowerUp permettent de piloter le courant de charge de la batterie en fonction de son état de santé, de la température extérieure et du génome de la batterie. Si la startup se concentre sur le régime de charge, c'est parce que cette procédure est la principale source d'endommagement de la batterie. PowerUp est aussi en mesure de prédire la fin de vie de la batterie pour qu'elle soit remplacée au bon moment. Grâce à cette expertise, EDF espère ainsi trouver le bon compromis entre la performance optimale de la batterie et sa protection pour allonger sa durée de vie.
"Gaspillage phénoménal"
"Aujourd'hui il y a un gaspillage phénoménal sur les batteries par méconnaissance des stratégies de charge. On change les batteries comme si on changeait une cartouche d'encre", déplore Josselin Priour, cofondateur de PowerUp.
Née en 2017 près de Chambéry, PowerUp s'est initialement tournée vers deux types de clients : les fabricants qui intègrent des batteries dans leur système, notamment dans le domaine médical, et les exploitants dont les flottes d'appareils embarquent un nombre conséquent de batteries. Tous ont des exigences en termes de fiabilité opérationnelle et de retour sur investissement.
Avec l'investissement d'EDF à hauteur de 2,5 millions d'euros, qui se couple d'un partenariat de R&D contractualisé, PowerUp accède donc à un nouveau marché bien plus vaste : le stockage d'énergies renouvelables.
Partenariat de R&D
"La technologie de PowerUp est déjà disponible sur des batteries de taille relativement modeste, notamment sur des batteries de secours, utilisées dans les data centers ou les hôpitaux en complément de l'alimentation du réseau. Le but de notre partenariat est d'adapter la technologie de PowerUp à des stockages de très grandes capacités", explique Michel Vanhaesbroucke.
En parallèle, la jeune pousse prévoit d'industrialiser sa solution adressée aux autres marchés et entend se développer à l'international, notamment en Allemagne et aux États-Unis, dès l'année prochaine. La taille de ses effectifs devrait tripler dans les deux années à venir pour atteindre 45 personnes.
Sujets les + commentés